Tunisie – France : La symbolique de la restitution des clefs de la ville de Sfax (Album Photos)
Le secret a été jalousement gardé jusqu’à la dernière minute. Reçu jeudi au palais de Carthage par le président Béji Caïd Essebsi, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’était pas venu les mains vides. Dans un geste symbolique, il lui a remis un présent significatif : la réplique des clefs de la Ville de Sfax.
L’idée de ce cadeau, nous la devons à deux amoureux de la ville, un Tunisien et un Français, particulièrement attachés à l’amitié entre les deux pays. Le Tunisien, c’est Raouf Ellouze qui nous en raconte l’histoire. A la faveur de la visite de l’ambassadeur de France, Olivier Poivre d’Arvor, il y a quelques mois, il avait évoqué avec lui la vaillante résistance de la ville, en juillet 1881, face à la flotte de la Marine française. Au cours de la conversation, il avait mentionné que les clés de la Ville avaient été prises en butin de guerre et devaient figurer probablement au Musée de la Marine à Paris. Raouf Ellouze a souligné l’importance de la restitution de ces clefs ou d’une moins d’une replique.
L’histoire n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Pour avoir été lui-même président du conseil d’administration du Musée de la Marine (2014 – 2016, nommé, d’ailleurs, par Jean-Yves Le Drian), l’ambassadeur Poivre d’Arvor se mettra sur la piste. Bien reçu, le message était bien transmis. Nous en connaissons aujourd’hui l’heureuse issue.
Evidemment, ce n’était pas facile à réussir, avec toutes les démarches nécessaires à effectuer par le cabinet du ministre, les autorisations à obtenir et la confection de la réplique à suivre de près. Jean-Yves Le Drian ne cachait pas sa satisfaction en parvenant à remettre le présent au président Caïd Essebsi. Il n’était pas le seul : l’ambassadeur Poivre d’Arvor partageait avec lui ce « moment de bonheur ».
Sensibles à ce geste, les Sfaxiens sont à présents impatients de voir le chef de l’Etat procéder à son tour à la remise de ces clefs à la Ville. Espérant sans doute une visite présidentielle à la région.
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Selon la mémoire familiale, mon arrière-grand-père Mohamed, artisan étameur et canonnier (tobji) en temps de guerre, avait en charge la clé de bab-jebli, l'une des deux portes historiques de la ville de Sfax, la seconde étant bab-diwan. (En guise de repère, je suis âgé de 72 ans).
N.B. : En raison d'un doute sur la bonne transmission du commentaire ci-dessous, envoyé vers 11h00, je vous le renvoie de nouveau. Cette cérémonie de remise des clefs constitue pour la Tunisie, et pour les Sfaxiens plus précisément, un moment particulier à forte signification historique et symbolique. Le sens de l'événement s'est trouvé fortement rehaussé par la solennité qui lui a été accordée lors de la remise de ces reliques de l'Histoire de Sfax par le ministre de la défense français au président de la république tunisienne en personne. Qu'il ne s'agisse que de répliques, qu'à cela ne tienne! Un jour, très proche je l'espère, les originaux de ces clefs seront restitués à leur ayant droit premier, la ville de Sfax. Autrement, nul ne tolérera plus longtemps la poursuite d'un tel oubli, ni la Tunisie, ni la France, ni à plus forte raison les Sfaxiens. La copie n'égale jamais l'original. En la circonstance, les originaux de ces clefs constituent le témoin principal et impérissable du refus de Sfax du traité du Bardo de 1881, du combat héroïque des habitants de la région contre l'armée de l'envahisseur français, et du martyr des 900 victimes tuées au combat ou exécutées sur la place de la Kasba par la puissance coloniale. Les clefs originaux ont symbolisées la reddition de la ville et son occupation par l'envahisseur, leur restitution à Sfax représentera le vrai et définitif transfert de propriété.
