La Tunisie est-elle bien comprise ? Chatham House, le think tank british lance le débat

Londres - Correspondance spéciale - Regain d’intérêt des Anglais pour la Tunisie qui cherchent à mieux la connaître. Les dirigeants multiplient les contacts et les analystes s’y mettent. Lundi dernier fut une journée très tunisienne à Londres, dans un prestigieux think tank et à la Chambre des Lords. Récit.

Les rencontres-débat de Chatham House à St-Jame’s Square au cœur de Londres, le think tank très sélect, sont fort prisées. D’abord par la pertinence des thèmes, mais aussi la qualité des intervenants et surtout l’indépendance des opinions exprimées, en toute liberté. Session spéciale, cette semaine, consacrée à la Tunisie (juste avant la Turquie). L’interrogation lancée par le Dr Claire Spencer, Chef du programme Afrique du Nord et Moyen Orient, suffit pour susciter l’intérêt : La Tunisie est-elle bien comprise? Pour y répondre, M. Oussama Romdhani, ministre de la Communication était invité à livrer une introduction préliminaire, avant de céder la parole aux interventions des membres et aux conclusions finales.

Né de l’Institut Royal des affaires internationales, fondé en 1920, sur le modèle de la Round table et de la Fabian Society victoriennes, il est le jumeau britannique du Conseil des relations étrangères qui réunit la fine fleure de la politique à Washington. Il réunit sans tapage médiatique, de nombreuses personnalités des milieux financiers, politiques, industriels, syndicaux, intellectuels et universitaires au Royaume Uni ainsi que des invités de toute la planète.

D’emblée, Chatham House dresse le décor, avec la courtoisie très british, mais sans occulter les grandes questions : « le degré de prospérité, de progrès et de stabilité atteint par la Tunisie, malgré ses ressources naturelles limitées, est impressionnant à tous les standards. Les réalisations accomplies par le pays sont largement appréciées dans la région et à l’international. Certains analystes s’attardent, cependant, sur certaines questions relatives au processus politique et à la situation des médias. L’orateur aura à plaider probablement le manque de visibilité et connaissances des défis auxquels la Tunisie fait face dans la poursuite de son œuvre de modernité et de modération. Il aura aussi à dire qu’il est important de regarder la Tunisie dans ses propres termes et en connaissance de l’interaction des aspects politiques, sociaux, économiques et culturels du pays. »

Pendant une heure, ce lundi en fin d’après-midi à Londres, M. Oussama Romdhani, devait alors convaincre son auditoire fourni et attentif. L’Agence TAP nous en fournit les détails. « Le ministre a souligné que la Tunisie a adopté, depuis l'avènement du Changement, des choix politiques fondés sur une corrélation étroite entre les dimensions économique, sociale et politique du développement. Il a relevé que les événements ont prouvé la pertinence des choix politiques initiés par la Tunisie, dans la mesure où ils ont permis de jeter les fondements solides d'un développement intégral et d'une société équilibrée, pluraliste et démocratique.

Le ministre a ajouté que la Tunisie du Changement, sous la conduite du Président Zine El Abidine Ben Ali, a axé ses efforts sur la valorisation des ressources humaines, véritable richesse du pays, à travers, le développement continu du système éducatif, la création des postes d'emploi et l'élargissement de la participation de la femme et des jeunes au processus de développement et à la gestion de la chose publique.

M. Oussama Romdhani a passé en revue les indicateurs de développement enregistrés dans les différents secteurs par la Tunisie, illustrant la pertinence de son approche et le succès de ses politiques.

En témoignent, la réalisation d'un taux de croissance qui avoisinait les 5%, au cours des deux précédentes décennies, en dépit d'une conjoncture mondiale difficile, l'élargissement de la classe moyenne qui englobe 80% de la base des tunisiens, l'accroissement du nombre des citoyens propriétaires de leurs logements à hauteur de 80% et l'augmentation à 99% du taux d'électrification et d'adduction en eau potable.

Le ministre a fait remarquer que les politiques économiques et financières judicieuses adoptées par la Tunisie ont permis de consolider les attributs de la paix et de la stabilité sociale et politique, malgré l'acuité des incidences des crises économique et financière mondiales.

M. Romdhani a affirmé que la Tunisie du Changement poursuivra, avec aptitude et sérénité, son pari engagé sur l'investissement dans les ressources humaines, à travers l'amélioration de la qualité de l'enseignement, la création de nouveaux postes d'emploi et l'encouragement de l'investissement dans les activités à haut contenu cognitif et technologique.

Le ministre a ajouté que la Tunisie a procédé à la mise en place d'un Plan de Développement aux contours clairs pour la prochaine étape, sur la base de l'instauration d'une structure évoluée de l'économie nationale fondée, notamment, sur l'amélioration de sa performance et de sa compétitivité, le renforcement de son intégration dans l'espace mondial et le développement des secteurs du savoir et à haut contenu technologique.

Sur un autre plan, M. Oussama Romdhani a analysé dans sa conférence, les attributs de l'identité tunisienne. Il a souligné que le projet sociétal du Changement allie authenticité arabo-musulmane et ouverture sur la modernité, relevant que la société tunisienne prône une lecture éclairée et modérée des préceptes de la sublime religion islamique.
Il a relevé que la société tunisienne se caractérise par un profond attachement à la patrie et par une loyauté sans faille à la Tunisie et à elle seule.
Les Tunisiens, a-t-il précisé, se sentent, aujourd'hui, comme Tunisiens avant tout, et ne trouvent aucune contradiction entre l'appartenance au monde arabo-musulman et l'ouverture sur la civilisation et la culture de l'époque, notamment, celles de l'espace euroméditerranéen.
Il a, dans ce cadre, mis en relief la place privilégiée qu'occupe la femme dans le projet sociétal de la Tunisie du Changement, à la faveur des initiatives et des réformes successives qui l'ont habilité à jouer un rôle de premier plan dans la société.

Le ministre a, d'autre part, évoqué la dynamique que connaît la société civile en Tunisie, relevant la volonté présidentielle d'améliorer la performance du tissu associatif à l'effet d'appuyer les efforts consentis par l'Etat dans le domaine du développement.
Il a indiqué que la dynamique de la société civile tunisienne est une réalité vécue qui s'illustre, de manière patente, à travers l'augmentation à plus de 9000 du nombre des associations qui exercent leurs activités dans un cadre de liberté et d'indépendance, dans tous les secteurs afférents à la vie publique.

Le ministre de la communication a souligné que le processus démocratique pluraliste dans lequel s'est engagé la Tunisie depuis le Changement est un choix irréversible qui n'a cessé de se consolider et de s'enraciner durant les deux dernières décennies.
Les partis politiques, a-t-il précisé, opèrent en Tunisie en toute liberté et éditent régulièrement leurs journaux dans lesquels ils expriment leurs positions et opinions.

Il a, dans ce sens, rappelé les réformes juridiques et politiques initiées par le Président Ben Ali, qui ont permis de renforcer le processus pluraliste démocratique à travers l'élargissement du champ de représentation des partis politiques à la Chambre des députés, en portant à 25% la part des sièges réservés à l'opposition.

Il a souligné que le paysage pluraliste tunisien enregistre une participation croissante de la jeunesse et de la femme. Le taux de présence des femmes dans les conseils municipaux a été porté à 33,6% lors des élections de mai 2010, précisant que le programme présidentiel "Ensemble relevons les défis" pour le mandat 2009-2014 vise à élever à 35% le taux de présence de la femme aux postes de décision.

Le ministre de la communication a évoqué, dans son intervention, l'approche tunisienne en matière de droits de l'homme, qui, a-t-il dit, garantit, dans le texte et la pratique, les droits civils et politiques du citoyen, dans le cadre d'une démarche accordant une importance capitale à la consécration des valeurs et principes humains, à travers, notamment, l'élaboration de programmes éducatifs qui enracinent la culture des droits de l'homme et de la citoyenneté chez les jeunes. Cette orientation visant à initier les jeunes à l'exercice de la citoyenneté, a-t-il indiqué, s'est également illustrée par la création du parlement des jeunes, qui sera ouvert le 25 juillet courant.

M. Romdhani a, d'autre part, souligné que la liberté d'expression et la liberté de la presse sont une réalité palpable en Tunisie, qui ne cesse de se consolider à la faveur des nombreuses initiatives et réformes présidentielles avant-gardistes, à l'instar de la décision d'abroger le dépôt légal des publications, dont les journaux, et qui marque, de nouveau, l'absence de tout obstacle à la création et à la liberté d'expression.

Le rôle croissant du secteur audiovisuel privé et la multiplication des titres de la presse écrite indépendante témoignent également de la consécration de la liberté d'opinion et d'expression dans le pays, a-t-il fait remarquer.

Le ministre a affirmé que la Tunisie du Changement tout en interagissant positivement avec les mutations que connaît le monde d'aujourd'hui, est parfaitement consciente des défis auxquels fait face le secteur de l'information et de la communication.
Il a rappelé, à ce sujet, les décisions du Chef de l'Etat d'établir un dialogue entre les membres du gouvernement et les citoyens, de fournir des informations claires et exactes aux médias et d'organiser des débats ouverts retransmis par la télévision et la radio nationales.

M. Oussama Romdhani a souligné que le défi de la communication vers l'extérieur consiste essentiellement à oeuvrer davantage en vue de transmettre une image claire et précise de la réalité du pays et des acquis et réalisations accomplis en faveur de l'ensemble des tunisiens, réalisations qui ont permis d'édifier une société équilibrée, développée, moderne et démocratique.

Il s'agit également, a-t-il indiqué, de mieux faire connaître l'héritage historique et civilisationnel du pays et ses contributions exceptionnelles dans la consécration de la paix, de la sécurité, de la tolérance et de la solidarité dans le monde.

En réponse aux questions des participants sur l'attachement des tunisiens au Président Zine El Abidine Ben Ali, le ministre a souligné que la légitimité dont bénéficie le Chef de l'Etat et la grande cohésion populaire autour de sa personne s'expliquent par une conscience profonde et une reconnaissance de son rôle dans le salut du pays des dangers qui le menaçaient. Cet attachement, a-t-il ajouté, s'explique également par la pertinence des approches politiques et de développement adoptés dans le pays, qui ont généré croissance économique et progrès social au profit de l'ensemble des citoyens, et jeté les fondements d'une société équilibrée, solidaire et démocratique. »

Un dîner-débat dans la Chambre des Lords

En marge de sa visite à Londres, l’agence TAP indique que M. Oussama Romdhani a été convié à un dîner-débat dans la Chambre des Lords, auquel ont notamment participé le Lord Tom McNally, ministre d'Etat britannique à la justice, M. Alistair Burt, Secrétaire d'Etat britannique aux affaires étrangères chargé du Moyen Orient et de l'Asie du Sud ainsi que plusieurs membres de la Chambre des Lords et de la Chambre des communes.

Le ministre de la communication a mis en exergue, à cette occasion, les acquis et réalisations avant-gardistes accomplis par la Tunisie du Changement dans tous les domaines.  Ces réalisations, a-t-il noté, sont le résultat logique de l'approche éclairée et des politiques judicieuses du Président Ben Ali, attachées aux valeurs de modération, de solidarité, de paix et d'ouverture, lesquels choix, a-t-il indiqué, offrent à la Tunisie de plus larges perspectives de coopération fructueuse avec tous les pays amis, dont notamment la Grande Bretagne.

Lord McNally et M. Burt ont salué, pour leur part, les progrès et réalisations accomplis en Tunisie, réaffirmant la disposition du gouvernement Britannique à oeuvrer en vue de développer et de renforcer les relations de coopération et d'amitié entre les deux pays. »