La Tunisie organise les 24 et 25 avril le Forum Économique Africain. Elle entend ainsi renouer solennellement avec son africanité.
La Tunisie a longtemps été africaine. Dès le lendemain de sa propre indépendance, elle a œuvré à favoriser et à accompagner les indépendances africaines. Elle s’est engagée dans la force onusienne de maintien de la paix au Congo Brazzaville. Le Président Bourguiba avait établi des relations solides avec ses homologues, premiers présidents africains: Félix Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor, Ahmadou Ahidjo, Sékou Touré... Malgré ses moyens humains et matériels limités, la Tunisie s’était engagée à accompagner la construction des États indépendants et à aider à la mise en place de leurs administrations, que ce soit en multipliant les missions d’assistance technique, l’accueil des étudiants africains ou encore la constitution de sociétés mixtes, y compris des banques dans de multiples pays d’Afrique subsaharienne.
L’objectif recherché à travers l’organisation de ce forum est de réunir et de faire se rencontrer dans un même lieu et au même moment, des acteurs économiques tunisiens et africains, publics et privés, opérateurs et institutionnels, industriels et financiers pour échanger, mieux se connaître, partager leurs expériences et identifier les opportunités de partenariats et d’échanges.
L’Afrique est un continent en émergence. Longtemps resté en marge du développement, il affiche depuis plusieurs années des taux de croissance enviables. C’est pour accompagner des opérateurs économiques de plus en plus nombreux à vouloir partir explorer les multiples opportunités que présente le continent que le Ministère du Commerce a organisé ce Forum. Il le fait à un moment où la Tunisie vient d’adhérer à la COMESA, où elle engage des discussions avec la CEDEAO, où elle vient de parapher la grande zone de libre échange africaine à la dernière réunion de l’OUA à Kigali. Il le fait également à un moment où Tunisair multiplie les dessertes de villes africaines, où la CTN met en place une ligne maritime entre la Tunisie et plusieurs ports de l’Afrique occidentale subsaharienne. Ce Forum est organisé aujourd’hui avec l’appui de la Banque Arabe pour le Développement Économique de l’Afrique et en étroite collaboration avec le secteur privé.
Un comité de pilotage a été mis en place regroupant des représentants des ministères concernés : Commerce et Affaires Étrangères, des représentants du CEPEX, de Tunisair, des organisations patronales nationales: UTICA, CONECT, des acteurs de la société civile engagés dans le soutien au secteur privé ou actifs en Afrique, à l’image du CEPEX, de l’IACE, de TABC et enfin des opérateurs privés présents sur le marché africain, représentant les secteurs de l’ingénierie, du conseil, de l’expertise comptable, du BTP, de la finance, de la santé, de l’éducation, des TIC, de l’agroalimentaire et du commerce.
En mettant en place ce partenariat public privé et en en confiant la direction et la coordination à un représentant du secteur privé, le Ministère du Commerce a exprimé sa ferme volonté de faire de ce Forum un lieu de rencontre d’opérateurs économiques et de facilitation de leurs affaires.
Le Forum bénéficie de l’appui des plus hautes autorités tunisiennes. Il est placé sous le haut patronage du Chef du Gouvernement. Il se déroule sur deux jours les 24 et 25 avril. Il se décline en deux parties: la première, sur une demie journée, sera institutionnelle. Elle donnera l’occasion aux autorités tunisiennes mais aussi aux représentants de plusieurs institutions africaines d’exposer leur vision et leur engagement pour favoriser la construction économique du continent, leurs stratégies pour y parvenir et les politiques publiques déployées pour en accélérer la mise en œuvre par les opérateurs économiques.
La suite du Forum sera consacrée aux débats et échanges entre opérateurs économiques et financiers, mais aussi institutionnels, autour de cinq thématiques essentielles.
Le choix des thèmes objets des cinq panels retenus l’a été en fonction des besoins du continent africain, des exigences encore insuffisamment satisfaites de sa jeunesse et de sa classe moyenne émergente mais aussi des capacités et de l’expertise tunisienne.
Cela va du secteur des infrastructures, à celui des technologies de l’information et de la communication, de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur, de la santé et de l’agroalimentaire.
Pour chacun de ces secteurs, la demande africaine est forte. Elle est appelée à être de plus en plus soutenue. L’offre tunisienne est de qualité. Elle est reconnue, adaptée et appréciée. Les opportunités de coopération sont multiples. Les financements sont disponibles et les triangulations souhaitées.
L’offre de la Tunisie se veut solidaire et partenariale.
La composition de chacun des panels est représentative des secteurs public et privé, de l’échange tuniso-africain. Des femmes, entrepreneurs et responsables y tiennent une place de choix. Des modérateurs de qualité animeront les débats au niveau de chaque panel. Ce sont des Tunisiens et des Africains, des hommes et des femmes de grande expérience.
Pas moins de 800 personnalités des mondes politique et économique sont attendues à ce Forum, représentant 38 pays africains. Des délégations de haut niveau sont confirmées.
L’assistance tunisienne devrait être forte et de qualité, s’agissant d’une opportunité unique pour les opérateurs nationaux de rencontrer des acteurs publics et privés de cette très large palette africaine.
La compagnie nationale Tunisair sera le transporteur officiel de l’événement.
Le Forum se tiendra à l’hôtel LAICO, présentant toutes les facilités, y compris la proximité de l’aéroport, le niveau de confort et d’installations techniques compatibles avec un événement international de ce niveau.
L’organisation du Forum aura bénéficié également du soutien de la coopération allemande, la GIZ finançant le recrutement de l’agence de communication.
De multiples sponsors tunisiens ont apporté leur soutien à l’organisation de ce forum sur le mode du partenariat public privé.
L’objectif est le même pour tous: faire prendre conscience à l’entreprise tunisienne des opportunités et potentialités du marché africain, mieux saisir les besoins des entreprises en termes de facilitations et d’accompagnement.
À chacun son rôle: à l’entreprise de prospecter, de tisser des partenariats, de gagner des marchés; aux pouvoirs publics de faire que la Tunisie adhère aux différentes zones de libre échange africaines, celles qui existent et celles en devenir, de négocier et de mettre en place des conventions de non double imposition, de faciliter le mouvement des acteurs économiques en levant les visas et en améliorant la logistique. C’est par cette démarche que la relation Tunisie Afrique est prometteuse et que le partenariat public privé est gagnant pour tous.
Radhi Meddeb
Commissaire général du Forum Économique Africain
