A la veille du Xème congrès d’Ennahdha qui débutera ce vendredi 20 mai, son leader Rached Ghannouchi a révélé à notre confrère Leaders Arabiya ce qu’il fallait attendre de ces assises et les différentes options qui seraient mises en débat. Répondant, en exclusivité aux questions de Hmida Enneifar et Abdelhafidh Harguem, il a également expliqué les mutations significatives au sein du parti et son ouverture aux compétences expérimentées, la philosophie et l’opérationnalité de la distinction entre le politique et le religieux, le rapprochement avec d’autres partis, « la nature de la collaboration possible » avec Nidaa Tounès aux prochaines municipales, les fondements du projet qu’il prône pour la réconciliation nationale et la confrontation avec les extrémistes de tous bords.
Prenant le temps de développer son analyse, il livrera sa lecture de la situation dans les pays arabes, à commencer par nos voisins immédiats l’Algérie et la Libye, mais aussi le Moyen-Orient, la Turquie, les pays du Golfe et l’Iran. Rached Ghannouchi n’a pas caché l’inquiétude que peut susciter selon lui l’Iran pour les pays du golfe et le prosélytisme chiite notamment en Tunisie.
Le chef d’Ennahdha a souligné que l’œuvre de réforme est essentielle, tant au sein du parti, à travers des mutations profondes, qu’au niveau de l’Etat pour rompre avec les boulets du passé et relancer le pays.
Pour ce qui est d’Ennahdha, il a indiqué que si le militantisme constitue l’un des fondements d’appréciation, c’est la compétence qui doit désormais primer au sein d’un parti qui aspire à gouverner, ce qui incite à s’ouvrir à tous ceux qui alignent qualification et expérience dans la gestion des affaires de l’Etat. Interrogé sur l’éventualité d’une alliance entre Ennahdha et Nidaa Tounès, à travers des listes communes lors des élections municipales du 26 mars, il a indiqué que son parti n’a pas encore arrêté sa stratégie, mais que d’habitude dans pareil scrutin, les grands partis y vont seuls, chacun de son côté, sans écarter « une coopération sur le terrain, dans telle ou telle circonscription ».
Ghannouchi revient sur la réconciliation nationale qu’il considère comme « indispensable, urgente et salutaire ». L’initiative qu’il compte partager avec ses partenaires politiques est en cours d’élaboration, d’un « point de vue global ». Elle tiendra compte de l’essence des différentes propositions avancées et s’appuiera sur des modalités opérationnelles effectives.
La grande menace qui inquiète aujourd’hui Rached Ghannouchi est cette redoutable confrontation qui oppose ceux qui prônent le rassemblement le plus large possible des forces vives, aux extrémistes de tous bords, notamment les takfiristes de Daech, qui refusent de reconnaître et d'accepter l’autre, s’adonnent à la violence et l’éradication. Le terrorisme n’est qu’un sinistre produit de cette pensée de l’exclusion et de l’extermination, affirme-t-il et il ne pourra être vaincu que par une forte mobilisation commune.
