Sélim Azzabi - Développement régional : un repositionnement central, stratégique
La crise a révélé l’ampleur des inégalités, l’obsolescence des politiques publiques de développement régional et l’aggravation de la fragilité des populations vulnérables. Comment comptez-vous vous y atteler ?
Vous avez raison de recentrer le débat sur le développement régional, la réduction des inégalités territoriales et l’aggravation des fragilités. En arrivant à la tête de ce département, cet enjeu majeur s’est imposé comme le plus grand défi. Pour l’affronter utilement, il faut faire preuve de créativité, d’audace et d’engagement. Le développement des régions est au cœur du développement du pays tout entier. C’est la clé de la prospérité, mais aussi de la cohésion sociale.
Notre outil a toujours été le Plan (de développement économique et social). D’arrache-pied, nos équipes travaillent la préparation du Plan 2021-2025. J’ai demandé à ce qu’il ne soit pas un plan de plus, «à l’ancienne», dans la continuité actualisée de ses précédents, mais plutôt une présentation d’une nouvelle vision stratégique que la Tunisie de demain exige.
L’après-Covid-19 reposera nécessairement sur une redéfinition des secteurs stratégiques, et une refonte de notre modèle économique. La souveraineté nationale aura un rôle prépondérant dans divers domaines. C’est le cas en matière d’énergie, de santé, d’agroalimentaire et également de sécurité. L’une des idées maîtresses est d’instaurer un minima social pour les populations les plus démunies. C’est un choix stratégique.
Plus encore, un réel changement de paradigmes est indispensable à opérer pour rompre avec une manière établie de penser et un «logiciel» qui ne sont désormais plus à jour. Nos partenaires du développement sont pleinement sensibilisés sur cet enjeu, qu’il soit via la mise à notre disposition d’un appui technique précieux pour renouveler notre approche de développement régional, ou encore pour diversifier nos projets de coopération internationale plus axée sur l’agriculture, l’eau et l’énergie.
Comment le Commissariat général au développement régional (Cgdr), les offices de développement, l’aménagement du territoire et les nouveaux pouvoirs locaux (conseils régionaux, etc.) seront-ils réarchitecturés en toute complémentarité et synergie ?
Vous touchez là au cœur de la problématique du développement régional. C’est de la vision stratégique renouvelée que doit tout découler. Les prérogatives et responsabilités de chacun, les objectifs et feuilles de route, tout cela doit s’accorder à la vision stratégique.
• Vous mentionnez les conseils régionaux, dans la perspective de la régionalisation. C’est un vaste chantier mené conjointement avec les ministères des Affaires locales et de l’Équipement. Qu’entend-on par région ? Quels pouvoirs ? Quels moyens ? Autant de questions ouvertes qui sont en train d’être discutées par le gouvernement avec l’appui de ses partenaires.
Le monde rural, fort de plus de 3 millions de Tunisiens, est à l’abandon, ballotté entre l’Agriculture, le MDICI et d’autres intervenants. Qui doit en être le chef de file et avec quelle feuille de route ?
L’approche globale du monde rural doit être repensée. Nous nous y employons. Le ministère de l’Agriculture s’occupe du développement et de la promotion de l’agriculture. Mais le monde rural ne peut se résumer à la production agricole. Nos régions rurales sont aussi le berceau de nombreuses entreprises (technologiques, pharmaceutiques ou autres), de savoir-faire ancestraux ou encore de trésors culturels et de chaînes de valeurs diversifiées qui dépassent largement le champ d’action du ministère de l’Agriculture.
C’est là où le travail interministériel s’avère essentiel, sinon vital. Ce n’est que grâce à l’action coordonnée des différents départements (Agriculture, mais aussi Commerce, Industrie, Santé, Éducation, et évidemment Tourisme et Culture) que nous pourrons répondre au défi du développement de ces régions. A mon sens, c’est le rôle même du MDICI que d’assurer la coordination entre les différents départements ministériels avec un engagement fort de l’ensemble du gouvernement symbolisé par un portage politique de ces enjeux de développement régional et de régionalisation au niveau de la présidence du gouvernement.
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La vision que Vous presentez Monsieur est un peu abstraite, il ya peu de details. c´est pourquoi je propose de ma part quelques remarques: Il faut connecter le syndicat ( il ya un seul syndicat est un avantage pour le pays),avec les entreprises actuelles et celles á construire dans les regions; c´est pour unifier la politique du monde du travail dans le pays.. Il faut savoir qu´il n´ya pas de meilleur model d´un pays á exporter dans d´autres pays. La france a esseyé avec le système de "flexsecurité du Danmark" mais l´a abandonné, ca ne marcherait pas avec la France. On sait qu´en france il ya trop d´inegalités. Mais vraiment je trouve maintenir le syndicat dans une activité permanente avec le partonnat c´est une bonne chose. Les sujets peuvent être " de definir la responsabilité de gerer et repartir les tâches de l´ouvrier, de même resourdre les questions des impôts, des salaires, de cette facon il y´aurait de la paix pour une cetaine periode. Une idée pour le projet de l´energie: je crois que ca rend le tunisien plus calme si on crée "une grande station d´energie solaire"dans le pays, c´est possible avec le prix du petrol actuel ( pas rentable pour tout le monde. On parle tellement d´un certain projet similaire avec la Grande Bretagne au sud de la Tunisie. Oú en est-on?