Mohamed-El Aziz Ben Achour - Un témoignage de la présence hafside à La Marsa: Le palais Al Abdalliya
Depuis quelques années, un monument de La Marsa est devenu synonyme d’activité artistique et de manifestations culturelles, c’est Al Abdalliya. Peu de gens savent, cependant, qu’il s’agit d’un monument dont la fondation remonte au XVIe siècle et qu’il constitue le seul témoignage d’architecture civile à usage d’habitation d’époque hafside qui soit parvenu jusqu’à nous. Son appellation est dérivée du nom du sultan qui en ordonna la construction : Abou Abdallah Mohamed(1494-1526),émir de la dynastie hafside qui régna sur l’actuelle Tunisie et une partie de la Tripolitaine et de l’ouest algérien du XIIIe au XVIe siècle.
J’ai eu l’honneur à la fin des années 1970, alors jeune chercheur à l’Institut national d’archéologie et d’art, d’étudier ce palais et de diriger le programme de restauration et d’affectation du monument
aux manifestations culturelles et artistiques.
C’est à cette occasion que, par exemple, fut mis au jour le bassin du patio et réhabilité le belvédère de la façade nord. Nommé ministre de la Culture en 2004, une de mes premières décisions fut d’annuler le projet qui consistait à faire de ce monument unique le siège d’une agence administrative relevant du ministère et de lui rendre sa vocation d’espace de rayonnement culturel. En 2011, la belle résistance des femmes et des hommes de culture et leur défense opiniâtre face à l’agression d’Al Abdalliya par une poignée de sinistres obscurantistes me donnèrent une preuve supplémentaire que les créateurs et les artistes tunisiens méritaient qu’on consacrât ce palais à l’art et à la culture. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me parait utile, d’évoquer à grandes enjambées l’histoire de La Marsa qui, avant sa métamorphose actuelle en agglomération urbaine, fut, pendant des siècles, l’écrin vert d’Al Abdalliya.
Le terme Marsa étant entendu généralement comme port, on a pensé que le toponyme arabe (al Marsâ) était une référence à un port antique. Léon-l’Africain, voyageur et auteur du XVIe siècle, écrit dans sa célèbre Description que le port de Carthage se trouvait sur le territoire de La Marsa. Ce n’est pas impossible car les recherches archéologiques menées par une équipe britannique lors de la campagne entreprise, dans les années 1970, sous l’égide de l’Unesco, ont abouti à la conclusion que si les ports de Carthage-Dermech (avec leurs deux bassins militaire et marchand) étaient bien puniques, leur création ne remonterait cependant qu’au IIIe siècle avant J.-C. Les installations portuaires devaient donc se trouver ailleurs. Un spécialiste des études carthaginoises, Jean Ferron, émet ainsi l’hypothèse qu’il y avait deux ports puniques anciens situés entre Gammarth et Amilcar. Il faut cependant éviter de réduire le terme arabe de Al Marsa au seul sens de port, car il signifie plus généralement l’endroit où les bateaux peuvent mouiller.Une rade ou une baie, en quelque sorte.
Quant à notre toponyme il n’apparaît ni à l’époque aghlabide (IXe siècle) ni à l’époque fatimide, un siècle plus tard, mais à l’époque ziride (Xe-XIIe siècles) puis hafside. Cette appellation fut alors employée sous la forme de Marsa Karthagena, Marsa Ibn Abdoun puis Marsa al Jarrah ( en référence à la ville antique et à deux saints personnages d’époque musulmane). A partir de cette époque, les conquérants arabes ayant privilégié l’essor de Tunis, les activités agricoles dominèrent pour des siècles le territoire de Carthage. Prépondérante et durable, la vocation rurale de la région s’accompagna d’un rôle spirituel grâce aux mystiques soufis dont certains étaient en même temps des soldats se consacrant à la prière et à la défense côtière : Sidi Abdelaziz, bien entendu, mais aussi d’autres saints personnages tels que Sidi Salah, Sidi Bouselsela et d’autres encore, que les Marsois vénèrent encore aujourd’hui.
A l’aube de l’époque moderne, une vocation nouvelle, appelée à un bel avenir, émerge : celle d’une villégiature d’été. C’est elle qui allait rapidement conférer à La Marsa le statut envié de résidence princière et aristocratique. La beauté du site, la brise marine qui, l’été venu, contrastait avec la chaleur étouffante de Tunis, la fraîcheur des jardins irrigués n’ont pu, avant cette période, laisser indifférents princes et hauts personnages. Seul le risque, pendant longtemps réel, d’une attaque maritime empêcha l’essor de la vocation de villégiature de La Marsa et de ses environs. A l’époque ziride, les Normands étaient maîtres du littoral de « Tripoli à Tunis » et, plus tard, en 1270, Saint Louis et ses croisés investissent, quoique sans succès durable, les côtes de Carthage. Au XVIe siècle, les choses évoluèrent au point que La Marsa accéda au rang de résidence de villégiature royale.
Le domaine édifié par l’émir prit le nom de Al Abdalliya en son honneur et servit à qualifier la localité dans son ensemble. Le toponyme La Marsa, qui nous est si familier aujourd’hui, ne s’imposa définitivement, en effet, que dans la seconde moitié du XIXe siècle.
La résidence du souverain hafside se composait de trois palais reliés entre eux par un vaste parc qui s’étendait de la zone des cultures irriguées d’Al Ahouèche jusqu’à la mer. La première Abdalliya se trouvait dans le secteur appelé Al Hafsî, dans la zone de l’actuelle gare du TGM, la seconde se situait à proximité du café du Saf-Saf. Quant à la troisième Abdalliya, ou Al Abdalliya al Kobra, elle est située à Marsa-Ville à proximité du vieux quartier d’Al Ahouèche. Cette résidence royale, la seule à être parvenue jusqu’à nous, connue aussi sous le nom de Saniet (verger) d’Al Abdalliya, était toutefois communément désignée par les Marsois par le nom de Borj Slassel, par allusion aux chaînes qui, à l’époque des beys husseïnites, fermaient l’accès au domaine.
L’importance historique de ce monument – mise en exergue par le cheikh Fadhel Ben Achour dans son étude sur le patrimoine hafside de La Marsa (1965) - est considérable car ce pavillon royal constitue l’unique témoignage d’architecture civile qui soit parvenu quasi intact jusqu’à nous. Son existence est d’autant plus précieuse que nous ne disposons guère d’information sur La Marsa de l’époque, hormis quelques rares descriptions comme celle de Léon L’Africain. Voici ce qu’il nous en dit : «Marsa. C’est une petite ville ancienne bâtie sur le bord de la mer. C’est là que se trouvait le port de Carthage [sic]. Elle fut ruinée jadis et le demeura longtemps. Elle est aujourd’hui [XVIe s.] habitée par des pêcheurs, des cultivateurs et des blanchisseurs de toile. Il existe près d’elle des palais royaux et des propriétés où le roi actuel a coutume de passer tout l’été.»
Les travaux de dégagement, de décapage et de restitution de certaines parties du monument que mon équipe avait entrepris m’avaient permis d’identifier les éléments d’époque hafside dans ce monument largement remanié à l’époque beylicale. Et tout d’abord le large emploi du pisé dans la construction des murs, parfois combiné à la brique et aux moellons, conformément à un usage habituel à l’époque en Ifriqya, comme nous l’apprend Ibn Khaldoun, en Espagne (à l’Alhambra, par exemple) et au Maghreb comme l’attestent les études de Georges Marçais, le spécialiste de l’architecture musulmane d’Occident. Autre tradition de l’architecture d’agrément d’influence andalouse : le patio surélevé et muni d’un grand bassin central. Ce dernier ayant été comblé à une époque tardive, son dégagement m’avait permis de confirmer sa vocation de bassin d’irrigation dont la présence au cœur du palais permettait de joindre l’utile à l’agréable, dans le style des résidences d’été de l’Espagne musulmane. Convenons toutefois que le bassin de la Abdalliya est une bien modeste évocation des vastes plans d’eau qui, dans les pavillons royaux de la haute époque hafside de Ras Tabia et d’Abou Fihr aujourd’hui disparus, servaient, comme en atteste le grand Ibn Khaldoun, à des divertissements nautiques pour les dames du harem. Au XXe siècle, ce qui subsistait du bassin d’Abou Fihr (près de l’Ariana) mesurait, selon M. Solignac,209X80,5m.
Autre élément caractéristique de l’art architectural d’agrément d’Al Andalus : la tour rectangulaire, composée en particulier d’un kiosque à colonne centrale et surmontée d’un belvédère à colonnade. Les pièces à plan en T dotées de larges ouvertures sur les jardins extérieurs et pavées de carreaux de céramique polychrome constituent, elles aussi, un indice certain que la Abdalliya, malgré les modifications et aménagements postérieurs, est bel et bien un palais hafside s’inspirant - quoique sans prétention - d’une architecture dont le modèle parfait était celui de l’Alhambra. Ce joyau de Grenade demeurait sans doute vivace dans le souvenir des réfugiés andalous accueillis par les émirs hafsides et auxquels ces derniers avaient confié l’essor des jardins et des vergers ainsi que la conception et la réalisation des monuments. L’historien et archéologue Abdelaziz Daouletli, soulignant dans ses travaux l’importance de l’immigration andalouse à Tunis à partir du XIIIe siècle, note que les musulmans d’Espagne étaient encore plus nombreux au XVe siècle et appartenaient à diverses catégories sociales allant des fins lettrés jusqu’aux artisans. Leur influence dans les domaines de la culture, des sciences, des arts et métiers et des techniques liées aux jardins et aux cultures irriguées était considérable.
A l’inverse de ce qui se faisait en matière de conception des demeures citadines, à Al Abdalliya, le parti-pris architectural fut de privilégier l’exubérance, à laquelle invitait le parc alentour, au lieu de l’intimité. D’où l’exceptionnelle « transparence »d’un édifice qui cherche à exploiter au mieux la combinaison de deux éléments fondamentaux d’une villégiature d’été en pays chaud : la luxuriance de jardins ombragés et la fraîcheur du plan d’eau du patio. Cette conception incarnée par le palais hafside de La Marsa ne cessa, depuis sa construction en 1500, de constituer un modèle pour les bâtisseurs tunisois jusqu’au déferlement des influences italiennes sur les résidences de plaisance au cours du XIXe siècle. Le plus bel exemple de cette fidélité au modèle hafside est sans conteste celui du palais de la Rose (actuellement musée militaire) à La Manouba. Construit sur ordre de Hammouda Pacha Bey (1782-1814), ce monument superbe s’inspire, en effet, des éléments fondamentaux de la Abdalliya, c’est-à-dire un patio surélevé doté d’un bassin, des salles très largement ouvertes sur un vaste parc et une tour dominant le panorama. On pourrait citer encore l’exemple du Dar Lasram de Sidi Bou Saïd.
Au lendemain de la chute des Hafsides (Leaders, octobre 2016), la Abdalliya et l’ensemble du domaine royal (c’est-à-dire les deux autres pavillons que nous avons mentionnés plus haut et leurs jardins) eurent à souffrir des troubles politiques et du conflit entre les deux puissances rivales en Méditerranée, les Turcs et les Espagnols. Le chroniqueur Marmol de Carvajal, contemporain des événements, rapporte que «l’empereur Charles Quint rasa le cap de Carthage et toute la côte de Marsa, où se voyaient les ruines de cette fameuse ville avec les jardins du roy de Tunis».
Les témoignages relatifs à cette région, après la victoire définitive des Turcs en 1574, nous font défaut. Mais il est difficile d’admettre que durant le XVIIe siècle, pachas, deys et beys se soient complètement désintéressés de La Marsa et de ses environs. Ce que nous savons, c’est que le dernier prince mouradite, Mourad III (1699-1702) ainsi que Husseïn Bey Ben Ali, arrivé au pouvoir en 1705, séjournèrent à la Abdalliya. Son neveu et rival Ali Pacha aussi. Sans doute, ces princes effectuèrent-ils d’importants travaux de consolidation et de transformation à partir des éléments hafsides existants. C’est très probable et, peut-être, ces travaux portèrent-ils sur les trois résidences existant dans les jardins de la Abdalliya. Ce que nous avons pu constater lors des travaux de restauration, c’est que les successeurs des Hafsides, chaque fois que cela était possible, maintenaient les structures et les matériaux d’origine. Dans le cas contraire, par nécessité ou par goût, ils remplaçaient l’ancien. Ainsi des portiques du patio, dont les colonnes anciennes – endommagées sans doute - ont été remplacées par des fûts en calcaire surmontés de chapiteaux de style composite inconnus à l’époque hafside. Il en est de même pour la colonne du kiosque du premier étage de la tour ainsi que les colonnettes du belvédère situé au sommet de la tour. L’entrée du palais elle-même, telle qu’elle se présente aujourd’hui avec sa belle coupole et ses murs recouverts de carreaux de céramique importés d’Europe, date de l’époque beylicale, soit l’époque mouradite, soit, plus probablement, husseïnite.
En tout état de cause, la Abdalliya n’est plus exclusivement, à cette époque, un pavillon de plaisance. Le palais devait même, à certains moments, ressembler à un refuge fortifié pour des princes inquiets des troubles qui, au long du XVIIe siècle, secouèrent la capitale et le pays. Une fois la paix intérieure rétablie, le palais retrouva sa vocation de résidence de villégiature accueillant notamment Ali Bey (1759-1782). En 1793, la Abdalliya servit de résidence au pacha de Tripoli, Ali Qaramanli, réfugié auprès de Hammouda Pacha, en attendant de retrouver son trône grâce à l’appui d’un corps expéditionnaire tunisien (Leaders, mars 2016).
Plus tard, Mahmoud Bey (1814-1824), prince bon enfant et amateur d’art, vint lui aussi à La Marsa mais résida, nous dit l’historiographe Ben Dhiaf, dans la Abdalliya située à proximité du Saf-Saf. Ses sujets qui se détendaient là habituellement, craignant de déranger leur prince, interrompirent leurs soirées musicales. Il leur donna l’ordre de revenir à leurs bons loisirs et fit savoir combien il regrettait que son rang lui interdît de se joindre à eux !
Dans le sillage des princes, les grands personnages de Tunis firent construire des maisons d’été. Ce qui ne manqua pas de confirmer La Marsa dans sa vocation enviée de villégiature aristocratique d’été et d’automne, cependant que La Manouba et ses nombreux palais s’animaient au printemps. Autour des années 1830, La Marsa abritait déjà de nombreuses demeures édifiées au milieu de jardins, de vergers et d’oliviers. Outre les dignitaires tunisiens, les consuls européens accrédités auprès du Bey appréciaient eux aussi le séjour dans cette station estivale. En 1770, le consul de France obtenait d’Ali Pacha l’autorisation de villégiaturer dans l’une des Abdalliya-s, celle située en bord de mer. Lui et ses successeurs y résidèrent à la belle saison des années durant. Un siècle plus tard, l’engouement est général. Les consuls de Sardaigne, de Suède, du Danemark, de Hollande et d’Amérique séjournent aussi à La Marsa, ou plutôt, selon le toponyme de l’époque, à Al Abdalliya. En 1827, le consul d’Angleterre, Thomas Reade père, s’installe à Borj Slassel pour 1 000 piastres par an. C‘est là qu’en 1829, naquit son fils Thomas qui allait devenir un de ses successeurs au poste de Tunis. La résidence subit alors des aménagements et des transformations qui en firent une demeure cossue, certes, et toujours entourée de beaux jardins mais, désormais, moins ouverte sur l’extérieur qu’au temps jadis. Le pavillon sultanien « transparent» n’était plus qu’une gentilhommière aux fenêtres dotées de solides barreaux. Dans les années 1850, les Abdalliya-s sont abandonnées par les consuls généraux de France et de Grande-Bretagne qui obtiennent du Bey la jouissance perpétuelle des deux palais d’été (dar el Kamila pour les premiers et Dar Ben Ayed pour les seconds) qui sont aujourd’hui les résidences des ambassadeurs.
Notons, à ce propos, que la villégiature estivale n’était pas l’apanage de la seule Marsa mais qu’elle concernait aussi le reste du territoire de l’antique Carthage, s’étendant de Gammarth à La Goulette. Cette dernière cité , plus connue aujourd’hui pour son passé cosmopolite et populaire, était en effet une résidence royale d’été appréciée des beys Husseïn (1824-1835), Mustapha (1835-1837), Ahmed Ier (1837-1855) et Sadok (1859-1882). La prépondérance de La Marsa fut cependant progressivement acquise à partir du moment où Mhammad Pacha Bey (1855-1859) fit construire un vaste palais (connu sous le nom de Dar El Taj) avec ses dépendances, ainsi que des casernes, un souk, divers services et même une ménagerie au milieu du parc. Son frère et deuxième successeur, Ali Bey, continua, lorsqu’il monta sur le trône en 1882, de résider toute l’année à La Marsa, comme il le faisait depuis 1859, alors qu’il était prince héritier. Il n’est d’ailleurs pas exclu que cet édifice ait été construit à l’emplacement de l’ancienne Abdalliya du Saf-Saf. En effet les travaux de terrassement effectués en vue d’ériger dans les années 1960 un nouveau minaret pour la mosquée dite, aujourd’hui, d’Al Ahmadî avaient mis au jour des vestiges d’époque hafside.
A partir du règne de Mhammed Bey, la Abdalliya perdit définitivement sa fonction de résidence princière et connut, de ce fait, quelques péripéties. En 1845, elle fut cédée pour 60.000 piastres par Ahmed Bey à son ministre Mustapha Khaznadar, et dans les premières années du protectorat, le directeur des finances Depienne habita à Borj Slassel. En 1913, Naceur Bey (1906-1922) fit l’acquisition du palais et installa dans la tour les descendants du Khaznadar qui y demeurèrent jusqu’au démarrage des travaux de restauration en 1975-76. Le reste du bâtiment avait été, dès les années 1930, donné au domaine communal et affecté à diverses activités. Borj Slassel fut ainsi, tour à tour, salle des fêtes, local d’associations, école primaire et même, pendant la guerre, camp de prisonniers. Les travaux de restauration, menés par l’Institut national d’archéologie et d’art avec l’appui du ministère de la Défense nationale, une fois achevés, le palais de la Abdelliya, relevant du ministère de la Culture, abrite désormais des expositions d’arts plastiques, des représentations théâtrales et, en été, le festival « Les soirées de la Abdelliya».Cette affectation exclusive à l’action culturelle est un bel hommage que la Tunisie contemporaine rend à cet illustre monument qui fut longtemps le modèle de l’architecture de plaisance estivale en même temps que le point de départ d’un art de vivre à la fois raffiné et proche de la nature.
Mohamed-El Aziz Ben Achour
- Ecrire un commentaire
- Commenter