Exclusif - Kamel Akrout révèle la Stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme en Tunisie

Qu’est-ce qui a rendu l’élaboration d’une Stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme encore plus nécessaire et urgente? Quelle est sa spécificité? En quoi consiste-t-elle ? Et quels sont ses fondements. Autant de questions auxquelles le contre-amiral (r), Kamel Akrout, conseiller principal auprès du président de la République, (en photo) a répondu en exclusivité pour Leaders.

Pourquoi cette stratégie?

Elle est indispensable, déterminante! Elle constitue en effet une réponse à l’absence d’une vision globale pour prévenir, contrecarrer et réprimer la menace terroriste qu’affronte notre pays. Un grand danger assaille la patrie. Il l’a déjà touchée de plein fouet et lui a fait mal surtout après le 14 janvier 2011 en causant des pertes humaines et matérielles intolérables. Ainsi s’est avérée la nécessité d’une décision politique au plus haut niveau, d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie nationale antiterroriste afin d’améliorer la performance du pays et de ses institutions dans la lutte contre le terrorisme, de défendre l’Etat de droit et d’assurer la protection de sa population, de ses institutions et de ses acquis.

Le Conseil de sécurité nationale, sous la présidence du président de la République, a décidé le 12 février 2015 de préparer une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.

Qu’est-ce qu’une stratégie?

C’est la passerelle qui relie les moyens dont on dispose aux objectifs à atteindre. Elle représente l’étape ou la réponse à la question «Quoi faire?». Une stratégie est «vivante» puisque le contexte change, les moyens et les objectifs changent aussi, d’où la nécessité de soumettre cette stratégie au Conseil de sécurité nationale pour approbation et de la réviser constamment par le biais de la Commission nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Toute stratégie doit être suivie d’un plan d’action qui traduit l’étape du «Comment faire ?» (Les niveaux opératifs et tactiques), tout en sachant que la validité de cette stratégie est de cinq ans.

Comment a-t-elle été élaborée?

Un groupe d’experts multidisciplinaires en a été chargé avec la participation de représentants de la société civile, bénéficiant au niveau méthodologie de la collaboration du Comité de lutte contre le terrorisme du Conseil de sécurité des Nations unies. Une ébauche a été préparée et remise pour être finalisée par la Commission nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme après sa création avec l’entrée en application de la loi contre le terrorisme

Quels sont ses piliers?

La Stratégie s’articule autour de 4 piliers à savoir:

• La prévention : ce sont les différentes mesures qui visent à éradiquer tout facteur propice à la création d’un terrain fertile au terrorisme et qui empêchent les jeunes de se tourner vers ce fléau, à savoir les facteurs socio- économiques, culturels, idéologiques... Renforcer la coopération régionale et internationale pour lutter contre le terrorisme et promouvoir la paix et le développement de la région.
• La protection: elle vise la réduction de la vulnérabilité de la population et des infrastructures face aux attentats à travers, entre autres, l’élaboration de plans de protection contre les actes terroristes et la mise en place d’un système de coordination et de partage d’informations plus efficace entre les différents services de renseignements.
• La poursuite: contrecarrer le financement des terroristes, leurs moyens et outils de communication et les traduire en justice par l’utilisation des instruments juridiques adéquats et conformément à la réglementation internationale dans le cadre d’une coopération bilatérale et multilatérale dans le domaine de l’investigation, de la lutte contre le trafic illicite, de la disponibilité de l’information et de la diffusion de messages d’alerte...
• La réponse: faire face aux conséquences des actes terroristes tout en minimisant leurs dégâts et procédés, ainsi avoir une réponse immédiate à une gestion de crises ainsi qu’à une évaluation des actions entreprises avec des mécanismes pertinents basés sur une législation cohérente.

Quels sont les fondements qui ont servi à la réflexion de base?

Quatre principes fondamentaux ont été définis:

• Lerespectdesdroitsdel’Homme
• La primauté de l’Etat de droit
• L’approche de lutte contre le terrorisme ne doit pas être seulement une approche sécuritair.
• La coopération entre les différents acteurs nationaux et internationaux est indispensable.

Quelle sera la prochaine étape?

Soumise aux ministères et organismes concernés, la Stratégie sera déclinée en plans d’action détaillés. L’ensemble sera mis en cohérence, validé et mis en œuvre, avec une évaluation et un recentrage périodiques, qui seront faits par la Commission nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.