News - 10.12.2014
Pourquoi la Tunisie a perdu la direction générale de l'ASBU
Pour la première fois depuis 25 ans, la Tunisie se voit refuser la direction générale de l’ASBU (Union des Radio et Télévisions arabes), relevant de la Ligue des Etats arabes et dont le siège est établi à Tunis. Son candidat, Rachid Khechana, journaliste de talent (Al Hayat, etc.), doublé d’un militant contre la dictature (Al –Mawkef, PDP) vient d’être recalé lors de l’assemblée générale tenue mardi au Koweit au profit d’un ingénieur soudanais, Abderrahim Souleimane, jusque-là directeur technique de l’Union. Rien de perdu, diront certains, tant cette organisation regroupant jusque-là essentiellement les médias publics, inféodés aux régimes en place, risque de se scléroser à l’heure de l’émergence en force des radios et télés privées dans la région. Mais, une position qui ne manque pas d’importance pour la Tunisie.
En un quart de siècle, la Tunisie a fourni à l’ASBU des directeurs généraux de qualité qui lui ont donné l’éclat dont elle jouit actuellement. Abderraouf El Basti (1989-1998), Abdelhafidh Harguem (1998-2006) et Slaheddine Maaoui (2006-20014) auront largement contribué à la sortir de son ronronnement typé par les organes bureaucratiques de la Ligue arabe pour lui donner une valeur ajoutée effective, notamment la télédiffusion groupées de grands évènements sportifs tels que les jeux olympiques, l’échange d’actualités et la formation avec des centres spécialisés à Alger et Damas, etc. Ils lui ont obtenu du gouvernement tunisien un lot de terrain au cœur du Centre Urbain nord pour y faire construire un siège moderne, spacieux et fonctionnel.
Tout cela risque de passer par le compte pertes et profits pour la Tunisie. La lignée de ses directeurs généraux à l’ASBU est rompue. Le camouflet porté par les états-membres au candidat tunisien laisse supposer nombre d’interrogations. Un mauvais choix ? Un manque de soutien diplomatique ? Ou d’autres considérations ?
Sans doute, Rachid Khechana aurait été capable d’insuffler au sein des médias affiliés à l’Union une bonne dose de décrispation, d’ouverture et de liberté. Son profil et peut être son court passage à Al Jazeera ont dû repousser certains autocrates en poste de décision, essayant de faire reculer au maximum l’échéance du reengineering des médias audiovisuels gouvernementaux. Quel dommage !
Ce ratage s’ajoute à une longue série de déboires accusées, parfois contre son gré, par la diplomatie tunisienne à la conquête (ou la conservation) de hauts postes dans les organisations internationales et régionales. Inutile de rappeler les douloureux cas de l’Alecso, UIT et autres ou de dire comment la BAD est retournée à Abidjan sans que la Tunisie tire le meilleur bénéfice de sa délocalisation pendant 11 ans sur ses rivages, tout comme le retour de la Ligue arabe au Caire...
Le mal est fait ! Espérons que le nouveau gouvernement fasse du placement de hautes compétences à des postes élevés dans le système régional et international une priorité stratégique. Il s’agit là d’un investissement crucial.
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