De Gaza à Tunis, l’éveil des consciences : la jeunesse au cœur d’un nouvel horizon politique

Par Hella Ben Youssef - Le 7 avril 2025, la rue a parlé. En Tunisie, des milliers de jeunes lycéens, étudiants, précaires, artistes ont défilé aux côtés de travailleurs, retraité•es, militant•es de tous horizons. Ce qui les réunissait dépassait les clivages partisans : c’était un refus du silence face à l’injustice. Leur cri a traversé les frontières, jusqu’à Gaza, jusqu’aux ruines, aux cris étouffés par les bombes. Mais il s’est aussi élevé contre d’autres violences : celles du mépris, de la misère, de la résignation imposée.
Ce cri n’était pas un simple élan émotionnel. Il portait une lucidité politique rare. Dans un monde où les repères vacillent, où les conflits se multiplient sans justice véritable, une jeunesse debout refuse de détourner le regard. Elle dit non à un ordre mondial fondé sur l’impunité, l’exploitation et la peur.
Face aux atrocités à Gaza, le droit international apparaît à la fois indispensable et dérisoire. Il l’est quand il devient l’instrument des plus forts. Mais il reste vital quand il permet de résister, de documenter, de dénoncer. Cette jeunesse nous rappelle que le droit ne suffit plus : il doit être animé par des valeurs, libéré des calculs géopolitiques. Il doit redevenir un outil de justice globale.
Cette mobilisation interroge aussi l’avenir de l’action politique. Les partis, les structures classiques peinent à saisir l’ampleur du basculement en cours. Le populisme, le capitalisme débridé, les nationalismes avancent là où les forces de progrès hésitent. Or, il ne s’agit plus de réparer l’ancien, mais de penser un nouveau pacte politique, écologique, économique et solidaire.
Dans cette recomposition, les sociaux-démocrates ont une responsabilité immense. Serons-nous les témoins impuissants de l’effondrement ou les architectes du renouveau ? La jeunesse, elle, a déjà tranché. Elle construit, elle s’engage, elle rêve d’un autre monde, ici et maintenant.
Il est urgent de s’inspirer de celles et ceux qui agissent. Comme l’Afrique du Sud, qui porte haut la voix de la justice internationale devant les juridictions mondiales, fidèle à son histoire contre l’apartheid. Oui, un État peut faire bouger les lignes lorsque le droit est mis au service des opprimés.
Comme les campus américains, en ébullition, dans la continuité des grandes luttes pour les droits civiques et contre la guerre. Ce sont des foyers d’émancipation, pas des bulles déconnectées.
Et comme toutes celles et ceux, au-delà des étiquettes, qui rejoignent les combats des sociaux-démocrates pour la liberté, la justice et la dignité. Ne restons pas entre nous. Dialoguons avec les féminismes du Sud, les écologistes populaires, les penseurs des marges. Nos combats doivent se croiser, se renforcer.
Nous proposons une convergence mondiale des luttes pour la paix, la justice, la liberté, les droits des peuples. Le 7 avril l’a prouvé : la jeunesse n’est pas le futur du monde, elle est son présent. C’est elle qui forge l’espérance dans la rue, les universités, les collectifs. Donnons-lui sa place, dans les partis, les parlements, les forums internationaux.
Dans un monde en mutation, que les humanistes s’organisent. Que les porteurs de lumière ne renoncent pas. Parce qu’il n’y aura pas de paix sans justice, et pas de justice sans courage politique.
Hella Ben Youssef
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