25e anniversaire du décès de Habib Bourguiba : le bâtisseur de la Tunisie moderne

Par Brahim Jeguirim - Le 6 avril 2000, la Tunisie perdait l’un de ses plus grands hommes d’État: Habib Bourguiba. Son décès marquait la fin d’une époque, celle du père de l’indépendance, du visionnaire qui a façonné notre nation avec audace et détermination. Aujourd’hui, 25 ans après cette journée historique, son souvenir reste intact, son œuvre continue d’inspirer et son héritage demeure profondément ancré dans l’âme tunisienne.
Le jour de ses funérailles, la Tunisie a vu défiler des chefs d’État et des dirigeants du monde entier, venus lui rendre hommage. Parmi eux, le président français Jacques Chirac, le leader palestinien Yasser Arafat, ainsi que plusieurs dirigeants africains, arabes et européens. Cette présence massive témoignait du respect et de l’admiration qu’inspirait Bourguiba bien au-delà des frontières tunisiennes. Son engagement en faveur du dialogue et de la paix, notamment sur la question palestinienne, lui avait valu une reconnaissance internationale, et sa disparition a marqué bien au-delà du monde arabe. Ce fut un moment solennel, une reconnaissance mondiale de son rôle dans la lutte pour l’indépendance et la construction d’un État moderne.
Cette journée du 6 avril a eu pour moi une résonance toute particulière. J’ai eu l’honneur de travailler aux côtés de Bourguiba, à travers mes fonctions et mes collaborations avec ses Premiers ministres, notamment Mohamed Sayah, Hédi Nouira et Rachid Sfar. J’ai également eu la responsabilité de traduire pour lui tout ce qui venait d’Allemagne, facilitant ainsi la communication entre la Tunisie et ce partenaire clé. Ce rôle m’a permis de mesurer l’intérêt qu’il portait aux expériences étrangères et son souci d’adapter les meilleures pratiques pour le développement de notre pays. Bourguiba était un homme de vision, toujours curieux de ce qui se faisait ailleurs, et conscient de l’importance des relations internationales pour la modernisation de la Tunisie.
Le jour de son décès, j’ai ressenti une perte personnelle, une douleur mêlée de souvenirs. Je revoyais ces années où la Tunisie se transformait sous son impulsion, où chaque réforme était une bataille gagnée pour le progrès. J’ai ressenti l’émotion de tout un peuple, mais aussi celle, plus intime, de ceux qui avaient travaillé à ses côtés, partagé ses combats et vu, de l’intérieur, l’homme derrière le chef d’État.
Aujourd’hui, rendre hommage à Bourguiba, c’est rappeler l’importance de son œuvre et mesurer la portée de son engagement. C’est aussi un devoir de mémoire pour les générations futures, afin qu’elles sachent que l’histoire de la Tunisie moderne est le fruit d’un long combat, porté par un homme qui n’a jamais cessé de croire en son pays.
Le 6 avril n’est pas qu’une simple commémoration. C’est un moment de réflexion, de transmission et de fidélité aux valeurs qu’il a incarnées : le patriotisme, le progrès et l’attachement à une Tunisie forte et éclairée.
Brahim Jeguirim
Germaniste, chercheur,
ex-conseiller pour la presse et l’information au Premier Ministère
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