News - 10.01.2025

Déficit budgétaire-déficit social: quelle dangerosité et quelle échéance ?

Déficit budgétaire-déficit social: quelle dangerosité et quelle échéance ?

Par Habib Touhami - En dépit des convenances, le déficit social — cas où les ressources financières des caisses de sécurité sociale sont inférieures aux coûts des prestations à leur charge — est au moins aussi redoutable et lourd de conséquences que le déficit budgétaire — cas où les recettes de l’Etat sont inférieures à ses dépenses au cours d’une année. Sous le poids de la démographie, la dangerosité du déficit social s’accroît en conséquence. En effet, la démographie constitue le facteur explicatif majeur de la hausse des dépenses des régimes de pension et de la demande de soins. Or la démographie tient du structurel et du long terme. Il en résulte qu’au contraire du déficit budgétaire, le déficit social n’est pas résorbable par des mesures exclusivement budgétaires ou fiscales de court et de moyen terme.

Cela ne veut surtout pas dire qu’il faut mésestimer les dangers du déficit budgétaire et ses conséquences néfastes sur la monnaie nationale et l’endettement. La différence de taille entre le déficit budgétaire et le déficit social se situe au niveau de la capacité des pouvoirs publics à gérer le temps. Il est clair en effet que dans le cas du déficit social, le problème est rendu plus ardu par l’intervention de la démographie en tant que variable non maîtrisable à court terme ni même à moyen terme. Tout ce qui touche à la démographie comme le rapport démographique ou l’espérance de vie à la naissance par exemple (deux paramètres pesant sur la sécurité sociale) se situe «biologiquement» dans le long terme.

En matière de sécurité sociale, la Tunisie est d’ores et déjà confrontée à l’impact de plus en plus pesant de la démographie. Pour l’heure et mise à part la branche des prestations familiales dont les ressources semblent équilibrer les dépenses (au prix de l’appel au budget concernant la Cnrps, au prix d’une politique restrictive concernant la Cnss), les deux autres branches, pensions et maladie, se retrouvent dans l’œil du cyclone et ce, en raison du vieillissement de la population, d’une part, et de la situation économique, d’autre part. Face à ce problème, les pouvoirs publics pourraient être tentés d’agir exclusivement sur les dépenses. Mais s’ils veulent agir sur le long terme et ne pas organiser la pénurie, il leur faut intervenir nécessairement sur d’autres paramètres comme les prix des soins et des médicaments.

Ce qu’il faut dire au terme de ce court exposé est que le procès fait au financement de nos régimes de pension par répartition n’a aucun fondement et que leur financement en totalité ou en partie par capitalisation ne les rend pas immunisés contre les aléas des évolutions démographiques. Ce qu’il faut dire aussi est que les problèmes induits par le différentiel entre le taux d’accroissement annuel moyen des actifs cotisants et celui des inactifs pensionnés ne peuvent être résolus que par deux moyens: ou la diminution du niveau de vie de la population ou l’accroissement de la productivité. Ce qu’il faut dire enfin est que l’avancement de l’âge légal de la retraite n’est pas la solution à tous nos maux. Outre son côté malthusien, la cessation prématurée de l’activité agit directement sur le vieillissement.

Habib Touhami
 

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