La fiction des deux Etats en Palestine, en déshérence
Par Aissa Baccouche
Le Proche-Orient est en ébullition.
Les canons tonnent de nouveau si tant est qu’ils ont cessé de tonner depuis la perfide lettre du 2 Novembre 1917 adressée par Arthur Balfour (1848-1930) ministre anglais des affaires étrangères à Walter Rothschild (1868-1937), en vertu de laquelle la «généreuse» Albion octroie un territoire qu’elle ne possède pas de jure à un conglomérat d’immigrants qui l’occupent de facto. Ainsi, l’Occident croyait se défausser sur les Palestiniens de leurs effroyables crimes à l’encontre des coreligionnaires de Moïse.
Il est cruel de le dire en ces temps de forfanterie des généraux israéliens: ce ne sont pas les gazaouis qui ont gazifié leurs aïeux.
Après moult péripéties plus meurtrières les unes que les autres – souvenons-nous de Dir-Yassine – l’Etat d’Israël naquit le 15 mai1948 avec la bénédiction des Nations-Unies conformément à la résolution 181 du 29 Novembre 1947 approuvée en Assemblée générale par 33 pays membre sur 56.
Il est vrai qu’à New-York l’on opta pour le partage de ce territoire en deux entités. Mais les dirigeants arabes de l’époque, croyant sauvegarder les intérêts palestiniens, ne l’entendirent pas ainsi.
Ils ordonnèrent aux autochtones de délaisser leurs terres en leur miroitant un retour triomphal. On sait ce qu’il advint de cette fanfaronnade à vil prix.
Au cours d’une conférence inaugurale donnée au Collège de France à Paris à laquelle j’assistai, Henry Laurens titulaire de la chaire «Histoire contemporaine du monde arabe a bien insisté sur cette «grosse bévue» qui avait permis à Israël de bien profiter» de cette terre promise. Promise et Sainte, Jésus y est né et Mohamed y a atterrit au terme du son voyage nocturne à partir de la Mecque avant d’effectuer en compagnie de l’Archange Gabriel l’ascension vers le Seigneur.
Bourguiba, lors de son déplacement à Jéricho en 1965 a bien exhorté les palestiniens à se conformer à la légalité internationale, aussi injuste fût-elle, tout en luttant pour la reconquête de la partie spoliée. L’on sait ce qu’il lui en coûta. Il fut vilipendé par ses pairs mais craint par ceux ou plutôt par celle qui avait bien reçu le message bourguibien. «Le voici tança Golda Meir (1898-1978) première ministre à l’époque, notre pire ennemi». Il est vrai que le président tunisien avait frappé dans le mille. «Si Israël, déclara-t-il, n’obtempère pas à cette proposition alors sa création est tout simplement caduque».
Deux ans plus tard, l’Etat «fier et sûr de lui-même» selon la rhétorique gaullienne, entreprit d’annexer davantage de terres grâce à une guerre éclair de 6 jours.
Le monde arabe entra alors en hibernation avec cette litote de «ni guerre ni paix» jusqu’à ce jour, le 6 Octobre 1973 où les armées égyptiennes franchirent le Rubicon en faisant sauter l’inviolable le ligne Bar Lev et en ébranlant une armée jusqu’alors «invincible».
Le 7 octobre dernier, le monde ébahi, assiste à un remake de la traversée d’il y a cinquante ans.
Décidément, cette guerre est aussi une guerre de cent ans!
Elle avait du être abrogée depuis 1993 au terme des accords d’Oslo conclus entre Yitzhak Rabin (1922-1995) et Yasser Arafat (1929-2004) deux prix Nobel de la paix en 1995 (sic)
Mais tout le monde savait que ce gentlemen’s agreement n’engageait personne et en tout cas par l’occident partenaire ad vitam aeternam d’Israël.
L’Union européenne avait bien décidé, lors d’un sommet tenu à Venise en 1999, qu’au bout d’une année l’Etat Palestinien prendrait forme. Au lieu et à la place de quoi, toute la partie cédée à l’autorité palestinien fut mitée par les colonies de sorte que la configuration urbaine ainsi créée empêche tout bonnement l’émergence d’une entité juridique fiable à moins de se satisfaire de quelques bantous tans emmurés…
Mais, nonobstant la géographie politique qui est par essence mouvante, l’Histoire a toujours pour les peuples opprimés un sens unique: c’est celui de la libération.
Le peuple palestinien, si admirable, saura un jour qui s’approche de plus en plus aujourd’hui que les crimes perpétrés par le «dominateur» atteignent leur paroxysme, recouvrer son droit imprescriptible sur l’ensemble de sa patrie spoliée.
Aissa Baccouche
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