Adel Zouaoui: Merci Président Saied
Quid du 25 juillet 2021 en Tunisie ? Est-ce un coup d’Etat opéré par le Président Kaies Saied comme certains de nos politiques ou constitutionalistes se plaisent à le seriner ? Ou est-ce un coup de balai, donné par le premier responsable du pays, pour nettoyer la saleté qui encrasse notre démocratie, fraichement émoulue ?
Venons-en aux faits. Qu’appelle-t-on un coup d’Etat ? Sur le plan langagier, cette manœuvre politique s’opère traditionnellement d’en bas vers le haut, par le truchement d’un renversement militaire. C’est l’image classique qu’on a tous en tête de ce scénario.
Les exemples sont légion. Chez nous, le 7 novembre 1987 en fut un. C’est la date à laquelle Ben Ali, premier ministre de l’époque, a destitué son chef hiérarchique, en l’occurrence le Président Habib Bourguiba, prétextant son incapacité à gouverner la nation. Un autre exemple, celui de la déposition en 1957 du monarque, le Bey de Tunis Lamine Bey, par son premier ministre de l’époque, le même Habib Bourguiba.
Au vu de cette lecture, aussi improbable soit-elle puisque loin d’être experte, le 25 juillet peut ne pas être considéré comme un coup d’Etat. Et pour cause. Celui qui occupe la plus haute marche de l’Etat n’a pas été déchu. Bien au contraire, en prenant le pouvoir exécutif et en gelant le parlement, il déchoit de leur légitimité aussi bien le Chef du gouvernement, que le Président du parlement. Et même si on s’échine à nous faire croire que les trois têtes du pouvoir sont sur le même piédestal, résultat d’un illogisme que le nouveau régime électoral, hybride et dysfonctionnel, recèle, le Président de la République demeure le seul à bénéficier d’une véritable et authentique légitimité électorale. Et de quelle manière. Il a obtenu, lors des élections de 2019, 2,77 millions de voix. Un véritable plébiscite. Quant au Chef du gouvernement, même s’il concentre entre ses mains 80 pour cent de l’exécutif, il doit sa nomination au seul Président de la République. Pour ce qui est du Président du parlement, sa désignation fut le fruit d’une série de tractations douteuses entre plusieurs parties.
Par conséquent, la seule légitimité électorale et populaire, celle de la rue, revient sans ambages à Kaies Saied. Et c’est pour cela qu’il lui revient le droit de mettre à exécution le vœu du peuple, lequel a revendiqué ce jour-là qu’on siffle la fin de la récréation.
Basta à la chienlit
En ce jour du 25 juillet, malgré un climat étouffant, le peuple est sorti dans la rue pour crier haut et fort son ras le bol d’une classe politique à la dérive. Une dérive qui trouve sa source dans la nouvelle constitution de 2014. Laquelle a donné naissance à un régime politique piégé et bancal, un régime à trois têtes, avec des prérogatives floues qui donnent lieu à des interprétations contradictoires. Depuis sa mise en application, ce même régime est devenu, une source de tension, un problème en soi qui a très vite obéré l’économie. Chacun des Présidents accuse l’autre d’empiéter sur sa platebande à tel enseigne qu’on ne sait plus qui gouverne, qui commande les affaires du pays et qui fait quoi. Ainsi la démocratie, tant chérie, s’est rapidement pervertie en un Circus Politicus, une cour des miracles où tout est permis, pendant que la sphère décisionnelle a fini par devenir un théâtre de l’ombre. Ce piètre spectacle a déçu non seulement localement, mais aussi à l’échelle internationale. La ferveur pour le premier pays arabe qui semblait réussir sa démocratie a inexorablement baissé.
Souvenez-vous du quiproquo entre l’ex Président de la République Moncef Marzouki et Hamadi Jebali Chef du gouvernent de l’époque à propos de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi, ex chef du gouvernement de la Libye sous le régime de Kadafi. Souvenez-vous aussi du malentendu entre feu Béji Caied Essibsi et son poulain Youcef Chahed. Pis encore, les choses se sont gâtées pour inclure, depuis 2019, le Président du parlement Rached Ghannouchi dans cet écheveau inintelligible. Ce pandémonium a donné lieu à des rapports de force nourris d’alliances, de contre-alliances et de coterie qui, à la longue, ont fini par envenimer la vie politique et mis tout le pays à l’arrêt.
De quelle démocratie nous parle-t-on ?
Pourquoi avoir choisi un régime pareil, une sorte d’attelage improbable entre parlementarisme et présidentialisme ? La peur à un retour à la dictature en léguant tous les pouvoirs à un seul homme, n’était qu’un prétexte. La vraie raison est celle de garantir un pied dans la majorité, et un autre dans l’opposition. Animés par une obsession sans bornes pour le pouvoir, les acteurs politiques, essentiellement les islamistes, ont cousu au lendemain du 14-Janvier une constitution sur mesure, laquelle répond à leur désidérata. Loin du topo classique, la démocratie à la tunisienne n’a jamais fonctionné sur le principe d’une majorité qui gouverne et d’une opposition qui contrôle. Tout le monde gouverne ensemble et personne n’assume la moindre responsabilité.
Si la démocratie se veut d’assurer, entre autres, une prospérité économique –dans la mesure où elle garantit la transparence et alerte sur les dérives et les sorties de routes des décisionnaires, elle est devenue, dans notre pays, synonyme d’opacité, d’enrichissement illicite, de désordre, de monopole, de clientélisme, de prévarication, de lucre, de concussion et surtout d’impunité.
Et pour cause, le consensus autour duquel elle s’est structurée s’est révélé à la longue plutôt une série de marchandage politique et de compromission. Lequel a donné libre cours à toutes formes de transgressions : argent sale, financement étranger des campagnes électorales, médias et associations caritatives à la rescousse de candidats aux élections législatives et présidentielles, chantage, falsification des scores électoraux, etc.
Toutes ces incuries ont transformé notre jeune démocratie en un simulacre, livrant en pâture tout un peuple à des politicards sans compétence et sans scrupules.
De quel islam nous parle-t-on?
Force est de constater que ce qui a structuré la vie politique, tout au long de ces dix dernières années, est bel et bien l’islam politique. Ces craignant-Dieu auquel un million et demi ont naïvement cru et voté au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011 n’ont pas craint Dieu pour autant. Bien au contraire, c’est au nom d’Allah qu’ils s’en sont donnés à cœur joie pour profiter de leur nouvelle situation. Ils se sont rués comme des loups affamés sur les deniers publics pour se remplir à qui mieux mieux leurs poches, alors que le pays tire le diable par la queue. Pour se justifier, ils se sont servis du mensonge, du sophisme et du galimatias comme arme politique. Ils sont passés maitres dans l’art de la duplicité. Ils disent la chose et son contraire. Souvenez-vous de leur fameuse «vous l’avez sorti de son contexte» qu’ils sortent à l’envi comme les prestidigitateurs sortent des lapins de leur chapeau.
Que serais-je sans toi?
Le pouvoir les a, ces dix dernières années, aveuglées. A tel enseigne qu’ils ont perdu le contact avec la réalité. Que pèse la douleur de toute une nation face à leurs intérêts personnels ? D’ailleurs, pendant que le pays s’enfonce dans un insondable abime, les Yamina Zoghlami, les Bhiri, les Rached Ghanouchi les Bouchlaka, les Harouni et j’en passe et des pires braillent sur les plateaux de télé en vantant les mérites d’une démocratie chimérique et illusoire. La leur, celle qui est financée par leurs maîtres depuis le Qatar et la Turquie. Leur ivresse du pouvoir, leur arrogance et leur excès de zèle a fait dire à l’un d’entre eux, en l’occurrence Bhiri, que la Tunisie ne serait rien sans eux. Que serait la Tunisie sans la Nahdha ? S’étonnait-il dans une émission de radio.
Jusqu’à minuit 24 juillet, ces derviches d’un autre temps et leurs séides se croyaient candidement invincibles et même intouchables. Même s’ils ont réussi à cadenasser la capitale, ils n’ont pas pu faire autant avec les esprits libres. Des milliers à travers toute la Tunisie ont réclamé leur départ.
L’image d’un Ghanouchi, les épaules tombantes et la voix chevrotante, dans le milieu de la nuit suppliant le soldat qui bloquait le passage au parlement de le laisser entrer en dit long sur l’Etat de choc et sur la stupeur qui se sont abattus sur eux.
Une nouvelle indépendance
La 25 juillet sera une date mémorable dans l’histoire de la Tunisie. C’est une énième indépendance qui vient s’ajouter à toutes les autres et que notre vaillant et insoumis peuple a héroïquement remporté.
Quant aux récalcitrants à ce nouveau changement politique, les Hamma Hammami, les Jawher Ben Mbarek, les Néjib Echabbi et autres démocrates de la 25 heure, rappelons-leur que le 25 juillet n’était pas un coup d’Etat mais un coup de propre donné par un Président aux mains propres, dont le seul souci est de nous libérer de cette ignorance crasse, de ses odeurs putrides et nauséabondes. Lesquelles nous ont empêchés de respirer à plein poumon l’air pure de notre si cher pays, de notre liberté, la vraie, l’authentique.
La Tunisie a toujours su se redresser à temps. Est-ce que parce que ses saints patrons ont toujours viellé sur elle ?
Au diable donc cette démocratie tronquée de ces faux nez.
Et merci monsieur le Président de la République pour nous avoir sauvé d’une faillite certaine. Pour le reste attendons et voyons.
Adel Zouaoui
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EXCELLENT ARTICLE BRAVO