Mohamed Salah Ben Ammar: L’éthique, un débat public?
Le débat public en bioéthique doit s’appuyer sur les conditions sociales des participants, l’UNESCO le dit bien quand elle préconise à la fois une approche normative et inclusive obéissant à un processus:
“Étant donné cette nécessité opérationnelle, on peut difficilement soutenir l’adoption d’une approche uniquement philosophique ou scientifique ; l’approche se concentre plutôt au croisement du savoir, de la technologie, de la réflexion et de la raison. La bioéthique travaille de l’intérieur vers l’extérieur, depuis son centre, le débat, en créant une problématique changeante au niveau de la prise de conscience sociale et des politiques. Lorsque la connaissance scientifique et la technologie touchent la société, on atteint l’appartenance sociale, au sens le plus large du terme. “ UNESCO Pourquoi une bioéthique globale“
La complexité de la connaissance technoscientifique implique nécessairement une participation démocratique éclairée, inclusive et active des citoyens et ceci n’est possible qu’en favorisant un débat public. Il faut trouver un équilibre entre l'évaluation scientifique, de médiation et de consultation éthique publique, car comme le dit Fliss –
Trêves «plus le contenu d’une loi (décision) est grave, moins l’élaboration doit en être précipitée et monopolisée».
Nous devons en être conscients du fait de la gravité et de l'irréversibilité du préjudice susceptible d'être causé à l'être humain et l'humanité toute entière.
La confiance entre les trois partenaires, citoyens, technocrates et décideurs (politiques mais pas uniquement) ne se bâtit que suite à une communication soutenue, une valorisation de la parole citoyenne, sur une reconnaissance de l’expertise du technocrate, sur un équilibre des connaissances permettant un dialogue équilibré. Car le savoir ne doit jamais se transformer en pouvoir faute de quoi, il sera rejeté par la société.
Le débat public est donc à la fois méthode et solution
L’expérience de la négociation sur un pied d’égalité et l’exercice d’un débat pluraliste, respectueux et public autour des questions d’éthique renforcent la cohésion sociale et préviennent le cloisonnement culturel.
Le processus de délibération permet la construction collective d’opinions, dans le cadre de l’impératif respect des autres et des différences intrinsèques.
La délibération nous permet de travailler sur le choix, libre et éclairé, du type de société où nous voulons vivre.
Dans ce contexte, la confrontation culturelle pacifique, toujours nécessaire et utile, sera constructive et se fera sur le terrain des idées, et non de la passion aveugle.
Ni abandon d’une culture, ni universalisme béat…Mais plutôt osmose des cultures.
Mohamed Salah Ben Ammar
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