Plaidoyer pour le renforcement de la recherche scientifique relative au développement des dispositifs biomédicaux et environnementaux : Limitations et normes
Par Adnane Abdelghani - Depuis Février 2020, les pays développés (la Chine, l’Allemagne, les Etats unis, le Japon, la Corée de Sud, le Canada, etc.) n’ont pas hésité à mettre les moyens nécessaires pour contrôler la pandémie Covid-19. Bien que ces pays aient une très bonne infrastructure hospitalière, des dégâts humains (plus d’un million de décès) n’ont pas pu être évités. Les centres de recherche clinique et les laboratoires pharmaceutiques (PFIZER, BIONTECH, Astra Zeneca, Mérieux, etc.) se sont lancés pour le développement d’un vaccin adéquat et efficace pour ce virus. La recherche d’un vaccin pour un virus passe par des étapes complexes suivant des normes, des essais cliniques, une autorisation de commercialisation et de mise sur le marché. La recherche dans le domaine de la biophysique moléculaire (dynamique moléculaire, Adhésion, Inhibition, Liposomes, Ribosomes, Nano encapsulation, Nano émulsion, etc.) est à la base du développement d’un vaccin d’un virus. Elle est basée sur l’observation en temps réels des interactions moléculaires (ARN, ADN, Anticorps, Antigène, ...) par des techniques spectroscopiques très précises (Microscopie a contraste de phase, réflexion Interférence Contraste Microscopie, Microscopie à fluorescence, Microscopie convocable, Imagerie à haute résolution, etc.). Citons l’exemple des images obtenues par la microscopie électronique à basse température qui a permis à des chercheurs de l’Université de McGill (Canada) de s’assurer que les liposomes qui portent les antigènes du vaccin ont la taille et la structure voulues pour induire une bonne réponse immunitaire.
Sachant que la technique de RT-PCR, rien qu’elle soit coûteuse, reste la technique classique de référence pour le dépistage de la Covid-19. Des dispositifs de dépistage de la Covid-19 tels que les kits rapides virologique spécifique aux variant connus SARS-Cov-2 ont été développé par des entreprises (Oxford Biosystems, Biopanda Reagents, etc.) suivant les normes (Food and Drug Administration aux USA) avec une fiabilité qui dépasse parfois les 90% et un temps de réponse qui dépasse les 15 minutes. De même, des dispositifs pour des applications dans le domaine environnemental tels que la détection et l’identification des gaz (CO2, H2S, NO2, etc.), des polluants organiques (Benzène, Toluène, etc.) et des métaux lourds (Cuivre, Plomb, Cadmium, Arsenic, etc.) reste un problème majeur pour la protection de la couche d’Ozone, le réchauffement climatique, la contamination de la flore et de la faune. La GC-MS reste la technique classique de référence pour les analyses des gaz et des polluants organiques dans l’air. Pour l’analyse de l’eau, la bonne pratique de l’échantillonnage conditionne en très grande partie la fiabilité, la comparabilité des données de mesure et l’interprétation.
D’une façon générale, le développement des dispositifs miniatures (ou plateforme portatives) à faible coût pour des applications biomédicales et environnementales suivant les normes posent encore de problème de faisabilité et de fiabilité en Tunisie. La majorité des travaux en laboratoire de recherche ne sont pas en concordance pour les applications industrielles vue la complexité de détection et identification dans des milieux complexes. Le manque des entreprises en recherche et développement dans les domaines des dispositifs de détection et identification, assemblage, intégration automatisée, encapsulation et technologie micro fluidique est un handicap criant. La recherche scientifique en nanotechnologie et en microélectronique apportera-elle un jour une réponse au développement des dispositifs miniatures (et des nano-objets, des plateformes portatives) à faible coût pour une utilisation in vivo (ou in vitro) en médecine et pour une analyse en temps réel et sur site des polluants ? Les normes ISO 17025, ISO/IEC JTC 1/SC25, NF EN ISO 5667-3, NF EN 60584, NF EN 61515, ISO 10993-18, ISO 10993-5, ISO 10993-20, ISO 10993-8, ISO 10993-22, ISO/DIS 22916, etc. sont des normes à respecter à nos jours.
La Tunisie qui a misé sur la recherche scientifique pour la formation doctorante depuis longtemps, et malgré les centres de recherche scientifique existants et les moyens disponibles, elle n’a pas pu se placer dans la course au vaccin, au développement des kits rapides pour la Covid-19 et au développement des dispositifs miniatures pour le contrôle de la qualité de l’air (aussi la qualité de l’eau). La Tunisie pourra revoir sa stratégie dans la recherche scientifique au sein de ces centres de recherche pour une meilleure ouverture socio-économiques et une valorisation réelle. Certaines thématiques ne sont plus d’actualité (vu le retard pris) et en plus on ne sera pas compétitifs devant des géants industriels (Siemens, Alcatel, Samsung, Intel, STM-microélectronique, SAGEM, SOLARWATT, ALEO-Solar, etc.).
La priorité de demain pour la Tunisie en matière de recherche scientifique est la recherche clinique et pharmaceutique, l’agriculture et la défense (sécurité nationale au sens large). Un partenariat avec les entreprises pharmaceutiques de renommé pourra donner lieu à une impulsion à la recherche clinique et pharmaceutique en Tunisie. Notre pays dispose des compétences en médecine qui sont les catalyseurs d’une recherche scientifique valorisante pour le développement des médicaments, des vaccins, des produits cosmétiques, exploitation de l’huile essentielle, etc.…. L’accréditation des centres de recherche et la création des «clusters d’ingénierie» pluridisciplinaires sont d’une grande urgence pour une recherche de qualité selon les normes en vigueur. La mise en place d’un réseau d’écoles d’ingénieurs, des laboratoires et des centres de recherche connectés s'avèrent d’une nécessité certaine pour une Tunisie verte et numérique.
Prof. Dr. Adnane Abdelghani
INSAT
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