Ahmed Elleuch : Pour plan résolu de développement immédiat de la Tunisie
Par Ahmed Elleuch, consultant en gouvernance environnementale et sociétal. Après avoir «accompagné» le parcours du développement économique de mon pays, depuis un peu plus de 25 ans, j'ai constaté à mon retour, après avoir bouclé mes études d’ingénierie en République Fédérale d’Allemagne que les orientations stratégiques de la Tunisie en matière de promotion de son économie et en particulier l’industrie, n’étaient pas judicieuses. Il faut dire que les gouvernements, qui se sont succédé au pouvoir, depuis plus de trois décennies et même depuis les années 80, n’ont pas pu valoriser l'atout géostratégique de la Tunisie, un atout qui est envié par les plus grandes puissances économiques mondiales, mais qui n'a pas été exploité en raison d'une rigidité politique et d'un manque d’imagination et d’une vraie pensée systémique de nos dirigeants.
Nous avons bâti notre développement socio-économique sur des réglementations économiques, basées sur des marchés à faible valeur ajoutée comme les textiles, la fabrication de faisceaux électriques, le tourisme de masse et j’en passe, etc. qui se révèlent aujourd’hui et même depuis très longtemps, dépassés, et non rentables, du moins sur le plan microéconomique.Nous avons eu une opportunité unique à prévaloir, après la révolution de 2011, qui avait essentiellement une connotation sociale, de changer notre logiciel économique, mais d’autres préoccupations idéologiques... nous ont éloignés de l’essentiel, celui de l’amélioration de la situation socio-économique de notre pays.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons devant un «pupitre» où tous les voyants économiques sont au rouge...Que faire ?
De par ma modeste expérience dans les domaines du développement stratégique d’économies émergentes, la Tunisie se doit de changer rapidement de cap et se repositionner par rapport à la nouvelle donne économique mondiale, en particulier celle du post covid.
Pour me résumer, le plan de résolution de développement «immédiat» de la Tunisie devra se focaliser, cette fois-ci, sur des secteurs bien précis et sans aucune ambiguïté, à savoir:
1) La logistique maritime à grande échelle, pour être au service du commerce mondial (le futur déclin des échanges avec la Chine oblige!) et faire valoir son exceptionnelle position géographique. On pourra s’inspirer des hollandais et de leur expertise, via même la coopération bilatérale ! (port de Rotterdam et ses dispositifs logistiques et de manutention). La Tunisie aura, notamment, à travers cette méga plate-forme commerciale, des facilités et des avantages de compétitivité pour booster davantage ses exportations
2) L’industrialisation et la modernisation de notre agriculture et le développement du secteur agroalimentaire en favorisant les productions biologiques et la conformité aux normes internationales. Beaucoup d’emplois pourraient être absorbés par ces secteurs, en particulier l’agriculture restructurée, avec une meilleure reconstitution de ses chaînes de valeur !
3) Renforcer l’industrie pharmaceutique et l’industrie de fabrication d’équipements médicaux et des produits sanitaires
4) Encourager l’industrie numérique «locale» (Made in Tunisia)
5) Accélérer le développement des énergies renouvelables, alternatives, en particulier dans les régions rurales, reculées du pays.
6) Accélérer la jonction des régions de l’est avec celles de l’ouest du pays avec une infrastructure digne de l’époque que nous vivons (routes express et/ou des autoroutes)
7) Promouvoir des projets de Partenariat Public Privé (PPP), en particulier dans le domaine de l’enlèvement et le traitement/valorisation des déchets ménagers et le traitement des déchets, dits dangereux.
Par ailleurs, les secteurs «traditionnels» comme le tourisme, les textiles, la fabrication des faisceaux électriques et autres, etc. continueront bien sûr à faire leurs chemins en développant de nouvelles niches plus porteuses de valeurs ajoutées.
8) Une dernière proposition institutionnelle, qui consiste à fusionner la santé publique et l’environnement en un seul ministère pour créer un super-ministère avec un budget conséquent, un peu similaire au modèle allemand (la GIZ pourrait être d’un appui précieux dans ce domaine).
In fine, notre chère Tunisie mérite un avenir plus radieux, digne de son Histoire.
Ahmed Elleuch
Directeur du bureau Viverdis
Consultant en gouvernance environnementale et sociétale
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