Hakim Gabtni - Relance de la R&D post-Covid-19: Les usines embarquées en mer de mise en bouteille d’eau potable
Par Hakim Gabtni, Professeur des Universités en Géosciences - Comment envisager, en Tunisie, la recherche-développement (R&D) post-Covid-19? Secouant les grandes nations du monde, cette crise a particulièrement inféré une prise de conscience aussi bien à l’échelle internationale que nationale afin de promouvoir la recherche scientifique. Il est plus qu’évident actuellement que notre salut passe obligatoirement, et je dirai seulement, par une recherche scientifique revisitée allant rapidement vers une recherche-développement spécifique adaptée totalement aux maux et aux sollicitations socio-économiques du pays et développant des solutions innovantes et applicables (ce qu’on appelle en Corée du sud l’« Agressive Innovation »).
La sécurité hydrique comme axe stratégique prioritaire
Comment oublier que l'eau est le premier des trésors puisque c'est d'elle que dépend toute vie? Comment ne pas comprendre que ce trésor, nous l'avons en partage, pour le meilleur et pour le pire?" (Erik Orsenna).
Un des axes stratégiques prioritaires fixé par le gouvernement tunisien est la sécurité hydrique (tout comme la sécurité alimentaire et énergétique) qui devra susciter un maximum d’intérêt. Véritable produit d’un esprit R&D, je citerai ce petit exemple d’actualité pouvant être transposable et améliorable dans nos contrées. Cet exemple peut ouvrir de nouveaux horizons d’investissement dans le secteur de l’eau de mer drainant ainsi de jeunes diplômés afin d’implanter leurs startups.
Les usines embarquées en mer de mise en bouteille d’eau
Garante d’une richesse en oligo-éléments et en magnésium, la marque espagnole Refix (https://refixyourself.com/) commercialise depuis longtemps une eau de source contenant plus de 20% d’eau de mer extraite à 4m de profondeur et à environ 70m des côtes au niveau d’une région protégée en Espagne. Récemment, en France, une usine embarquée en mer de mise en bouteille d’eau a lancé sa chaine de production à grande échelle en grande pompe et à grand bruit.
De fait, le secteur d’eau minérale et de mise en bouteille s’est bien développé dans le monde (en particulier en Tunisie) durant les deux dernières décennies sollicitant d’une façon excessive les aquifères d’eau généralement faiblement rechargés et vulnérables (comme les aquifères carbonatés). Comme exemple de solution alternative, l’idée d’usines embarquées en mer de mise en bouteille d’eau potable a vu le jour récemment. Le navire embouteilleur d’eau, appelé aussi « Marine Bottling Plant », produit de l’eau potable à destination des clients du monde de la boisson ou de la distribution. Il envisage à court terme une production atteignant les 750000 bouteilles par semaine.
La société OFW Ships (voir plus de détail sur https://www.ofwships.com/) s’appuie sur sa technologie développée dans un esprit R&D. Le bateau puise en haute mer méditerranéenne de l’eau froide à plus de 300m de profondeur. Cette eau est démunie de bactéries et riche en minéraux. Cette usine embarquée œuvre aussi à minimiser le coût énergétique (gain énergétique par rapport à la différence de température au moyen de l’eau froide extraite des profondeurs) et à respecter les normes environnementales en vigueur. La technique innovante afin de produire de l’eau potable repose sur un filtrage sélectif gardant les oligoéléments bénéfiques. Bouclant la chaine de production, très prisés, les résidus de sel, sont même en partie acheminés aux grands restaurants. Un seul navire peut produire et livrer jusqu’à 2500 palettes d’eau embouteillée en une semaine tout en assurant sa qualité et sa traçabilité.
A suivre !
Hakim Gabtni
Professeur des Universités en Géosciences
CERTE, Tunisie
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Salut doc L'idée des stations de remplissage d'eau sur les navires est une bonne idée en termes de production et de qualité de l'eau produite. Mais la peur réside dans les impacts négatifs, peut-être, sur la vie environnementale. Et la vie marine Y a-t-il des garanties?
Oui Si Aymen Des normes doivent être respectées afin d'assurer "0" rejet et un fonctionnement à l'énergie renouvelable