Développement durable : signature d'une charte pour l'utilisation des combustibles alternatifs dans l'industrie cimentière tunisienne (Album Photos et vidéo)
Dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de promotion de la valorisation des déchets, une charte a été signée mardi 16 avril pour l'utilisation de combustibles alternatifs issus du recyclage des déchets dans les fours des cimenteries tunisiennes. La transformation des déchets, appelée coprocessing, permettra de: remplacer le coke de pétrole, améliorer la gestion des déchets industriels et ménagers, réduire l'émission des gaz à effet de serre et combler le déficit de la balance énergétique.
Les participants à cet événement sont Slim Feriani, ministre de l'Industrie et des PME, Samir Majoul, président de I'UTICA, Mohamed Ali Boughdiri, secrétaire général adjoint de I'UGTT, Ameur Laarayedh, député et président de la commission Énergie à l'ARP, Mme lnga Zachow, représentante de la GIZ et Andrea Salinelli, président de la Chambre Nationale des Producteurs de Ciment (CNPC), ainsi que certains ambassadeurs et les représentants des cimenteries tunisiennes.
Slim Feriani a déclaré : « L'industrie du ciment est caractérisée par une répartition géographique très avantageuse, lui permettant une proximité des gisements de matières premières, mais aussi des centres de consommation, ce qui lui confère des avantages compétitifs. De même et depuis 2007, le secteur a réussi sa politique de substitution du gaz naturel et du fuel par le coke de pétrole. En outre, la levée de la subvention sur les sources d'énergie a été progressive et opérée sur deux phases (Janvier et juin 2014). Ces performances ne doivent pas occulter les contraintes auxquelles cette industrie est confrontée telles que : la consommation excessive d'énergie ou encore la pollution de l'environnement (gaz à effet de serre). En effet, les coûts d'énergie nécessaires à l'exploitation, dépassent 40% des coûts de production. Les cimenteries sont en plus, de grands producteurs de dioxyde de carbone. Le renforcement des mesures pour l'utilisation rationnelle de l'énergie dans le cadre de notre politique d'efficacité énergétique, permettra de réduire la consommation d'énergie primaire, par rapport au scénario tendanciel, de 30% en 2030. La Tunisie s'est engagée, suite à la COP 21, à réduire l'intensité carbone de 41% d'ici 2030 par rapport au niveau de 2010. Et je saisis cette occasion pour remercier la chambre nationale des producteurs de ciment pour ses activités et son engagement consignés dans la charte de développement du secteur, visant: le développement durable, l'économie circulaire, la réduction des gaz à effet de serre, le respect des dispositions réglementaires concernant l'environnement, la santé et la sécurité, mais aussi, l'adhésion à la politique de l‘État en matière de RSE »
Quant à lnga Zachow, représentante de la GIZ, elle a déclaré: « La GIZ, la coopération allemande du développement, appuie les programmes de l'État tunisien dans les domaines de l'environnement, et plus précisément du changement climatique et de l'Énergie depuis plus de 25 ans. La GIZ a mis en place et continue à mettre en place de nombreux projets et programmes, comme en ce qui concerne les ressources en eau, l'agriculture, la gouvernance et la création d'emplois. La Tunisie, avec sa politique proactive, a réalisé beaucoup de progrès dans ces domaines, avec les objectifs de son plan solaire, mais aussi avec les objectifs de son NDC, sa contribution déterminée au niveau national en termes de réduction des gaz à effet de serre, contribuant ainsi aux efforts de la lune contre le changement climatique. C'est dans ce cadre que la GIZ, avec ses partenaires nationaux et internationaux, a appuyé le secteur cimentier à développer sa stratégie bas carbone visant la réduction des émissions à travers l'investissement dans les technologies innovantes, favorisant l'emploi et rejoignant les objectifs socio économiques. L'utilisation des combustibles alternatifs permettrait d'atteindre ces objectifs à travers la réduction de la consommation énergétique et la réduction de la facture énergétique, mais aussi d'un autre coté la création de nouvelles filières prometteuses en termes de valorisation des déchets s'intégrant parfaitement dans l'économie circulaire et dans la nouvelle politique de gestion des déchets de la Tunisie, appuyée aussi par la GIZ. La GIZ, en tant que partenaire technique de référence dans ce domaine, continuera l'appui des différentes parties prenantes actives dans ce domaine par la réalisation des objectifs de développement durable avec une approche intégrée et participative ».
Le secteur du ciment tunisien représente une industrie stratégique pour les secteurs du bâtiment et de l'infrastructure. Avec 9 usines, dont une pour le ciment blanc, réparties sur tout le territoire tunisien, le secteur dispose d'une capacité de production de 12.5 millions de tonnes de ciment, une production totale de 9 MT et une demande nationale stagnante d'environ 7,s MT. II est important de noter que le secteur de l'énergie est non subventionné. L'utilisation des combustibles alternatifs par les fours à ciment, couramment désignée par CO-processing, représente une solution écologique, locale et pérenne pour la valorisation de trés nombreux déchets. Reconnue comme l'une des meilleures techniques disponibles de valorisation des déchets ultimes après un processus de traitement et de transformation des déchets, le CO-processing en cimenterie a fait ses preuves depuis plus de vingt ans en Europe. Aujourd'hui, plus i de 40% de l'énergie thermique utilisée par les cimentiers européennes provient du CO-processing. Cette proportion dépasse même les 60% dans les pays les plus avancés dans ce type de valorisation comme la Belgique ou l'Allemagne.
En signant sa première charte volontaire en 2007, le secteur a marqué sa volonté d'inscrire le développement durable dans ses priorités. Ainsi, malgré son profil énergivore, les indicateurs énergétiques du secteur sont maîtrisés et restent dans la fourchette des benchmarks européens. Depuis 2007, les cimenteries tunisiennes ont consacré plus de 100 millions d'euros aux investissements matériels et immatériels visant la diversification des sources d'énergie autorisées par l‘État.
En 2012, avec l'appui de I'ANME et la GIZ, le secteur cimentier tunisien a entamé une réflexion et des concertations approfondies destinées 2 soutenir la réalisation des objectifs d'atténuation des émissions de gaz 2 effet de serre inscrits dans la Contribusakation Nationale de la Tunisie à la lutte contre les changements climatiques - CDN. Ces concertations ont débouché sur l'élaboration d'un plan d'action susceptible de contribuer à hauteur de 15% des objectifs nationaux d'atténuation inscrits dans la CDN, et d'éviter à l'horizon 2030 l'équivalent de 350 millions de dinars d'importations énergétiques annuelles.
A l'occasion de la conférence du 16 avril 2019 organisée par le secteur cimentier, les opérateurs du secteur réitèrent leur engagement irréversible en faveur du développement durable et leur soutien à l'économie circulaire, en signant une nouvelle charte encore plus ambitieuse. Grâce à son plan d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre, et en particulier l'utilisation des combustibles alternatifs, le secteur cimentier baisserait significativement ses coûts de production. Outre le maintien des bas niveaux des prix du ciment au bénéfice des secteurs du bâtiment et de l'infrastructure tunisiens, l'amélioration de la compétitivité du secteur ouvrirait de nouveaux horizons à l'exportation, pouvant se chiffrer à l'équivalent de 400 millions de dinars d'entrées en devises par an. Cette hausse des exportations générerait la création d'environ 1000 emplois directs et 8000 emplois indirects.
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