Une première spatiale : le module Chinois Chang’e-4 se pose sur la face cachée de la lune !
Jeudi 3 janvier 2019 au matin, Wang Kedong et son équipe de l’Université Aérospatiale de Beijing pouvaient enfin pousser un soupir de soulagement: la fusée Chang’e 4 - baptisée du nom de la déesse chinoise de la Lune– un véhicule robotisé (rover) venait d’alunir, sans dégât, sur la face cachée de la Lune, à 10h22 (heure de Beijing). Une première mondiale car si l’URSS et les Etats Unis ont fait alunir des engins sur la face visible de notre satellite, la Chine l’a également fait en 2013. Pour la face cachée, elle est la première à réaliser pareil tour de force.
«Campé !» disent les Chinois trinquant à cet exploit, une première spatiale mondiale.
«Campé» encore pour les progrès fulgurants de la deuxième puissance mondiale s’agissant de l’exploration spatiale. Pour Francis Rocard, du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES, France), «le secteur spatial chinois s’impose comme l’un des plus dynamiques au monde.»
Lancé par Mao en 1956, le programme spatial chinois vient donc de réaliser une prouesse. Du reste, dès sa prise de fonction en 2013, le Président Xi Jinping déclarait : «Le rêve spatial fait partie du rêve qui veut rendre la Chine plus forte.» (The New York Times, 4 janvier 2019)
L’engin avait été lancé dès le 7 décembre dernier au moyen d’une fusée Longue Marche 3B depuis la base de lancement de Xichang (sud-ouest) et il tournait autour de la Lune depuis le 13 décembre. Equipé de panneaux solaires lui permettant de recharger ses batteries, le rover possède six roues, une caméra et un radar lui permettant d’étudier les structures géologiques du sous-sol et de cartographier l’énorme cratère von Karman, photographié déjà en 1959 par les Soviétiques.
La mission chinoise vise à déterminer «s’il y a des métaux, des composés organiques et minéraux à la surface de la Lune. Ou encore, quelle quantité d’eau est présente dans le régolithe lunaire [couche de poussière produite par l’impact des météorites]. La structure géologique du sol lunaire est apparemment très différente de celle qu’on voit sur la face visible depuis la Terre. En l’étudiant, on va pouvoir savoir davantage sur la formation de notre satellite naturel» déclare Athéna Coustenis, directrice de recherche au CNRS et présidente du comité européen des sciences spatiales (L’Humanité, 4-5-6 janvier 2019, p. 12).
De plus, le rover chinois va mener des expériences sur la culture de tomate et de pomme de terre ainsi que sur des vers à soie. Les Chinois ont prévu bien sûr de l’eau pour faire pousser ces plantes sous l’œil d’une caméra qui enverra les images à la Terre. Le but ultime est d’installer une base spatiale sur notre satellite pour étudier les confins de l’Univers et d’«écouter l’espace profond, protégé de la pollution radio de la Terre.»
Comme la loi américaine interdit toute collaboration avec le programme spatial chinois- car placé sous l’égide de l’armée populaire- les Hollandais ont fourni une des antennes qui permettra de communiquer via le satellite Queqiao (Le pont de la pie) lancé en mai dernier derrière la Lune, les Chinois ayant construit la seconde. Pour Heino Falcke, professeur de radioastronomie et de physique des astroparticules à l’Université Radboud (Pays-Bas), les Chinois vont permettre de découvrir «un nouveau continent, c’est comme Christophe Colomb qui découvre l’Amérique» et il espère qu’on placera «un radiotéléscope sur la Lune qui permettra d’étudier les premiers temps de l’Univers» (Le Monde, Science et Médecine, 9 janvier 2019, p. 2).
Rappelons qu’en octobre 2003, l’Empire du Milieu avait lancé son premier vol habité par l’astronaute Yang Liwei devenant ainsi la troisième puissance avec la Russie et les Etats Unis dans ce type de vol.
Depuis, on compte 11 astronautes chinois dont deux femmes. La Chine compte envoyer des taïkonautes sur la Lune en 2036 et conquérir la première place dans l’exploration spatiale en 2049. Mais Trump a lancé la guerre des étoiles cet été et forme une force armée spatiale. Le Dragon chinois se laissera-t-il faire ? N’a-t-il pas envoyé en 2018, 39 fusées dans l’espace alors que l’Oncle Sam n’en a catapulté que 31, que l’Ours russe 20 et l’Europe 8 ?
Ou sont les Arabes ?
Cet exploit chinois doit nous interpeller….La République de Chine ne date que de 1949. Cet immense pays a été longtemps humilié, colonisé, occupé, charcuté, enveloppé dans l’opium par le Japon, la France, la Grande Bretagne. Il s’en est relevé.
Par le travail, la Science, la discipline et l’amour de la patrie.
Il faut imaginer le nombre de physiciens, d’astronomes, d’ingénieurs, de chimistes, d’informaticiens… derrière cette aventure. En juillet 1969, pour fouler le sol lunaire, les Etats Unis ont dépensé 2% de leur PIB et fait appel à dix millions d’Américains.
Le monde arabe a du pétrole mais où sont les idées ? Les Arabes- de l’Egypte à l’Arabie Saoudite- ne font qu’acheter des armes, toujours des armes, encore des armes et les politiques répressives, les idées rétrogrades sur la Terre plate et immobile, la misère des Universités et la fuite des cerveaux montrent la distance… sidérale qui nous sépare des Chinois. Pour emprunter aux Chinois, nous ne regardons pas la Lune …mais le doigt ! Jusqu’à quand ?
Les Arabes seront-ils en mesure de rejoindre les Chinois ? Arrêteront-ils d’interroger le Ciel pour y découvrir le Croissant sur les hauteurs?
Oui, peut-être, quand leurs dirigeants comprendront enfin la parabole d’Abdalluh Ibn al Moukafaâ (724-759) qui disait: ««l’intellectuel ressemble à l’éléphant dont la beauté ne se remarque que dans deux cas: dans la savane, où il vit à l’état sauvage, et lorsqu’il sert de monture aux rois.»
Donnons la place qui sied à nos intellectuels, nos scientifiques, nos savants et nos experts si nous voulons sortir de l’ornière…pour emprunter la Route de la Soie qui conduit au Savoir et à des réalisations comme Chang’e-4.
Mohamed Larbi Bouguerra
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