Dr Slaheddine Sellami - Nouveaux hôpitaux, nouvelles cliniques : les fausses pistes de la politique de santé en Tunisie
Une série de fausses pistes risquent d’embarquer la stratégie de santé en Tunisie sur des dérapages préjudiciables. L’excitation des décisionnaires politiques à promettre et lancer de nouveaux hôpitaux, de grandes capacités, partout dans le pays, en est un bel exemple. Encore, plus édifiant, s’agissant de projets qui n’obéissent à aucun critère sérieux quant à la nécessité, la taille et la vocation. D’un autre côté, la frénésie de promoteurs privés à édifier de nouvelles cliniques, sans s’insérer dans une vision globale ou répondre aux vrais besoins d’une médecine nouvelle et d’un autre type de prise en charge des patients, nous interpelle elle aussi. S’obstiner à ne pas regarder la réalité en face, et persister dans des erreurs stratégiques plomberont lourdement le secteur.
J’ai longtemps hésité à partager avec vous mes réflexions sur ces questions. Mais, mon attachement à ce secteur auquel j’ai consacré toute ma vie active depuis mon jeune âge d’étudiant en Médecine, puis toute ma carrière hospiatlo-universaitaire et à présent en libre pratique, m’a incité à ouvrir ce dossier et lancer avec vous le débat indispensable.
Partout dans le monde, on assiste à la fermeture de services hospitaliers et même d’hôpitaux entiers, pour allouer les moyens à d’autres. C’est ainsi qu’en France 10 000 lits d’hôpital ont disparu. La tendance en Tunisie est à l’inverse. On relève, ces dernières années, des annonces quasi-quotidiennes de construction de nouveaux hôpitaux. Ceux qui tiennent ces promesses et oeuvrent à leur réalisation n’ont en fait d’autres scoucis que de plaire aux populations, à certains professionnels ou aux élus. Il ne tiennent nullement compte de la rentabilité, de l’intérêt ou de la dimension appropriées de ces hôpitaux.
Ces trois données fondamentales qui justifient pareils projets, n’ont jamais été rigoureusement évaluées par les décisionnaires. De toute manière, ils savent bien qu’ils ne seront probablement pas en fonction, à la tête du ministère, le jour où il faudra trouver les moyens nécessaires au fonctionnement de ces hôpitaux .
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Mon Cher SLAH, depuis combien de temps avons-nous cela et à combien de ministres l'avions-nous expliqué en y ajoutant le changement quant à la redistribution de la démographe médicale et paramédicale? mais les quelques rares ministres qui commençaient à comprendre n'ont jamais eu le temps de lancer un programme... à peine ébauché. Mais il faut aussi avouer que nous sommes indirectement complices en ayant favorisé les recrutements dans les services des CHU de médecins et des spécialistes de santé publique en attendant leur participation aux concours aux postes en CHU , alors qu'il fallait les obliger à aller en hôpitaux régionaux de qualités mais quasiment déserts et dont les équipements sont devenus obsolètes sans avoir été utilisés!!! et ça continue!!!
rien ne vaut un constat d'un professionnel averti
Bravo,Dr. Sellami. Je partage entièrement votre analyse pertinente et clairvoyante de l'état du secteur de santé ds notre pays et de l'amateurisme,teinté de populisme,par lequel certains politiciens en quête de notoriété cherchent à" résoudre" les vrais problèmes de la santé qui se posent à la population tunisienne et notamment aux couches les plus démunies.A bon entendeur...
Bonjour. C est tout à logique les propos du Dr sallami,un exemple édifiant : la compagnie de phosphate de gafsa a offert une machine Coeur poumon qui sert à faire des opérations à Coeur ouvert à l hopital regional de gafsa cette machine coûte aux alentours de 450000 dinars ,tout les radio et télévisions ont amplement félicités cet acte ce n est pas du populisme. On ne fait de la chirurgie cardiaque qu à tunis ,Sfax ou Sousse ,je vous assure et vous pouvez vérifier que cette machine n a jamais et ne vas jamais être utilisée ,on aurait pu offrir avec cette somme d autre matériel ( pour la chirurgie viscérale,orthopédique,laboratoire ou radiologie) c’est vraiment dommage
Je suis tout a fait de votre côté cher confrère! Encore plus désastreux est l’absence totale de vision et de données réelles pour éclairer celle ci au sein du ministère de la santé! lors de mes brefs passages récents, je n’ai vu que frénésie, réactivité irréfléchie, et actions totalement invertébrées! Il n’y aucune structure de communication et toutes les débâcles sont communiquées ad-hoc non pas sur le site web officiel du ministère, mais plutôt sur (tenez-vous bien) Facebook! Il est d’autant plus lamentable qu’inacceptable qu’en 2018, nos 3 derniers ministres de la santé et les gouvernements qui les ont pondus, soient la définition même d’une étude nationale a double aveugle! Le gouffre est d’autant plus profond que certaines des ces mêmes décisions incompétentes que vous décrivez si bien, nous feront plus de mal que de bien. Il est grand temps que les gens compétents comme vous élèvent le ton et le debat a ce niveau! Merci encore pour vos réflexions!
Excellent article
... Très intéressant comme article ... des idées bien étayées...Mais on ne peut y adhérer complètement compte tenu du manque, toujours persistant, d'infrastructures hospitalières dans les régions défavorisées... Par ailleurs j'ai regretté le fait que que vous n'ayez pas suggéré de mieux gérer les hôpitaux existants au lieu d'en construire des nouveaux. Mais, cela suppose que vous étaliez au grand jour toutes les pratiques mafieuses, les vols, le laisser aller, le népotisme, l'absentéisme, ... rencontrés dans ces institutions ...
Cela fait des années que nous nous égosillons pour rien. leur politique consiste à poser des premières pierres et à inaugurer!!
Je partage en grande partie votre analyse sauf qu'elle est a mon avis incomplète, il faut s'attaquer au problème de fuite des médecins vers le secteur privé et vers l'étranger sans exercer dans le public au mois pendant 5 ou 10 ans. La réforme doit commencer par l'orientation post bac en instaurant un système de quota regional pour les postes médecine (cela va permettre a terme de former plus de medecins issus de l'intérieur qui accepteront plus facilement une affectation dans leurs regions dorigine) avec un minimum de miyenne exigé (14.5 par ex). Ensuite tous ceux qui veulent se spécialiser et se former dans les CHU tunisiens sur des malades tunisiens doivent tout dabord signer un engagement d'exercice minimum de 10 ans dans les hôpitaux publics. Bien sur je ne vais pas parler de l'APC et de l'abus dans son exercice et son effet sur les retards de RDV pour les pauvres malades tunisiens. Le plus important c'est q'une prise de conscience s'impose aujourd'hui et que enfin on regarde la réalité en face sans égoïsme. C'est la tunisie qui nous unit soit nous sommes a la hauteur pour laisser a part nos intérêts personnels et proposer réellement les vrais solutions soit on continue a essayer de ne pas s'attaquer aux vrais problèmes pour protéger les intérêts des uns et des autres et on ne léguera que des problèmes a nos enfants et aux générations futures et on aura mérité ce qu'ils diront de nous.