News - 20.04.2016

Les Journées patrimoniales tunisiennes de Paris ou le patrimoine Tunisien revisité

Les Journées patrimoniales tunisiennes de Paris ou le patrimoine Tunisien revisité

Le Laboratoire du patrimoine de la Faculté des Lettres, des arts et des humanités de la Manouba et la Fondation Maison de Tunisie, dirigée par Imed Frikha, organisent à Paris à la fin de la semaine (22 et 23 avril), les Journées du patrimoine tunisien sous le thème « Patrimoines de Tunisie, Mémoire du temps, miroir du présent ». Cette rencontre, à la fois scientifique  et culturelle, se tiendra à la Cité Internationale   sous le haut patronage du Président de la République, Béji Caïd Essebsi.

La Tunisie au miroir des chercheurs des deux rives ou un patrimoine en partage

Elle  verra la participation d’une pléiade d’universitaires et chercheurs des deux rives de la Méditerranée, spécialistes du  patrimoine  de la Tunisie et de son histoire comme Habib Kazdaghli, doyen de la Faculté des lettres, des arts et des humanités,  Abdelhamid Larguèche, directeur du laboratoire du patrimoine dans la même institution et les enseignants chercheurs Samira Sehili, Cyrine Ben Ghachem et Boutheïna Ben Baaziz, etc. . Ils interviendront lors de la première journée au cours de laquelle les communications et les débats, regroupés autour du  thème : « Patrimoines tunisiens  à la croisée des chemins », tourneront autour du   patrimoine monumental, archéologique et culturel d’une Tunisie plurielle et trois fois millénaire.  Les intervenants feront un bilan de l'actualité de la recherche sur le patrimoine pluriel de la Tunisie aussi bien dans les universités tunisiennes que dans les universités françaises.  Un regard sera également porté sur les monuments qui seront proposés pour être inscrits dans la Liste du Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO.  Il sera  également question de l'état des recherches sur l'histoire des différentes  minorités et communautés ayant vécu en Tunisie et du parcours accompli  sur le chemin de l'élaboration d'un mémoire plurielle.

Du côté nord de la rive, les organisateurs ont invité l’historienne Lucette Valensi, co-auteur avec Monique Goffard et Jacques Chemla  du livre « Un siècle de céramique d’art en Tunisie. Les Fils de Jacob Chemla, Tunis », qui sera présenté aujourd’hui à Tunis. Cette présentation  sera suivi, lors des prochains jours  (26 avril – 8 mai) » au Palais d’El Abdellia,  de  l’exposition éponyme « Aouled Chemla »  qui présentera  les créations des fils de Jacob Chemla, frères de Lucette Valensi  et le  riche patrimoine des qualline tunisiens,  carreaux de céramique des ateliers de la ville de Tunis. Hasard ou préméditation, la rencontre parisienne a son pendant à Tunis comme pour symboliser les liens puissants qui unissent les Tunisiens de Tunisie et les Tunisiens de la diaspora qui ont une histoire commune à partager. La sociologue Michèle Muscat, dont le conjoint est un descendant des Maltais émigrés en Tunisie et  auteur du livre «  l’héritage impensé des Maltais de Tunisie » a également été convié à ces journées   ainsi que des romanciers  natifs de Tunisie comme Nine Moati ( « Les belles de Tunis »), Claude Rizzo ( « Le maltais de Bab El Khadra »), Rosaire Di Stefano ( « Au flanc de Boukornine ») dont notre pays  été la muse, qui sont restés nostalgiques de la terre natale et qui ont exprimé cette nostalgie à travers des romans autobiographiques édités en France. Ces chercheurs et ses romanciers interviendront lors de la seconde journée «  La Tunisie au miroir de l’autre rive » consacrée à l’image de notre pays  de l’autre côté de la Méditerranée où  il est vue à travers les représentations romanesques des écrivains invités et scruté au miroir de la recherche historique. Le premier débat intitulé «  La Tunisie à travers l’écriture romanesque sera animé par la journaliste Maha Abdeladhim qui présentera les romanciers. Le second  débat autour de «  La Tunisie dans les écrits des historiens » sera, quant à lui, dirigé par le doyen Habib Kazdaghli et montrera à quel point la Tunisie est un devenue un objet de recherche scientifique notamment en histoire, une  histoire qui cherche  à étudier les fragments de la belle mosaïque qui  composent notre pays (les juifs, les Maltais, les Français etc...).

Comme pour illustrer cette diversité, cette pluralité et le rôle fondamental du patrimoine comme un fort marqueur de notre identité plurielle, les organisateurs ont monté l’exposition «  Sacrée Tunisie ». Le titre choisi  joue sur les deux sens de l’adjectif  « sacré », celui « relatif au domaine religieux » et sur la valeur de  renforcement de l’admiration que permet l’antéposition de l’adjectif, admiration suscitée par cette diversité. L’exposition est par ailleurs sous-titrée « diversité des formes, humanité du message »  et retrace par l’image, à travers les âges, les multiples formes revêtus par le sacré  sur le territoire tunisien    et les «  rapports de l’homme au sacré sur la longue durée » selon la formule usitée dans l’argumentaire des journées. A travers la diversité religieuse et l’unicité du sacré, l’exposition veut montrer   non seulement que la religion n’est qu’ une forme d’administration du sacré, comme pour conjurer les démons du fanatisme, mais aussi les pans d'une histoire diversifiée et plurielle et ses mérites pour le présent et pour l'avenir d'une Tunisie se présentant avec une identité multiple, fière de son passé et ouverte sur le monde.

Le moment fort de ces journées sera la décoration par un responsable tunisien, dans la soirée du 22 avril d’une douzaine de personnalités françaises, amies de la Tunisie ou natives du pays pour leur contribution à la consolidation des relations franco-tunisiennes.

Signification du partenariat avec la Maison de Tunisie

Nous ne finirons par cette présentation des journées patrimoniales tunisiennes à Paris sans rappeler que le partenariat entre la Maison de Tunisie et le laboratoire Patrimoine de la Faculté de la Manouba est en passe de devenir une tradition. C'est la deuxième fois, en effet,  que le laboratoire du patrimoine et la Faculté des Lettres de la Manouba mettent en place un partenariat avec la Fondation de la Maison de Tunisie à Paris. La première organisation d’une manifestation commune a eu lieu à  l'occasion du 60ème anniversaire du retour de Bourguiba de son exil forcé, retour qui a ouvert la voie à l'indépendance de la Tunisie, à la mise en place de la construction d'un Etat moderne ayant des rapports d'égal à égal avec l'Etat colonisateur et qui a su construire des relations basées sur le partage des valeurs de liberté, de justice et de  tolérance annoncées par la grande Révolution française.

L’organisation des journées à Paris vient  de l’idée  que les commémorations importantes ne devraient pas se limiter au sol national et du désir d’en faire des occasions  pour le partage d’une réflexion autour d'un passé commun dont l’étude ne pourrait se faire que dans le partage et non dans le ressentiment.

 C'est dans le même cadre que s'inscrivent les journées du patrimoine tunisien à Paris  prévues pour  les 22 et 23 avril 2016. Il s'agit de continuer l’expérience réussie en 2015  et de faire de la Maison de la Tunisie, un lieu et un carrefour de rencontres entre la Tunisie actuelle et tous ceux et celles qui s'en réclament, par la pensée, par le cœur, par la raison. Le doyen Habib Kazdaghli, l’un des organisateurs de la rencontre, ne nous a-t-il pas  déclaré à cet égard : « La Tunisie est un patrimoine commun qu'il faut sauvegarder, la Révolution de 2011 a fait vibrer les cœurs de tous ceux qui y vivent et ceux qui sont habités par la Tunisie. Le  message est double, en cette année 2016, année du soixantième anniversaire de l'indépendance : la Tunisie est un legs civilisationnel universel (avec ses trois milles ans d'histoire et ses différentes strates, etc.). Son  indépendance l'a mise sur l'orbite de la modernité (avec la généralisation des écoles, l’émancipation de la  femme, l’œuvre de justice sociale, etc.) ; la Révolution de 2011 l'a mise sur l'orbite de la modernité et de la démocratie et des valeurs universelles. En cette année du 60ème  anniversaire de l'indépendance, les universitaires, des intellectuels, les écrivais invités, saurant montrer que ce patrimoine est toujours là ».

Habib Mellakh
Universitaire et président de l’AMMC
 

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