Les travaux préparatoires du Dialogue National sur l’Emploi
Prévu initialement les 9 et 10 mars 2016, mais différé à cause des événements de Ben Guerdane , Le Dialogue National sur l’emploi en Tunisie a été annoncé pour le 29 du mois courant. Cependant les travaux préparatoires de cet événement tant attendu se sont déroulés durant trois jours du 15 au 17 mars à l’hôtel Le Palace, à Gammarth. Ces travaux ont été inaugurés par le chef du gouvernement accompagné par les représentants de l’Ugtt, l’Utica et l’Organisation Internationale du Travail en Tunisie. Le Ministère pilote responsable de cet événement et auquel incombe la responsabilité de ces travaux est celui de la Formation Professionnelle et de l’emploi. La cérémonie d’ouverture étant terminée, le ministre M. Zied Ladhari, s’est adressé aux participants dans une allocution brève et concise, qui n’est pas dans les traditions des politiques chevronnés, mais qui était de bon augure pour mettre tous les participants dans le bain et les stimuler dans leur travail. En deux mots, il a résumé l’organisation de ces journées de travail qui consistait en une répartition thématique comprenant 9 ateliers de travail, le second point et le plus intéressant est un énoncé de la tâche de chaque atelier. On s’intéressera surtout sur les travaux de l’Atelier cinq (5) qui aura une mission de dénicher des idées nouvelles dans le domaine de l’emploi.
L’idée maîtresse qui pourrait émaner de ces travaux est que notre pays regorge de richesses enfouies qui ne sont pas exploitées, mais qu'il est impératif de procéder à un changement de comportement de la part des intervenants sur le marché du travail : une volonté sans faille de la part de l’Etat pour limiter la corruption et pour assouplir les procédures administratives dans le domaine de la création des emplois ; une disponibilité des institutions régulatrices des opportunités d’emploi, dans les domaines de l’Etude, de la Formation et dans l’Accompagnement des projets et une conversion de la mentalité d’assisté, de la paresse et du partisan du moindre effort chez le jeune tunisien pour le préparer à la mentalité d’initiative et pour goûter aux plaisirs de l’effort personnel et de la réussite individuelle.
Ces travaux se sont articulés autour de 9 ateliers d’étude thématiques. L’objectif tel qu’il a été fixé par le ministre de l’emploi se résume dans les trois points suivants:
- établir un constat de la situation de l’emploi dans le pays.
- identifier les mesures concrètes et urgentes qui doivent être prises par le gouvernement pour amorcer une action réelle dans la création des emplois.
- concevoir les orientations générales à moyen terme nécessaires pour mettre en œuvre une stratégie d’emploi.
Les travaux de l’atelier 5 : ce groupe de travail avait pour mission de dénicher les secteurs d’activités capables de générer un grand potentiel d’emplois qui n’est pas exploité. Pour chaque atelier, le ministère a mis à la sa disposition des participants deux rapporteurs relevant de cette institution et un Chef d’atelier. Ce dernier est Mme Chaffai ex- Secrétaire d’Etat dans le Gouvernement de BCE et qui est actuellement la PDG de l’ONG Education for Employment. Une cinquantaine de participants étaient présents le premier jour, mais leur nombre s'est réduit en peau de chagrin au fil des heures et suite à des séances de discussion et d’un travail de réflexion assez pénibles. N’eut été la patience et la maîtrise de Mme Chaffai, très souple dans la conduite des discussions et des interventions parfois ombrageuses de quelques uns, le travail ne serait pas accompli à temps et ne serait pas accompagné d’une recette très riche en idées et en recommandations. Les participants à cet atelier de travail ont convenu dès le début de la séance de bien reformuler la tâche qui leur était impartie. Il devaient identifier les secteurs d’activités non exploités qui génèrent un grand potentiel d’emplois mais qui ne devaient pas impliquer directement l’Etat ou la fonction publique. En d’autres termes ce sont des secteurs privés utiles et bénéfiques à l’Etat mais qui sont en dehors de la fonction publique. L’Etat aura certes un rôle très important surtout dans la formation, l’apprentissage, le recyclage et la reconversion des demandeurs d’emploi. Il est ensuite utile de faciliter l’octroi de crédits pour les projets et dans leur accompagnement pour aider les jeunes prometteurs à surpasser les obstacles bureaucratiques et pour le convaincre de la poursuite des projets.
Les niches d’activités non exploitées: le groupe a pu identifier une liste exhaustive de secteurs non exploités qui pourrait attirer les jeunes et qui en retour offriraient à l’Etat de larges bénéfices. Ce sont des secteurs en majorité nouveaux donc adaptés à la jeunesse et aux demandes du nouveau marché. Parmi ces secteurs on citera :
- les Technologies de l’Information et des Communication (TIC) : il est possible de créer environ 100.000 emplois avant 2020. Une grande proportion pourrait être assurée dès les prochains mois après la formation, le recyclage ou la reconversion des demandeurs de travail. Selon les experts de ce secteur, qui ont participé à cet atelier, il existe plusieurs métiers ou spécialités qui ne sont pas l’exclusivité des ingénieurs ou programmeurs informaticiens. A titre d’exemple Il est possible de reconvertir un littéraire et l’injecter dans ce secteur d’activité. Il est aussi utile de former les jeunes prometteurs dans le secteur du markéting pour les aider à commercialiser leurs produits.
- l’agriculture : l’idée ici est de permettre aux jeunes désireux d’exercer dans ce secteur de créer un projet d’agriculture dans les terres domaniales étatiques qui ne sont pas exploitées. L’idée est de leur permettre une rente viagère et surtout de les rassembler en une « coopérative » d’exploitation agricole contrôlée par l’Etat qui offre l’assistance technique et qui s’assure de l’administration agricole pour une meilleure exploitation du projet collectif. Le bénéfice de l’exploitation revient entièrement aux exploitants. la raison de la rente viagère est pour ne pas laisser le domaine s’effriter s’il passe aux héritiers ou s’il est vendu. C’est aussi pour permettre au besoin une culture intensive.
- l’agroalimentaire : c’est un secteur riche si une nouvelle orientation pour la culture du biologique est initiée. L’industrie agroalimentaire en Tunisie pourrait prospérer si lle s’oriente plus vers la recherche de la qualité du produit.
- le textile : les infrastructures et l’expertise dans le secteur du textile sont disponibles. Encore une fois, les opportunités d’emploi et la réussite dans ce secteur sont tributaires de la qualité du produit fini. Ecouler ces produits à l’intérieur du territoire ou à l’étranger ne demande que des idées nouvelles et une empreinte de jeunesse capable d’innover la qualité de leurs produits.
- la sécurité privée : la jeunesse tunisienne est disposée à être employée dans la sécurité privée des personnes et des biens. la demande est très alléchante au vu des risques et menaces qui ne cessent de d'augmenter ces dernières années.
- D’autres secteurs inexploités offrent beaucoup d’opportunités d’emploi. On citera les secteurs des grandes surfaces, les Free lance et les bureaux d’études.
Recommandations des participants: les participants ont été unanimes sur un nombre de points sur lesquels l’Etat doit agir pour faciliter la création d’emplois. On citera la souplesse dans les procédures administratives et la limitation de la durée d’attente pour l’approbation des dossiers des demandeurs d’emploi. L’action est aussi nécessaire pour bien former, recycler ou reconvertir les jeunes pour adapter leurs compétences aux demandes du milieu des affaires. Mais on a insisté sur le mal qui rongeait notre société et notre économie : la corruption qui est de l’avis de tous les intervenants la raison essentielle qui étouffe dans l’œuf tous les projets des jeunes. Depuis la déposition des dossiers jusqu’à l’écoulement des produits, les loups assoiffés de sang et avides d’argent détruisent tout espoir de réussite de la jeunesse. Il est temps que cette maladie éradiquée et à tout le moins contenue.
Mohamed Nafti
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l'emploi ne se créera pas tout seul, il est conditionné par un code d'investissement et une loi de finance qui dépendent de la nouvelle conjoncture économique mondiale dont l'accroissement technique et scientifique dans tous les domaines est trop rapide