News - 11.02.2016

Economie: A propos du soi-disant ultralibéralisme de la Tunisie.

 Economie:  A propos du soi-disant ultralibéralisme de la Tunisie.
La Tunisie a été classée 114 ème sur 178 selon un indice mondial de liberté économique fait par des libéraux  américains  (http://www.heritage.org/index/ranking) qui n'ont aucun intérêt à surclasser ou à sous classer la Tunisie. Pour le libéral que je suis, c'est un comble d'entendre que la Tunisie, en queue de peloton, se voit accusée d'ultralibéralisme par des gauchistes qui aspirent à restreindre encore plus les libertés économiques.
 
Je propose aux lecteurs un rapide parcours théorique des composantes de cet index avec pour chacun d'entre eux, le classement de la Tunisie par rapport aux autres pays du monde.  Cela donne une bonne idée de l'ampleur des réformes à réaliser d'un point de vue libéral..
 
Ce qui est important de noter dans cet index est qu'il mesure le cadre jugé propice à la création de la richesse du point de vue libéral. Ce n'est absolument pas la mesure de la richesse. En théorie, rien n'interdit au pays le plus pauvre du monde de se retrouver en tête de l'index. Tout l'objectif des auteurs de l'index est de prouver qu'il y a corrélation entre la liberté économique (d'où le terme de libéralisme) dont jouissent les acteurs économiques et la richesse de leur  pays (PIB/habitant, taille du marché parallèle, innovation, etc).

Respect de la loi

Composante 1: Respect de la propriété privée: Rang 76 / 178 (ex aequo de 69 à 85)

Cette composante mesure la capacité d'un pays à garantir à ceux qui travaillent de profiter de ce dont pourquoi ils ont travaillé. Cet index mesure donc la capacité du pays à protéger contre l'expropriation et le vol.
Parmi les facteurs qui peuvent dégrader cette composante il y a aussi un système judicaire défaillant qui ne considère pas les citoyens comme égaux et où certains ont tendance à être un peu trop favorisés par des juges pas aussi justes que le voudraient l'idéal de justice.
Il y a aussi la capacité de l'Etat à faire respecter les contrats comme par exemple protéger l'entreprise contre les mauvais payeurs et autres arnaqueurs.

Composante 2: Liberté face à la corruption 81 / 178

La corruption gangrène un pays à tous les niveaux et finit par favoriser les acteurs économiques qui trichent et corrompent par rapport à ceux qui essayent de gagner leur vie honnêtement.
Plus il y a de législation, de licences, d'autorisations et d'étapes administratives et bureaucratiques à respecter et plus il y a d'opportunités de corruption. C'est mécanique.
Evidemment, la corruption agit à plusieurs niveaux. Aux petits fonctionnaires les petits pots de vins et aux gros fonctionnaire les gros pots de vin. Le clientélisme politique et le relations incestueuses entre la politique et les affaires fait qu'uniquement ceux qui sont proches du pouvoir bénéficient de ce dont tout le monde aurait du bénéficier..

Taille du gouvernement

Composante 3: Liberté face à la fiscalité: 118/ 178

Plus la fiscalité est élevée et plus la part que l'Etat prélève sur le revenu que les individus gagnent sont élevés. Il faut évidemment tenir compte de toutes les taxes et de toutes les formes d'imposition comme les charges patronales, la TVA,  les petits timbres ici et là, les petites taxes ici et là, l'impositions des bénéfices et autres retenues à la sources que paient même les entreprises en difficulté.

Composante 4: Dépenses de l'Etat:  78 / 178

Si la fiscalité est le côté recettes de l'Etat, nous sommes ici côté dépenses. Ce que l'Etat dépense n'est pas laissé à l'économie qui aurait peu l'investir autrement. 
Par principe, les libéraux estiment que l'Etat est mauvais gestionnaire et que ses investissements ne sont pas toujours rentables. L'intervention de l'Etat dans un secteur qui ne le concerne peut biaiser tout le marché (télécoms, transport aérien et terrestre etc.). De plus, ce que l'Etat investit est mécaniquement prélevé sur ce que le secteur aurait pu investir (voir la parabole de la vitre brisée  et la loi de Bitur-Camembert qui illustre que ce que l'Etat dépense, même quand cela réussit, est toujours une perte).

Efficience de la regulation

Composante 5: Liberté des affaires 25/ 178

Cela concerne la facilité qu'il y a à monter une entreprise, à fixer ses propres prix et ne pas être tributaire d'autorisations diverses à obtenir pour entrer en affaire et produire.

Composante 6: Liberté du marché du travail: 68 / 178

Par principe, pour les libéraux, toute réglementation imposée par la loi empêche les entreprises et les travailleurs de négocier et d'adapter librement leur collaboration aux conditions du marché. Lorsque les salariés sont trop protégés ou en mesure d'imposer leur lois, les entreprises hésitent à embaucher. De même, lorsque les lois favorisent trop les entreprises, les salariés peuvent hésiter à s'engager et préférer d'autres moyens de subsistance. L'amélioration des conditions salariales résulte, dans la logique libérale, d'une activité économique riche qui rend la main d'œuvre rare et objet d'une compétition entre les recruteurs.

Composante 7: Liberté monétaire:  107/178

La liberté monétaire exige une monnaie stable et des prix déterminés par un marché en diapason avec les cours mondiaux. L'inflation et la dévaluation de la monnaie empêche les acteurs de considérer la monnaie comme un moyen fiable de stocker la valeur. La capacité de la monnaie à rassurer sur le long terme peut éviter par exemple un surinvestissement dans des valeurs refuge comme la pierre et permettre l'accumulation d'une épargne permettant de financer des investissements productifs. Quant aux prix tarifés et fixés, les libéraux ont élaboré une vaste littérature pour démontrer que cela revient, en mentant sur les prix, à déconnecter l'économie de la réalité et l'écarter des meilleurs équilibres.

Ouverture des marches

Composante 8: Liberté commerciale: 158 / 178

Cette composante mesure la capacité des acteurs économiques à agir librement en tant qu'acheteurs et vendeurs sur les marchés internationaux. Les quotas, tarifications imposées et autres barrières réglementaires entravant le commerce sont de nature à biaiser ou rendre difficile l'intégration d'un pays dans le commerce mondial.
 

Composante 9: Liberté d'investissement: 145/ 178

Il s'agit ici d'autoriser les capitaux à circuler librement afin de laisser les entrepreneurs prendre les décisions optimales pour leur développement. Prospecter et conquérir un marché nécessite parfois l'ouverture de bureaux ou officines à l'étranger. Inversement, les investisseurs étrangers ne doivent pas se considérer otages de la réglementation intérieure. 
 

Composante 10: Liberté Financière: 146/178 (ex aequo de 131 à 161)

 
il s'agit ici de mesurer à quel degré le marché financier et bancaire autorise l'accès aux ressources de financement et aux moyens de paiement. L'intermédiation financière qui peut être pervertie jusqu'à devenir une sorte de succursale administrative de l'Etat doit être facilitée et les acteurs doivent être autorisés à recourir aux services de leur choix, même à l'étranger.

Conclusion

Je laisserais évidemment à ceux qui jugent la Tunisie ultralibérale le soin de contester ce classement mondial. La bataille idéologique n'est pas prête de finir mais force est de constater que la Tunisie est presque à contre courant du reste du monde. Il est dramatique que la seule opposition politique dans ce pays victime de trop d'Etat soit celle qui provient des partisans du tout Etat, à savoir nos communistes.
 
Pour le libéral que je suis, voir la Tunisie, 114 sur 178, se faire taxer d'ultralibéralisme prouve que la Tunisie n'est pas seulement un pays qui ne sait pas où il va mais un pays qui ne sait même pas où il est. Un pays où les partis, qui ne savent même plus ce qui les différencie, s'essorent à ne plus en finir les méninges pour  trouver ce que l'Etat pourrait faire de plus alors qu'une pléthore de réformes est à faire dans l'autre sens, dans ce que l'Etat pourrait faire de moins. L'impasse économique de la Tunisie est juste une vue de l'esprit de ceux qui regardent dans le mauvais sens.
 
Puisque, du point de vue libéral,  le libéralisme en Tunisie n'est encore qu'au stade embryonnaire du débat d'idées et de la pédagogie, j'aimerais conclure cet article en donnant la parole à de grands penseurs de l'idéologie libérale, .

«C’est commode de désigner ses adversaires par des termes qu’on ne comprend pas soi-même. Cela fait déjà un certain temps que les démocrates-sociaux essaient de faire passer pour des extrémistes les partisans de la liberté naturelle. Le terme d’ultra-libéral vise à cela, qui n’ose pas tout à fait dire "extrémiste" mais le suggère fortement. (...) Un extrémiste, à savoir quelqu’un qui n’est pas dupe des croyances absurdes de la démocratie sociale.» (François Guillaumat)

«Il est, selon l’humeur du jour, soit comique, soit navrant de constater que tous les maux de l’économie planétaire sont mis sur le dos bien large d’un libéralisme fantasmé qui n’existe que dans l’esprit de ceux qui ne le connaissent pas.» (Vincent Bénard)

«Quand on parle de libéralisme, on imagine des doctrinaires anti-sociaux. Or la première préoccupation des libéraux, dès l’origine, a été de s’interroger sur la question sociale. Quel est le moteur du progrès social ? comment réaliser le bien-être de l’ensemble de la société ? Les libéraux se sont voulus, dès l’origine, les analystes et les partisans du progrès social. Leur projet était d’étudier comment la société évolue vers la prospérité générale, ce que l’on peut et doit faire quand elle est bloquée. Les premiers libéraux n’étaient pas des idéologues, qui se seraient mis à faire de l’économie pour appliquer à ce domaine je ne sais quels principes, mais ce sont des chercheurs qui ont voulu comprendre, je dirais scientifiquement, comment l’économie fonctionne, de façon à apporter des solutions aux problèmes qui se posaient à leur époque, et ils ont déduit de cette recherche les principes qu’on appelle aujourd’hui «libéraux». Leur souci est de comprendre comment fonctionne la société, de repérer par quel mécanisme elle progresse, et d’élaborer les solutions pour la débloquer.» (Philippe Nataf)

«Il n'y a rien dans les principes du libéralisme qui permette d'en faire un dogme immuable ; il n'y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes. Il y a un principe fondamental : à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées et recourir le moins possible à la coercition.» (Friedrich Hayek, La Route de la servitude, 1943)

"L'amalgame libéralisme / capitalisme représente l'argument incontournable dont se servent ceux qui veulent présenter le libéralisme comme une idéologie destinée à favoriser les «riches» et à paupériser le reste de la population. Mais remplaçons le mot «riches» par le mot «privilégiés» et le libéralisme devient le procureur et non l'accusé. Car ce sont les privilèges de toutes sortes qui empêchent les êtres humains d'exprimer tout leur potentiel et d'accomplir leur vie. Et le premier des privilèges est celui de l'État, qui réduit le champ de la liberté, supprime la compétition et la diversité et instaure des privilèges, des monopoles, des interdictions, des règlementations dans le but de gêner certains individus pour en favoriser d'autres, amis du pouvoir ou faisant partie de la «clientèle» politique ou électorale. Le résultat est sans appel : chômage, violence, assistanat, pauvreté, corruption. Si certains sont privilégiés par l'État et les politiciens, il faut bien qu'il y en ait d'autres qui payent pour ces privilèges". (Wikiliberal/capitalisme)L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. Car, aujourd'hui comme autrefois, chacun, un peu plus, un peu moins, voudrait bien profiter du travail d'autrui. Ce sentiment, on n'ose l'afficher, on se le dissimule à soi-même; et alors que fait-on? On imagine un intermédiaire, on s'adresse à l'État, et chaque classe tour à tour vient lui dire: «Vous qui pouvez prendre loyalement, honnêtement, prenez au public, et nous partagerons.» (Frédéric Bastiat 1801-1850)
« La république américaine durera jusqu’au jour ou le Congrès découvrira qu’il peut corrompre le public avec l’argent du public.» (Alexis de Tocqueville)

«Une des plus tristes caractéristiques de notre temps est que nous avons diabolisé ceux qui produisent, subventionné ceux qui refusent de produire et canonisé ceux qui se plaignent.» (Thomas Sowell)

«L’État n'est pas un Père Noël bienveillant. C'est un monstre égoïste et intrusif qui ne sera jamais satisfait et finira par étouffer l'indépendance et l'autonomie de ses sujets. Et ce monstre est soutenu par la démocratie : par l'idée que la vie de chaque être humain peut être contrôlée par la majorité.» (Karel Beckman et Frank Karsten 2012)

"Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice."  (Montesquieu)

"Une société qui ne reconnaît pas que chaque individu à des valeurs qui lui sont propres qu'il est autorisé à suivre, ne peut pas avoir de respect pour la dignité de l'individu et ne peut réellement connaître la liberté." (Friedrich Hayek)

"Beaucoup considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu le voit comme le cheval tirant la charrue." (Winston Churchill)

"Il n'y a que deux possibilités, soit un système dirigé par la discipline impersonnelle du marché, soit un autre dirigé par la volonté de quelques individus; et ceux qui s'acharnent à détruire le 1er contribuent, sciemment ou inconsciemment, à créer le 2nd."  (Friedrich Hayek)

"Le problème avec le socialisme, c'est que, tôt ou tard vous êtes à court de l'argent des autres" (Margaret Thatcher)

"Tout l’art du bon gouvernement consiste à plumer l’oie de façon à obtenir le maximum de plumes avec le minimum de cris." (Jean-Baptiste Colbert, Ministre de LOUIS XIV)

«La liberté humaine et politique n'a jamais existé et ne peut pas exister sans une large dose de liberté économique.» (Milton Friedman, Free to Choose, "The Power of Market")

«L’innovation est un produit de la liberté, elle est par nature implanifiable, et c’est ça précisément qui excite la férocité réglementaire, taxatrice ou castratrice des pouvoirs publics.» (Olivier Méresse)

"Les hommes n'étant pas dotés des mêmes capacités, s'ils sont libres, ils ne sont pas égaux, et s'ils sont égaux, c'est qu'ils ne sont pas libres." (Alexandre Soljenitsyne, pas vraiment libéral mais clairement anti communiste)

«L'existence d'un marché libre n'élimine évidemment pas le besoin de gouvernement. Au contraire, le gouvernement est essentiel, à la fois comme forum pour déterminer les «règles du jeu» et comme arbitre pour interpréter et faire respecter les règles qui ont été adoptées.»(Milton Friedman)

«Laisser la loi aux mains de gouvernants élus, c'est confier le pot de crème à la garde du chat.» (Friedrich Hayek)

Karl Popper exprime le point de vue libéral classique concernant l’État par le principe du "rasoir libéral" (inspiré du rasoir d'Occam) : l’État, du fait qu'il est un mal (un mal nécessaire, mais un mal quand même), ne doit jamais étendre ses prérogatives au-delà du strict nécessaire. (Wikiliberal)

L'État libéral est un oxymore (vision anarcho-capitaliste).
 
Mohamed Ben M'barek
Economiste et Libéral
 

 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Touhami Bennour - 11-02-2016 22:46

Monsieur vous tombez vous meme dans le piège de l´ideologie en citant á longueur d´onde les theoriciens les plus á droite et les plus liberaux, comme Tatcher, Friedman, Heyek, Louis 14 etc.. Non il ya une autre manière de gerer l´économie nationale, c´est en utilisant le sentiment national qui peut satisfaire la majorité des gens. Il faut utiliser des critères simples et standards comme les besoins du marché, l ´offre et la demande, lá on quitte le domaine de la corruption et le nepotisme. Celui qui vient le premier aura une permission de monter une usine et non pa parcequ´il parent ou ami, et ainsi de suite; si on suit des critères objectifs et neutres on pourrait sortir du retard sur le libéralisme dont vous parlez. Combattre la corruption c´est combattre le nepotisme et l´esprit de clan. Mais uncun pays n´échappe de commettre une injustice quelque part. En Europe c´est dans le domaine de l´islamophobie qu´il est plus facile de commettre cette injustice, qu´on appelle corruption ou extreme nationalisme peut importe. Par ex. un minister qui favorise ses compatriotes de possèder une autorisation de transport en taxi ou de refuser á un expert étranger(d´origine moyen orientale), de haut rang professionnel de faire venir un parent dans le pays d´acceuil, ces actes sont monnaie courante en ce moment en Europe. Je ne sais pas si les agences d´indice liberal tiennent compte de ces phenomènes. Je connais plus d´un expert qui a quitter le pays parcequ´il n´a pas pu obtenir un visa pour un parent. Ces cas sont trés nombreux.Vous voyez que les choses sont plus complexes et l´expérience qui est la meilleure théorie. Le sentiment national peut être un guide dans ces domaines pour nettoyer le pays de la corruption et la bureaucratie. L´ideologie est souvent un pretexte qui cache autre chose, elle n´est pas directe. Le professeur Friedman n´a pas empêcher les USA de tricher le monde de la position du dollar americain qu´il a dans le monde, on peut dire la meme chose des pays Europeens. Il n´ya pas d´ideologie neutre. Pourquoi l´Union Soviéttique s´est effondrée, et ce malgré l´ideologie, pas seulement en Europe de l´Est mais aussi en Europe de l´Ouest, surtout en france où la gauche était majoritaire et elle eu d´éminens intellectuels en son sein. L´ideologie est souvent un piège.

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