Les pays du sud de la méditerranée et la nouvelle «saison de la migration vers le Nord»
Avec l’arrivée du printemps et l’amélioration des conditions climatiques, la nouvelle "saison de la migration vers le Nord" a commencé, à toute allure, donnant lieu, dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 avril 2015, à une des plus douloureuses tragédies que la Méditerranée ait connues et qui a coûté la vie à près de 900 immigrés, d’un trait.
La contradiction de la réaction des pays de la rive nord avec celle des pays de la rive sud à cette «pire hécatombe jamais vue en Méditerranée» selon l’expression du H.C.R, était aussi flagrante que choquante...
En effet, quatre jours seulement après la tragédie, les chefs d’Etat européens ont tenu le jeudi 23 avril 2015 un sommet lors duquel ils ont décidé de former une force navale appelée (UE Navfor Med) ou force navale européenne en Méditerranée qui aura pour mission d’endiguer le flux de l’immigration illégale vers leur pays...
Il a été même convenu que le quartier général de cette force soit installé à Rome et que son commandement soit confié à l'amiral italien Enrico Credendino. La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont promis de contribuer à cette force par un certain nombre de navires de guerre. Quant à la Pologne et la Slovénie, elles se sont engagées à lui fournir un certain nombre d'avions de surveillance et d'hélicoptères...
En outre, les dirigeants européens ont décidé de renforcer les moyens des programmes "Triton" et "Poséidon", qui ont des missions de surveillance et de sauvetage en Méditerranée, et dont la mise en œuvre relève de l’agence "Frontex" chargée de protéger les frontières extérieures de l’Europe. A cet effet, il a été décidé de tripler le budget du programme "Triton" qui sera augmenté de 2,9 à 9 millions d'euros par mois.
Depuis, les vingt-huit pays membres de l'UE se sont attelés à prendre les dispositions nécessaires pour la mise sur pied de l’UE Navfor Med.
C’est ainsi que les ministres des affaires étrangères qui se sont réunis le lundi 18 mai 2015 avec les ministres de la défense, ont formellement approuvé la création de la force navale européenne en Méditerranée, et que, le même jour, cette force a entamé le déploiement d’un certain nombre de navires de guerre, d’hélicoptères et d’avions de surveillance au large des côtes libyennes...
Entre-temps, la diplomatie européenne a poursuivi ses démarches auprès du Conseil de Sécurité en vue de l’adoption d’une résolution qui appuie la création de la force européenne et confère la légitimité internationale nécessaire à sa mission qui doit débuter à partir du mois de juin courant.
A cet effet, elle tâche de convaincre la Russie de lever son opposition à la mission de la force européenne, par la révision du projet de résolution qui sera présenté au Conseil de Sécurité, et ce, en supprimant toute mention à la destruction des embarcations utilisées par les trafiquants des migrants, et à toute action militaire sur les côtes ou le sol libyens.
Il est, par ailleurs, précisé que les navires de guerre européens se limiteront à la poursuite des contrebandiers qui remorquent les embarcations des migrants jusqu'en haute mer avant de les abandonner à leur sort.
Toutefois, et dans l'attente de l’obtention du feu vert du Conseil de Sécurité, l'Union Européenne a commencé à mettre en route la mission, en s'appuyant sur la surveillance aérienne et par radar, sur les écoutes téléphoniques et les renseignements collectés par les navires de guerre qui croisent actuellement en Méditerranée, notamment dans le cadre du programme «Triton».
Sur un autre plan, les européens s’emploient à déterminer les modalités de coopération avec les pays du sud de la Méditerranée en ce qui concerne l'échange d'informations qui les aideraient à localiser les passeurs et identifier leurs moyens de déplacement avant d’entreprendre les actions dissuasives nécessaires.
De même, ils continuent à chercher un ou plusieurs pays du sud pouvant accepter de, provisoirement, accueillir les migrants qui seront «repêchés», et ce dans l’attente de l'examen de la possibilité de leur installation en Europe, ou leur expatriation vers leurs pays d'origine.
Parallèlement, les pays européens tentent de se mettre d’accord sur une approche globale, unifiée et solidaire pour le règlement radical du problème de la migration.
Pour ce faire, La Commission Européenne a proposé le mercredi 13 mai 2015 ce qu'elle a appelé «l'agenda européen sur la migration», agenda qui combine mesures urgentes et actions sur le long terme, et associe aspects humanitaires et aspects dissuasifs.
En application du principe de solidarité entre les pays membres d’UE, et comme mesure d’urgence, la Commission Européenne a proposé d'instaurer un système de quotas migratoires à l'échelle communautaire qui permettrait de résoudre le problème des migrants en état d’arrestation, et pour assurer une distribution équitable des réfugiés en Europe, et ce selon des critères qui prennent en compte le produit intérieur brut, le nombre d’habitants, et le taux de chômage de chaque pays…
Alors que l'ONU qui supervise la coordination des opérations de réinstallation des réfugiés (dont le nombre est estimé à plus de 10 millions dans le monde), souhaite que l’Europe en accueille 20 000 par an, l'Union Européenne a annoncé qu'elle va, dans le cadre de son agenda sur la migration, accueillir ce même nombre de réfugiés mais sur deux années (l’année en cours et l’année prochaine).
Par ailleurs, il est prévu que les ministres européens de l’intérieur se réunissent le 15 juin 2015 au Luxembourg, pour discuter du plan d’action européen, avant de le soumettre aux chefs d’état qui se pencheront sur son étude au cours de leur sommet, programmé pour le 30 juin 2015 à Bruxelles.
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À l’inverse de cette attitude remarquablement active de l’Europe, il est regrettable de constater que les pays de la rive sud de la Méditerranée ont adopté un comportement incompréhensiblement passif et décevant par sa nonchalance, face à une tragédie qui a coûté la vie à 900 de leurs enfants.
N’est égale à la déficience des états que la déficience des organisations régionales arabe et africaine. Ni l'Union du Maghreb Arabe, ni la Ligue des Etats Arabes, ni l’Union Africaine n’ont essayé d'inviter les pays concernés à se réunir pour se concerter, coordonner leur position et mettre au point un plan d'action commun pour contribuer au traitement de ce fléau cruel et meurtrier.
Plus surprenant est le silence de ces pays devant ce que l'Union Européenne projetait de faire au départ. En effet, initialement, elle avait l'intention d’aller faire couler les embarcations des trafiquants avant leur départ de la côte libyenne en direction de l’Europe.
D’ailleurs, elle a essayé d’obtenir du Conseil de Sécurité un mandat qui lui permettrait de frapper les embarcations des trafiquants là et quand elle le voudrait. Elle aurait pu avoir gain de cause, si ce n’était la réticence de la Russie et de la Chine.
Il est vrai, cependant, que le gouvernement intérimaire libyen ainsi que le gouvernement libyen «parallèle» ont tous les deux déclaré qu'ils n'accepteront aucune violation de la souveraineté de la Libye, et qu’ils rejettent la mission de l’UE Navfor Med, si elle est mise en application sans coordination avec eux. Mais la question qui se pose est: que peuvent ces deux gouvernements faire au cas où la souveraineté libyenne est violée?
Il est également vrai que, craignant que la force européenne outrepasse le mandat qui lui sera accordé par le Conseil de Sécurité, (comme ce fut le cas pour l’OTAN en 2011), certains pays arabes ont émis des réserves concernant la mission de l’UE Navfor Med. Mais là aussi la question qui se pose est: que peuvent ces pays, aussi divisés qu’ils sont actuellement, faire au cas d’un dépassement.
En général, on peut affirmer, sans aucun risque d’erreur, que la plupart des pays concernés par le problème de la migration illégale n'ont même pas eu autant de courage que le Vatican ou que certaines ONG européennes qui se sont empressées de condamner la fâcheuse propension de l’Europe au recours à la force, estimant qu’une telle approche, outre qu’elle est inexécutable, n’aurait pour résultat que conduire les contrebandiers à changer les voies maritimes qu’ils ont l’habitude d’emprunter.
Mais l’objectif réel de ce papier n'est pas de comparer l’attitude agissante de l'Union Européenne et de ses pays membres, à celle inactive des pays de la rive sud de la Méditerranée vis-à-vis de ce dossier épineux et complexe. Il est plutôt d’attirer l'attention de ces pays sur la nécessité de se préparer à ses futures étapes et ses développements à venir...
Sachant que l'Europe a l'intention d'organiser prochainement, à Malte, un sommet qui groupera les principaux pays du sud concernés par ce dossier pour essayer de trouver des moyens susceptibles d’aider à résoudre les causes profondes de l’immigration, il est, à mon avis, essentiel pour ces pays de se préparer, individuellement et collectivement, à ce sommet afin de ne pas y aller les mains vides. Aussi doivent-ils y apporter des idées claires et des propositions précises afin, d’une part, de pouvoir défendre ou du moins de préserver leurs intérêts, et d’autre part, de donner forme à l'idée, longtemps restée flottante, de cette coopération combien nécessaire entre les pays de départ, de transit et de destination.
A mon avis, un tel sommet aura besoin, s’il veut remédier efficacement au problème de la migration illégale, d’un grand courage pour poser les questions qui doivent être posées et pour leur apporter les réponses requises.
Il est ainsi impossible d’éviter de poser les questions essentielles suivantes:
Comment la Méditerranée est-elle devenue un «cimetière maritime» à un moment où elle était censée devenir une oasis de coopération de paix et de sécurité?
Comment s’est-elle transformée en une arène de confrontations de tous genres, physiques et morales, entre ses deux rives?
Et, comment le gouffre qui sépare le Nord du Sud s'est-il creusé aussi profondément à un moment où les politiques de coopération, de partenariat puis de voisinage qui ont été conçues tout au long des cinquante dernières années par le génie européen visaient, du moins au niveau du discours, à renforcer le rapprochement des deux rives par la stimulation de croissance économique et la consolidation de la sécurité et de la stabilité politique dans toute la Méditerranée?..
Pour bien se préparer à prendre part au sommet projeté, il sera nécessaire pour les pays du sud de la Méditerranée de prendre en considération les éléments qui suivent:
- la présentation de «l'agenda européen sur la migration», comme une nouvelle approche européenne du problème de l'immigration clandestine doit être prise avec prudence... Cet agenda qui, doit-on le noter, a été mal accueilli par de nombreux pays européens, vise en réalité à donner forme à la solidarité entre les pays européens et non pas entre eux et les pays de la rive sud de la Méditerranée.
Il n’est pas à exclure que l’annonce de cet agenda ait pour objectif de contrebalancer le volet sécuritaire du plan d’action européen. Pour obtenir l’aval du Conseil de Sécurité à la mission de l’UE Navfor Med, il fallait en effet prendre des mesures d’accompagnement à caractère humanitaire, quitte par la suite à se soustraire à leur mise à exécution ou à tergiverser dans leur application sous divers prétextes.
- L’affirmation par les européens que la mission de la force navale se déroulera dans le cadre du droit international et avec le consentement des autorités libyennes, semble s’inscrire dans le même contexte.
Cependant, il sera difficile de traduire cette affirmation dans les faits. Le représentant du gouvernement libyen auprès de l'ONU n’a-t-il pas vivement critiqué le premier projet de résolution européen soumis au Conseil de Sécurité, permettrait à l’Union européenne de détruire, y compris dans les eaux territoriales libyennes et sur les côtes de la Libye les bateaux des passeurs qui convoient les migrants vers l’Europe. Il a souligné que son gouvernement ne peut contribuer efficacement à la gestion de la question des migrants en Méditerranée que s’il reprend le contrôle de la totalité du territoire libyen, condition sine qua non pour qu’il puisse mettre terme aux agissements des contrebandiers.
Dans ce contexte, il est à relever que le représentant libyen a mis en lumière le caractère contradictoire de la position la communauté internationale et surtout de l’Europe, qui d’une part affirme qu’elle veut coopérer avec son gouvernement et d’autre part s’oppose à la levée de l’embargo qui pèse sur lui et qui l’empêche d’acheter les armes dont il a besoin.
- De même, il ne faut pas prendre pour argent comptant l’évocation dans «l'agenda européen sur la migration» de la possibilité d'ouvrir les frontières européennes à un nombre déterminé de travailleurs qualifiés. Cette évocation semble, elle aussi, avoir pour objectif de recueillir le soutien requis à la mission de l’UE Navfor Med. La preuve en est que l'Union Européenne a indique, en revanche, qu’elle envisage de réduire les incitations à l'immigration, et qu'elle projette à cet effet, de désigner, au sein de ses délégations auprès de certains pays tiers (comme l’Egypte, le Pakistan, la Turquie, les pays du Maghreb Arabe et le Soudan etc...), des officiers de liaison chargés des questions migratoires.
- La partie européenne, et à sa tête la France, semble par ailleurs vouloir tirer parti du problème de l'immigration clandestine pour renforcer ses capacités militaires et consolider la base industrielle européenne de guerre. Dans ce contexte la France travaillera avec l'Allemagne pour la mise au point d’un satellite militaire d’observation pour surveiller la méditerranée. Avec l'Italie, elle commencera, cette année, des études pour la fabrication d’un drone européen.
- Il semble que l'Europe, qui estime que le plan "Atalante" lancé en 2008 pour surveiller les côtes de la Somalie, lutter contre la piraterie et protéger les navires qui traversent le golfe d'Aden et le détroit de Bab al-Mandab, a atteint ses objectifs, tient à appliquer un plan similaire en méditerranée, précisément au large de la Libye.
Considérant qu’il y a des similitudes entre la Libye et la Somalie, elle semble vouloir traiter la situation en Libye de la même manière qu’elle a traité la situation en Somalie. Dans ce cadre, elle a proposé la formation d'une force internationale pour sécuriser les sites économiques clés tels que les raffineries de pétrole et les principaux points à Tripoli et en particulier de l'aéroport, tout comme c’est le cas à Mogadiscio.
Il faut, cependant, souligner que les experts, y compris européens, reconnaissent que le succès de la lutte contre la piraterie n’est qu’un succès tactique et non pas stratégique. En d’autres termes, il est temporaire et non pas permanent parce que l'économie de la piraterie n'a pas été déracinée, et elle pourrait réapparaître si le plan "Atalante" venait à prendre fin.
- A juste titre, les pays de la rive sud de la Méditerranée ont le sentiment qu’ils n’ont jamais maitrisé le processus de leurs relations avec l'Europe et que les politiques de coopération, de partenariat et de voisinage ne sont que des politiques unilatérales puisqu’ils n’ont pas été impliques à leur conception. S’ils les ont appliquées, c’est parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix.
Ils auront donc besoin de convaincre la partie européenne qu'une réponse efficace et viable au problème de l'immigration clandestine à long terme exige une coopération réelle entre les deux rives de la méditerranée, en vue de trouver les solutions adéquates à ses causes profondes c.-à-d. à la pauvreté et à l'instabilité provoquée par les guerres qui font rage dans plusieurs pays de la rive sud.
Ceci signifie que le partenariat que l’Europe prétend vouloir instaurer avec les pays du sud doit devenir une réalité. Il ne doit plus être un simple outil aux mains des européens qui leur permet de satisfaire à leurs besoins sécuritaires, à savoir à leur lutte contre l'immigration et le terrorisme, sans prêter la moindre attention aux besoins légitimes de leurs partenaires méditerranéens.
Afin qu’un changement de ce genre puisse s’effectuer, et dans la position et dans le comportement de l’Europe, il sera nécessaire que la partie européenne reconnaisse sa part de responsabilité des maux dont souffrent les pays du sud, et cesse de faire incomber toute la responsabilité a ces pays et aux contrebandiers ou ce qu’elle appelle, désormais, les trafiquants d'êtres humains.
- Parmi les facteurs qui luttent en faveur d’une réflexion collective sur l'avenir des relations entre les deux rives de la Méditerranée, il y a le problème du déclin démographique de l'Europe, et le problème de son manque de main-d’œuvre dans certains secteurs (les technologies, les sciences, l’ingénierie, etc.).
Comme l'Europe sera obligée de répondre à une partie de ses besoins futurs à partir des pays de la rive sud de la Méditerranée, il sera autant nécessaire que logique que ces besoins et les moyens de leur satisfaction soient communément discutés et identifiés par les pays de départ, de transit et d’arrivée et non pas unilatéralement décidés par la seule partie européenne, comme d'habitude.
À cet effet, il sera utile que les pays de la rive sud conjuguent leurs efforts afin d’engager la mise en place de mécanismes de concertation avec l’UE pour convenir des quotas annuels des immigrés dans un cadre légal et organisé.
Il est regrettable à ce propos que la partie européenne semble persister dans son habituel comportement puisqu’elle a annonce qu’elle révélera à la fin de l'année en cours le "programme sur la mobilité de travail". Elle a également annoncé qu'en attendant, elle envisage d’organiser une consultation publique sur les moyens d'attirer les travailleurs qualifiés et d’engager un dialogue avec les organisations patronales et syndicales dans le but de favoriser les «recrutements éthiques».
- En parallèle, il sera utile que les gouvernements des pays méditerranéens du Sud se concentrent sur la discussion des moyens susceptibles d'intensifier la création d'emplois dans leurs pays.
Considérant que la population de l'Afrique doublera d'ici l'an 2050, ceci conduira inévitablement à un nombre accru d'immigrants ou de gens qui voudraient aller en Europe, surtout si le rythme de la croissance dans les pays africains demeure aussi faible qu’il est actuellement.
C’est pourquoi, il sera, peut être, opportun que les pays du sud relancent l'idée de la mise en place d’un plan pour le développement de l’Afrique qui soit semblable au «Plan Marshall», afin que ce continent qui a des perspectives économiques prometteuses, puisse décoller et garantir à ses habitants les conditions minimales d’une vie digne capable d’affermir leur attachement au sol de leurs pays.
Il est important de noter que le plan Marshall africain requis doit avoir pour socle l’intensification des investissements en Afrique et l’ouverture du marche européen aux produits africains, et non pas les aides au développement ou les dons.
- Face à la volonté de l’Europe de faire incomber la responsabilité de l'immigration clandestine aux gouvernements des pays de départ et de transit, ces gouvernements devront mettre en avant la responsabilité des gouvernements européens quant aux «parties» qui, en Europe, tirent profit de la présence d'immigrés clandestins sur le sol européen.
Autrement dit, il ne faut pas se limiter au démantèlement des réseaux de contrebande, mais chercher un système qui permette de viser tous les maillons de la chaine, dans les pays de départ, de transit et de destination.
Dans ce contexte, il est utile de rappeler, à titre d’exemple, qu’en France il y a entre 300 et 400 milles personnes en situation irrégulière, mais intégrés dans le marché du travail français.
Il est difficile, sinon impossible, pour ce marché de se passer d’eux...
- En fin, il convient de souligner que le problème de la migration est un phénomène mondial qui a été exacerbé par la mondialisation. L’Europe doit se rappeler qu'entre 80 et 90 pour cent des personnes déplacées dans le monde, vivent dans les pays en développement.
Les chiffres de l’immigration dans l’UE, depuis l’extérieur de l’Union, restent limités: autour d’1,7 million, en 2012.
En outre le nombre d'étrangers dans les pays de l'UE qui compte une population de 500 millions d'habitants, est estimé à une trentaine de millions, dont 20 millions seulement viennent de pays extérieurs à Bruxelles.
En termes quantitatifs, ce nombre d'immigrants n'est pas hors de contrôle.
De plus, ces immigrés représentent, sur le plan économique, un élément essentiel du marché du travail européen, puisqu’ils contribuent à répondre aux besoins de l'Europe en main-d’œuvre non qualifiée et en emplois très spécialisés.
Cependant, le sujet de l’immigration reste politiquement et psychologiquement explosif pour les sociétés européennes qui se sentent menacées dans leur identité et leur mode de vie...
Les gouvernements européens auront, donc, besoin de prendre leur courage à deux mains et de fournir un effort pédagogique soutenu pour expliquer à leurs sociétés la justesse de l’adoption d’une nouvelle politique de migration équitable et efficace, et de leur montrer que la poursuite de la politique visant à consolider la surveillance des frontières extérieures de la «forteresse européenne» nécessite des ressources énormes, va à l'encontre des droits de l'homme et surtout ne pourra pas mettre fin à la migration clandestine.
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En conclusion, je crois qu’il est temps que nous tous, dans les deux rives de la Méditerranée, prenions conscience que nul problème qui concerne cet espace commun ne peut être résolu sans la bonne volonté et la conjugaison des efforts de tous les pays méditerranéens.
Ceci s'applique, en particulier, au tragique dossier de l’immigration illégale qui ne peut être efficacement traité que lorsque tous les pays riverains se mettront d’accord sur une approche globale qui sera collectivement conçue, avec le maximum de courage, de franchise, et de sincérité, et surtout loin de ce «regard vertical» avec lequel l’Europe continue à porter sa vue sur ses «partenaires» du sud de la méditerranée.
Oui, devant le tragique dossier de l’immigration illégale, nous avons besoin de mener un véritable combat pour identifier de nouvelles priorités communes et recourir à de nouvelles méthodes qui nous permettront de réaliser les objectifs que nous, tous, au sud et au nord de la Méditerranée, définirons conjointement afin de donner au partage et au vivre ensemble leurs vrais sens.
Et puisqu’il sera indispensable que les pays du sud de la méditerranée mènent ce combat les rangs serrés, et que notre pays doit y jouer un rôle de premier rang, je crois que notre diplomatie va avoir une rare occasion pour prouver son esprit d’initiative et ses capacités d’action et d’innovation.
Notre espoir est grand que notre diplomatie soit à la hauteur de cette tâche, afin qu’elle puisse recouvrer son éclat et sa gloire un peu perdus, ces dernières années.
M.I.H
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