News - 03.06.2015
Aziz Mebarek : Comment faire évoluer le cadre réglementaire de la microfinance en Tunisie
Co-fondateur d’Africinvest, Aziz Mebarek était particulièrement ravi de voir finalement le Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE) ouvrir ses portes à Tunis et commencer ses opérations. La microfinance, il y croit et a contribué à son implantation dans nombre de pays de l’Afrique subsaharienne. En Tunisie, il estime utile de faire évoluer son cadre règlementaire, comme il l’a souligné dans son allocution lors de l’inauguration du siège de CFE.
« Africinvest, a-t-il déclaré a contribué à la création du CFE Tunisie au travers de deux de ses fonds sous gestion :
- Le FCPR Tuninvest Croissance qui investit dans des PME tunisiennes ayant un modèle d'affaire innovant et une forte valeur ajoutée ; et
- Africinvest Financial Sector, un fonds dédié au secteur financier sur l’ensemble du continent qui a réalisé à date 18 investissements couvrant 16 pays.
La création du CFE Tunisie est le résultat du partenariat entre Africinvest et DID qui a débuté en 2009 par la création d’EFC Zambia, actuellement IMF leader sur son marché. Depuis, AfricInvest et DID ont co-investi dans 4 CFE avec pour vision de créer l’un des réseaux de référence en inclusion financière en Afrique.
De telles institutions ont un important impact pour le développement des communautés locales et l’inclusion financière des petits entrepreneurs. S’ensuit un important impact en termes de création d’emploi, de formation et d’intégration progressive des micro et petites entreprises dans le secteur formel. A ce titre, le CFE Tunisie prévoit à l’horizon 2020, de contribuer à la création, directement et indirectement, de plus de 30 000 emplois.
Si l’environnement réglementaire actuel nous permet de commencer à déployer nos ressources et à financer des TPE, le véritable essor du métier et sa contribution à une meilleure inclusion financière des populations ciblées passe certainement par l’élargissement des activités de ces institutions. Il s’agit de la collecte d’épargne auprès d’une population aujourd’hui largement non bancarisée, et du développement de produits de micro assurance permettant de réduire les risques liés à l’activité de cette population et leur ouvrir ainsi de facto des horizons plus larges.
A ce titre, je profite de la présence de Messieurs, le Ministre des Finances, le Ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle et le président de l’Autorité de contrôle de la Microfinance pour évoquer brièvement quelques pistes d’évolution du cadre réglementaire qui pourraient être envisagées pour un développement pérenne du secteur de la Micro Finance en Tunisie :
- Remonter le plafond par prêt qui est relativement bas aujourd’hui.
- Permettre aux IMF de collecter l’épargne auprès de ses clients afin de formaliser et de faire fructifier l’épargne traditionnelle qui se fait « sous le matelas » et de réduire le coût des fonds des IMF. A noter que cette épargne viendra compléter l’épargne actuelle captée par les banques et non la concurrencer
- Revoir la réglementation des instruments de paiements en Tunisie, en particulier celle relative au paiement mobile, lequel instrument permet à la fois de créer plus d’efficience dans les opérations des IMF (avec pour conséquence de réduire des taux d’intérêts), et de formaliser les échanges dans le secteur informel qui se font essentiellement en espèces. A noter que le mobile money ne saura émerger sans une simplification substantielle de la réglementation actuelle pour que son utilisation soit simple et rapide ».
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