Le bras d’honneur de BCE aux terroristes
Le Président de la République Béji Caïd Essebsi était ce dimanche 22 mars l'invité de l’émission de Jean-Pierre Elkabbach,Le Grand Rendez-Vous, en direct depuis le musée du Bardo de Tunis, théâtre mercredi d'une attaque terroriste qui a coûté la vie à 23 personnes de différentes nationalités.
Après avoir déposé une gerbe de fleurs et s’être solennellement recueilli à la mémoire des victimes, BCE est apparu à l’écran face à Jean-Pierre Elkabbach d’Europe1, à Christophe Ayad du Monde et Michaël Darmon d’iTÉLÉ. En arrière-plan, le drapeau national et une magnifique mosaïque romaine viennent rappeler aux terroristes - ces criminels amnésiques - l’ancienneté, la continuité et l’ancrage historique de l’état tunisien.
Concentré, calme et comme à son habitude aimable, le Président s’est prêté, pendant trois quarts d’heure, aux questions des trois journalistes hexagonaux. Et en vieux routier de la politique, cet ancien avocat francophone et francophile qui, comme l’a rappelé JP Elkabbach, a jadis plaidé entre autres avec Pierre Mendès-France et Gisèle Halimi, a répondu sans aucune note démontrant ainsi, si besoin était, son expérience, sa connaissance de l’art de l’interview et sa maitrise de la langue diplomatique et de la langue tout court.
Le Grand frère
Bien sûr, tout le monde a remarqué qu’il faisait parfois répéter la question : est-ce parce qu’il n’a pas bien entendu ou bien pour se donner un temps supplémentaire de réflexion afin de ne pas répondre n’importe quoi.
En tout cas, malgré le grand âge, BCE n’était ce dimanche ni le père, ni le grand-père. Il était plutôt le frère aîné, le grand frère protecteur et proche. En effet, il se dégage de lui une espèce de sérénité, quelque chose de rassurant qui suscite la sympathie et qui pousse à lui faire confiance et à le croire.Un grand frère qui sait se faire respecter et à la fois sait se faire aimer sans jamais se démettre d’une discrète élégance et sans tomber dans la trivialité même lorsqu’il est tenté par une malicieuse irrévérence à l’égard des terroristes. C’est à se demander si son élégance et sa retenue auraient résisté longtemps si les journalistes avaient insisté davantage ? Aurait-il fait le geste pour défier les terroristes et leur signifier l’inanité de leurs crimes ?
Cette espièglerie révèle une jeunesse voire une verdeur d’esprit étonnante, elle démontre aussi que BCE est, comme Ulysse, doté de ce que les Anciens grecs appelaient la Métis, cette intelligence rusée qui a permis au héros grec de s’en sortir à chaque difficulté rencontrée. Espérons que ce président -lecteur comme il l’a révélé de Voltaire, de Montesquieu et de Freud- parviendra avec l’ensemble de ses concitoyens à relever le Pays et à panser ses blessures.
Afin de nous associer au geste présidentiel, participons tous à la grande marche du dimanche prochain et faisons aux terroristes de tout poil un gigantesque bras d’honneur.
Slaheddine Dchicha
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