News - 06.07.2011

Santé : les dossiers chauds qui attendent le nouveau ministre Slaheddine Sellami

Dr Habiba Ezzahi Ben Romdhane n’a eu que cinq mois pour assurer l’amorce de la transition à la tête du ministère de la Santé. Nommée le 28 janvier, elle a passé le relais le 4 juillet. En attendant qu’elle établisse le bilan réel de cette courte mais intense période, avec les aspects réussis et ceux non-rattrapés, les frustrations et les attentes, elle retient surtout «l’entente avec les différents corps et la coordination avec les syndicats». «Leurs contributions m’ont été très utiles», affirme-t-elle à Leaders. Beaucoup pensent qu'elle aurait pu faire plus et mieux, même si elle y a mis toute son énergie, mais attendons le retour qu'elle fera de cette expérience. Son témoignage sera utile.

Son successeur, le Pr Slaheddine Sellami, n’aura lui, normalement que quatre mois, son mandat arrivant à terme dès l’élection de la Constituante, le 23 octobre prochain. Si le temps lui est ainsi compté, il doit en 100 jours, non seulement assurer la continuité du service public dans un secteur aussi crucial que celui de la santé, avec tout son système d’urgence et de soins ambulatoires, mais aussi, entreprendre les réformes les plus urgentes qui ne sauraient attendre davantage.

Ceux qui connaissent bien ce rhumatologue de renommée internationale (président de la Ligue Tunisienne de Rhumatologie, 1985-1989, de la Ligue Africaine et vice-président de la Ligue Internationale, 1995-1999) savent bien que derrière son calme naturel s’esquisse en fait un décisionnaire tranchant qui ne laisse rien attendre. S’il a accepté de sacrifier ses vacances pour une mission aussi courte que délicate, sans pouvoir en recueillir la moindre reconnaissance ou satisfaction, sauf celle du devoir accompli, il doit certainement estimer qu’il peut être utile, sans se faire, cependant,  beaucoup d’illusions.

L’urgence est de faire face aux urgences qui se trouvent à présent aggravées par deux phénomènes exceptionnels : d’une part, l’affluence massive des frères libyens réfugiés en Tunisie (plus de 160 000 sans système de couverture sanitaire, en plus de réfugiés d’autres nationalités). Et, d’autre part, les inévitables victimes d’actes d’agression et de violence, suite à divers incidents accompagnant des évènements politiques et des mouvements sociaux. Encore, faudrait-il savoir optimiser les maigres ressources humaines et matérielles mises à la disposition du ministère, alors que toutes les charges augmentent. A regarder de près les comptes financiers des établissements hospitaliers, on mesure l’ampleur des déficits budgétaires, et réalise qu’assurer les consultations et les soins relève du miracle, dans nombre d’unités complètement dépourvues de moyens.

Mais, à cet effort quotidien de réanimation du dispositif pour qu’il ne lâche pas, s’ajoute pour le nouveau ministre, l’impératif de mettre fin à des dérapages redoutables, faire cesser les dépassements et rendre justice à ceux qui le méritent et ils sont nombreux. Lui qui, depuis 2005, dirige un laboratoire de recherche et ne cesse d’enrichir sa longue liste de publications, forte déjà de plus de 100 articles scientifiques, parus dans différentes revues nationales et internationales spécialisées, sait quel effort titanesque le secteur attend de lui, sur le terrain de l’opérationnel, c'est-à-dire du quotidien et de l’immédiat, sans perdre de vue, le structurel et le stratégique.

Au risque donc d’être submergé par toute cette intendance, le Pr Sellami saura certainement arbitrer entre les priorités.

Sera-ce facile ?
 

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6 Commentaires
Les Commentaires
patriote - 06-07-2011 14:00

La santé un vaste chantier qu'il faudra ouvrir ,tout comme tous les autres secteurs,par le gouvernement qui sera élu,mais un ministre transitoire quelque soit sa compétence ne peut que colmater les brèches par ci par là et elles sont nombreuses.La santé du secteur public tout comme le secteur privé nécessite des réformes profondes et audacieuses.

Ammou - 07-07-2011 00:30

Lutter contre le gaspillage,optimiser les moyens matériels et les standardiser sur tout le territoire,transparence et meilleur équilibre régional des soins de santé sont les actions prioritaires en cette phase de transition. Cela n'empêche pas qu'on réfléchisse à un nouveau projet de santé publique !

Slim Amine - 07-07-2011 09:15

Mettre un confrère rhumatologue à la tête du MSP n'est peut-être pas une mauvaise idée, la santé publique souffrant d'arthrose depuis de nombreuses années. Bonne chance à notre nouveau ministre , qui s'il arrive avec les quelques anti-inflammatoires mis à sa disposition à gérer l'ingérable sera "remercié" dans 4 mois si les elections ont lieu....

Ben taher - 07-07-2011 14:28

Un dossier très chaud (même s’il ne le semble pas à priori) est celui de la léthargie des collèges de spécialités qui est entrain de causer des dégâts dans la formation des résidents en médecine futur spécialistes. A quoi serviront tous les investissements en locaux et en matériels si on n’a pas de bons médecins ???

BIBI - 07-07-2011 23:35

Je suggère une amélioration des prestations médicales publiques dans toutes les spécialités sans exception par l'investissement et modernisation des équipements hospitaliers, aussi la création de nouveaux centres de soins publics, ce qui permettra à résorber une partie du chomage des diplomés des études supérieures des professions médicales et paramédicales, de même la mise à niveau des soins publics encourage les patients à s'orienter vers les établissements publics ce qui impliquera aussi une importance réduction des remboursements des frais de soins sollicités auprès de la CNAM.

ABDELAZIZ khemakhem - 08-07-2011 11:56

La mission est délicate. Le système de santé tunisien a énormément souffert de la marginalisation et des prises de décisions improvisées, irréfléchies et non concensuelles. Les dossiers à traiter sont très nombreux. Les moyens actuels dépassent de loin les besoins exprimés aussi bien par la population que par les professionnels. La motivation des acteurs se trouve à un niveau inquiétant. Il est impossible de tout résourdre en un temps aussi court. La mission de notre nouveau ministre est d'arrêter certaines hémorragie et d'entamer (ou mieux d'orienter) la mise en place d'une démarche de diagnostic en vue d'un traitement de fond qui nécessitera plusieurs années pour donner des résultats. Ces actions ne peuvent se faire qu'avec un esprit nouveau et des compétences nouvelles.

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