Un diplomate d’excellence, l’ambassadeur Slaheddine Abdellah nous quitte
Moulé dès son jeune âge à la grande école diplomatique fondée par Bourguiba au lendemain-même de l’indépendance, l’ambassadeur Slaheddine Abdellah vient de s’éteindre à l’âge de 92 ans. Pendant plus de 40 ans, depuis son recrutement au ministère des Affaires étrangères en 1957, jusqu’à son départ à la retraite en fin des années 1990, il avait hautement représenté la Tunisie auprès de nombreux pays, sur trois continents ainsi qu’aux Nations-Unies.
Il sera constemment en première ligne, là où l'actualité brûlante, une diplomatie d'exigence et un rôle essentiel à jouer, l'appellent. Au nom de la Tunisie.
Ministre
Le Premier ministre Hédi Nouira, appréciant sa compétence et ses talents, l’appellera de Beyrouth, pour lui confier le 4 septembre 1973, en mission ponctuelle, le tout nouveau secrétariat d’Etat à l’Information, jadis coiffé sous la tutelle des Affaires culturelles, par Chedli Klibi. Six mois après, il passera le témoin, le 7 mars 1974, à un autre illustre ambassadeur Mahmoud Maamouri (rentré de Bonn), et reprendra son poste à Beyrouth.
L'interlocuteur de grands leaders du monde
Mettant le pied à l’étrier, l’ambassadeur Abdellah aura le privilège de s’initier au métier auprès de Bourguiba, Sadok Mokaddem, Mongi Slim, Bourguiba Jr et autres Rachid Driss et Néjib Bouziri. Affecté en poste à Washington DC, il vivra en premières loges aux côtés de Bourguiba Jr le années John F. Kennedy. Puis, il obtiendra en 1968 son premier poste d’ambassadeur à Addis Abéba, auprès de l’Ethiopie, sous le Négus Haïlé Sélassié Ier et de représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), encore naissante. Enchainant les affectations à l’étranger, il ira en tant qu’ambassadeur à Beyrouth (1970 -1974), au Caire (1974 -1978), à Rabat (1978 – 1985), à Moscou (1990 – 1992), au Caire de nouveau (1992), et à New York, auprès de l’ONU (1993 – 1997).
De retour à Tunis, l’ambassadeur Abdellah sera chargé de fonder l'institut diplomatique pour la formation et les études, converti à présent en Académie internationale.
L'art de convaincre, le don de gagner des amis
Doté d’une vaste culture et d’une belle plume, fin, raffiné et perspicace, l’ambassadeur Slaheddine Abdellah a incarné les valeurs et le patriotisme qui marqueront les générations successives de diplomates tunisiens. Sa connaissance des Etats-Unis d’Amérique, du continent africain, des pays arabes, de l’Union soviétique, lors de son éclatement en 1991 et sa transformation en Fédération de Russie et de l’ONU, feront de lui un grand spécialiste des relations internationales. Observateur avisé des mutations géostratégiques, rompu aux négociations, et doué pour faire porter la voix de la Tunisie et exprimer ses positions même dans des contextes très difficiles, il avait l’art de convaincre, et le don gagner des amis. Dans le Livre d’Or de la diplomatie tunisienne, son parcours, son style, et son œuvre s’inscrivent à l’encre de l’honneur et de l’excellence.
Allah Yerhamou !
Taoufik Habaieb
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