Frédéric Mitterrand: Une voix, de multiples passions
«La Tunisie représente, vous le savez, une part de moi-même, de mon passé, comme de mon présent. Je ne serai pas ce que je suis sans ce qu’elle m’a donné et sans ce qu’elle m’a appris. J’admire et j’aime plus que tout son patrimoine, ses paysages, ses créateurs.» Frédéric Mitterrand, décédé le 21 mars 2024 à Paris, à l’âge de 76 ans, ne pouvait mieux exprimer sa passion pour la Tunisie.
Encore très jeune, il y était venu pour la première fois avec sa maman, Édith Cahier, invités par Leila Menchari (Hermès) dans sa superbe villa à Hammamet. Coup de foudre. Frédéric Mitterrand en fera son havre de paix où il se réfugie à la moindre occasion possible. Il achètera une maison en plein cœur de la médina de Hammamet et en fera un lieu de convergence de tant d’amis, de Tunisie, de France et d’ailleurs, pour une fête continue.Enfant du cinéma et du paysage audiovisuel, Frédéric Mitterrand deviendra rapidement une grande vedette, sur des stations radio, des chaînes télé et dans la production de films et de documentaires. Son talent s’exerçait aussi dans l’écriture, publiant une série d’ouvrages, entre romans, mémoires et biographies historiques.
Sa voix nasillarde, ses récits merveilleux, ses livres attachants, rebondissants de révélations, intimes ou historiques, retracent ses multiples passions. Frédéric Mitterrand a toujours cherché à subjuguer ses auditeurs, ses téléspectateurs, ses lecteurs et les siens. Portant lourdement un nom de famille prestigieux, avec un oncle (François) président de la République pendant 14 ans, il a su imposer son prénom par la force de son talent et d’autres valeurs. Frédéric Mitterrand savait cultiver l’amitié et entretenir la fidélité tout au long de parcours croisés. Des vies multiples ? «Je n'en ai qu'une seule et qui emprunte des tas de chemins de traverse», affirma-t-il.
Un engagement tunisien constant
Au fil des ans, ses liens avec la Tunisie et les Tunisiens ne seront que renforcés. Frédéric Mitterrand ne manquera jamais une occasion pour être utile, rendre service, soutenir, promouvoir… Son carnet d’adresses était ouvert à tous. Il acceptera avec réel plaisir et grand enthousiasme en 1995 la délicate charge de monter «La saison de Tunisie» en France, pratiquement sans budget public dédié. Il en fera une grande réussite. Son unique vœu était d’obtenir la nationalité tunisienne: il sera exaucé.Lorsque le président Nicolas Sarkozy le nommera en 2009 ministre de la Culture et de la Communication, il inscrira la coopération culturelle avec la Tunisie sur son agenda et y œuvrera. En visite officielle à Tunis, en décembre 2009, il tiendra à décorer des insignes de chevalier des arts et des lettres dix figures tunisiennes significatives : Fadhel Jaïbi, Jélila Baccar, Taoufik Jebali, Zeyneb Farhat, Lotfi Bahri, Syhem Belkhodja, Aïcha Ben Abed, Dorra Bouchoucha, Aïcha Gorgi et sœur Josette Beyou. Mais aussi et surtout d’annoncer une série de grands projets, dotés de budgets appropriés.
«Avec son départ, déclare le ministère des Affaires étrangères, l’amitié tuniso-française perd une personnalité qui a beaucoup contribué au raffermissement des liens entre les deux pays. Le disparu, avec son talent de conteur reconnu, a fait connaître à un large public la richesse de l’histoire de la Tunisie et de son patrimoine. (…) Frédéric Mitterrand a fait preuve d’un engagement constant pour le renforcement des relations d’amitié entre la Tunisie et la France, et d’un soutien indéfectible aux artistes.»
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