Hédi Nouira et Henri Kissinger

Longtemps pivot de la diplomatie américaine, Henry Kissinger, décédé le 29 novembre dernier à l’âge de 100 ans, était très sollicité par les dirigeants du monde. Même après avoir quitté ses fonctions auprès des présidents successifs des Etats-Unis d’Amérique, il s’intéressait beaucoup à rencontrer des chefs d’Etat et de gouvernement en visite à Washington DC ou à New York. C’est ainsi qu’il répondra favorablement à l’invitation offerte en l’honneur du Premier ministre Hédi Nouira, à l’occasion de sa visite dans la capitale fédérale, du 28 novembre au 5 décembre 1978. C’était il y a maintenant 45 ans.

A l’invitation du président Jimmy Carter, Hédi Nouira était arrivé le 28 novembre 1978 accompagné de son épouse et d'une délégation comprenant M. Mohamed Fitouri, ministre des Affaires étrangères, M. Hassan Belkhodja, ministre de l'Agriculture, et M. Mustapha Zaanouni, ministre du Plan.

La lecture du communiqué publié à cette occasion est instructive

Durant son séjour, le premier ministre a rencontré le président Carter. Les échanges ont été suivis d'un déjeuner de travail à la Maison Blanche avec le Président. Le premier ministre a également rencontré le secrétaire d'État Cyrus Vance, d'autres représentants du gouvernement et des membres du Congrès.

Au cours de son séjour à Washington, le Premier ministre s'est également entretenu avec des dirigeants d'institutions économiques, financières et universitaires. Il visitera également des entreprises agricoles au Texas, en Arizona et en Californie. Il rencontrera également les autorités de ces Etats pour discuter de l'utilisation de la technologie américaine dans le développement des terres arides, en vue de promouvoir la future coopération tuniso-américaine dans ce domaine.

Le Président et le Premier ministre ont exprimé leur satisfaction face aux excellentes relations bilatérales qui existent depuis près de deux siècles. Le Président a demandé au Premier ministre de transmettre au Président Bourguiba sa gratitude pour l'amitié indéfectible qu'il témoigne aux Etats-Unis depuis que la Tunisie a retrouvé son indépendance.

Le Président a réitéré au Premier Ministre l'intérêt constant des Etats-Unis pour la stabilité, l'indépendance et la sécurité de la Tunisie.

Les deux dirigeants sont convenus d'intensifier les efforts pour accroître la coopération économique entre leurs deux pays, encourager les investissements, promouvoir le transfert de technologie et développer les échanges commerciaux et culturels.
Le Président Carter a félicité le Premier Ministre Nouira pour le rythme rapide de développement que la Tunisie a connu au cours des huit années de son administration. Citant la Tunisie comme bénéficiaire modèle pour une utilisation judicieuse de l'aide américaine, le Président a réitéré l'intention de son gouvernement de poursuivre et de développer la participation américaine à la croissance économique de la Tunisie.

A cette fin, la Commission mixte américano-tunisienne se réunira à Tunis, fin janvier 1979.

Dans leur discussion sur les questions internationales, le président Carter et le Premier ministre Nouira se sont concentrés en particulier sur la situation au Moyen-Orient. Le Président a exprimé son appréciation pour les encouragements que le Président Bourguiba et le Premier Ministre lui ont donnés pour poursuivre ses efforts personnels visant à faciliter un règlement de paix.

Les deux dirigeants ont souligné que la participation du peuple palestinien est un élément fondamental dans la recherche de la paix et ont convenu qu'une paix globale, juste et durable doit permettre la réalisation des droits légitimes pour lesquels tout le peuple palestinien lutte. Le président Carter a exprimé sa conviction que l'approche constructive de la Tunisie face aux questions internationales confère à la Tunisie un rôle important au sein de la communauté internationale.

Le président a assuré le premier ministre que les États-Unis continueraient de promouvoir la résolution des conflits par des moyens pacifiques.

Passant en revue les problèmes de décolonisation en Afrique, les deux parties ont exprimé leur profonde préoccupation face à la détérioration croissante de la situation en Afrique australe, conséquence de la persistance des régimes minoritaires à poursuivre la politique et les pratiques d'apartheid et de discrimination raciale. Ils ont réaffirmé leur engagement à soutenir les droits à l'autodétermination, à la dignité et à la justice des peuples du Zimbabwe, de la Namibie et de l'Afrique du Sud.

La délégation tunisienne a exprimé son appréciation pour l'action positive des États-Unis dans leurs efforts visant à orienter les problèmes de la Rhodésie et de la Namibie vers une voie menant à des règlements pacifiques et a exprimé l'espoir que ces efforts se révéleront bientôt productifs.

Le Premier ministre, au nom du président Bourguiba, a invité le président Carter à effectuer une visite d'État en Tunisie. Le président Carter a accepté cette invitation avec plaisir. La date sera fixée ultérieurement d'un commun accord.»