Kaïs Darragi, coordinateur général de la Ticad 8: Nous œuvrons en faveur d’une grande réussite
Making off ! Comment se déroulera la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8) devant se tenir à Tunis les 27 et 28 août 2022 ? Et quelles sont ses composantes ?
Ce grand évènement sera précédé, la veille, de la visite officielle en Tunisie du Premier ministre du Japon, Fumio Kishida, imprimant un signal fort aux relations bilatérales.
Que faut-il attendre de toutes les séquences qui vont s’enchaîner ?
L’ambassadeur Kaïs Darragi, coordinateur général de la Ticad 8, nous apporte des réponses utiles.
• 1 • Samir Saïed Ministre de l’Économie et de la Planification
• 2 • Kaïs Darragi Coordinateur général de la Ticad 8
• 3 • Shimizu Shinsuke Ambassadeur du Japon à Tunis
• L’Agence japonaise de coopération internationale (Jica)
• 4 • Hédi Ben Abbès Président de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-
japonaise (Ccitj)
• 5 • Mohamed Ouertatani Président de la Tunisia Investement Authority (TIA)
• 6 • Abdelbasset Ghanmi Directeur général d’Invest in Tunisia Agency- Fipa
• 7 • El Borni Salhi Directeur général de l’Agence tunisienne de coopération technique (Atct)
La Tunisie est fin prête pour accueillir et réussir la Ticad 8. Des délégations officielles conduites par des chefs d’Etat et de gouvernement, des investisseurs et des dirigeants de grandes entreprises, du Japon et de pays africains (entre 2 000 et 3 000 participants) y prendront part. La session de Tunis revêt toute son importance, affirme l’ambassadeur Darragi. Fin connaisseur du Japon, où il avait totalisé 9 ans d’affectation à l’ambassade de Tunisie à Tokyo (en deux périodes, la seconde, durant 3 ans en tant qu’ambassadeur, jusqu’en 2018), il est sur le pont au sein de la commission nationale d’organisation, présidée par le ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, à pied d’œuvre depuis plusieurs mois.
De multiples dimensions
«C’est le premier grand évènement post-covid 19 co-promu par le Japon en dehors de son territoire, souligne l’ambassadeur Darragi. C’est aussi pour la deuxième fois, après le Kenya en 2016, que cette conférence dédiée à l’Afrique se déroule en terre africaine. Elle se tient dans un contexte international particulier, marqué par l’émergence de nouveaux défis. Force de proposition, la Tunisie, reconnue pour son esprit de rassembleur et jouissant d’une grande crédibilité, contribuera activement à la formulation de réponses communes à des défis globaux.»
«La Ticad a changé de vocation, ajoute-t-il. Le forum, jadis officiel et institutionnel, est de plus en plus axé sur le financement et l’appui du secteur privé. Le secteur privé s’y implique encore plus fortement, et se montre très intéressé par les opportunités qui s’offrent. La Tunisie aspire à la concrétisation de certaines idées à cette occasion. »
«L’Afrique n’est plus perçue comme un continent bénéficiaire de l’aide au développement, mais comme un continent partenaire, un marché émergent et un vecteur de croissance dans l’économie mondiale, tient à souligner l’ambassadeur Darragi. La Ticad 8 devient une communauté de valeurs fondées sur le multilatéralisme, l’œuvre de différents acteurs, le respect des choix des pays africains dans l’appropriation des initiatives et la mutualité des intérêts».
Le décor ainsi planté, on comprend mieux les enjeux.
Une importante dimension bilatérale: la visite du Premier ministre du Japon.
La tenue de la Ticad 8 sera précédée, au niveau bilatéral, de la visite qu’effectuera à cette occasion le Premier ministre du Japon, Fumio Kishida, la première du genre dans l’histoire des relations bilatérales établies entre les deux pays.
Signe d’intérêt, M. Kishida sera accompagné à cette occasion d’une importante délégation composée de plus de 100 personnes (officiels, dirigeants d’entreprise, financiers, journalistes, etc.). Des accords seront signés au terme d’entretiens avec son homologue, Najla Bouden, et le président de la République, Kaïs Saïed. De nouveaux instruments juridiques seront mis par la Tunisie, envoyant un signal fort aux investisseurs japonais quant aux incitations offertes et au climat des affaires.
De l’infrastructure aux technologies
«Au plan bilatéral, un changement de paradigme commence à s’opérer dans la coopération entre les deux pays, explique à Leaders l’ambassadeur Kaïs Darragi. De grands projets ont connu un franc succès. Ils sont à rééditer sous de nouvelles formes. Mais, nous pouvons viser plus loin. Nous passons des grands projets d’infrastructure (pont de Radès, centrales électriques, tronçons d’autoroutes, station de dessalement des eaux, etc.) à des projets à haute valeur technologique. Cette avancée permettra à la Tunisie de monter en gamme dans la chaîne de valeur internationale et lui ouvre de larges perspectives. A titre d’exemple, le financement par le Japon de la technopole de Borj Cédria a abouti à l’accréditation de 8 brevets d’invention qui sont actuellement en cours de valorisation industrielle et seront bientôt mis sur le marché.»
«Le soutien du Japon, poursuit l’ambassadeur Darragi, bénéficiera également à l’équipement d’un laboratoire intégré au sein de l’hôpital Charles-Nicolle, ainsi qu’à un laboratoire de séquençage génétique. Un autre projet dans le domaine de la santé vise à renforcer le centre de formation pour la maintenance et la réparation des équipements médicaux. Ce centre pourra bénéficier à d’autres pays africains.
Cette séquence bilatérale, fort importante, comprend également une composante économique entre les opérateurs du secteur privé dans les deux pays. Organisée par la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise (Ccitj), elle sera marquée par la signature d’accords de partenariat, la tenue de séminaires de présentation de projets et de rencontres en B2B.
Une conférence au sommet
Quant à la Conférence elle-même, elle se déroulera au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement les 27 et 28 août au Palais des Congrès. Elle sera précédée de réunions préparatoires au niveau des hauts fonctionnaires, puis des ministres des Affaires étrangères.
Le Japon et la Tunisie sont co-organisateurs, ainsi que l’ONU (Pnud et Commission économique pour l’Afrique) et d’autres partenaires.
«Nous nous attendons à une bonne participation de haut niveau, confie à Leaders l’ambassadeur Kaïs Darragi. Les chefs d’Etat et de gouvernement qui feront le déplacement à Tunis, ajoute-t-il, auront l’occasion de discuter de la coopération de leur pays avec le Japon et la Tunisie. La Tunisie jouit d’une grande crédibilité et a toujours œuvré à rassembler et agir en commun.»
Une priorité pour le secteur privé
Composante importante de cette manifestation, le business forum qui regroupera, à l’hôtel Laico, une centaine de dirigeants de compagnies japonaises et autant de leurs pairs tunisiens et d’autres pays africains.
Des évènements parallèles seront organisés à la veille du sommet à la Cité de la culture. Ils traiteront particulièrement du financement, du capital humain et d’aspects scientifique tels que la conquête de l’espace et autres.
La dynamique est déjà là. La Ticad 8 ne s’arrêtera pas avec la clôture des travaux, fin août. Elle se poursuivra jusqu’à la tenue de la prochaine session, dans trois ans, au Japon. Tunis sera un élément déclencheur de nouveaux efforts, tant pour le suivi des décisions prises et des projets soumis que pour la formulation de nouvelles propositions. Un mécanisme de suivi, la plateforme de Yokohama permet de s’assurer de la mise en œuvre des engagements pris.
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