Mohamed Salah Ben Ammar: Normaliser la dignité humaine?
Nous sommes d’accord pour réaffirmer à l’infini que les critères de dignité humaine ne sont pas tributaires de déclarations combien même elles seraient universelles ! Il suffit simplement de commencer par respecter l’autre dans ses différences. Le respect de la dignité humaine ne se décrète pas, il ne peut qu’exister au quotidien dans les pratiques, partant de là, la nécessité d’un cadre normatif pragmatique ne peut que nous rapprocher des buts recherchés.
La bioéthique fonctionne en posant des questions sur des sujets dont le cadre réglementaire n’est pas aisé, elle prend également en compte le comportement (la dimension éthique), la prise de décisions individuelles et la politique (la régulation et la gouvernance). C’est dire l’importance de donner un espace et des règles aux discussions rationnelles et intersubjectives qui permettent la prise de décisions dans le respect de la démocratie et en éviter les approches paternalistes souvent fondées sur l’utilisation du savoir pour obtenir du pouvoir sont nécessaires.
Mais à l’échelle internationale l’OMS et l’UNESCO se partagent les rôles et existent seulement trois instruments juridiques internationaux sur la bioéthique:
1. La Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’Homme en 1997,
2. La Déclaration internationale sur les données génétiques humaines en 2003,
3. Et la déclaration universelle de Bioéthique et des Droits de l’Homme en 2005.
Moins la démarche est normalisée, plus les différences culturelles (toujours réelles et respectables) seront (ont été) instrumentalisées ! C’est ce qui a partiellement occulté de réels problèmes comme les insuffisances techniques, médicales, éducationnelles ou économiques existantes sous nos cieux.
Les acteurs ont esquivé les vrais problèmes de sociétés.
Un dialogue bâclé, non inclusif, obéissant à des procédures aléatoires a ébranlé la confiance des sociétés dans le corps soignant et autres élites intermédiaire professionnel incontournable entre le “progrès“ et les citoyens. De graves dérives existent aujourd’hui.
Par ailleurs la naïveté des certains acteurs (dont je fais partie) a fait que l’impact réel d’avis émis en toute bonne foi, parfois à la hâte, par mimétisme, sans préalables, ni formation, cet impact a été nul voir négatif.
A suivre 3/5
Pr. Mohamed Salah Ben Ammar
Ancien vice-président du Comité International de Bioéthique de l'UNESCO
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