Hommage à Ridha Hamza: La Tunisie a perdu hier un de ses grands serviteurs, parti aussi comme il a vécu, en silence
Par Mohamed Hedi Zaiem - Diplômé d’Etudes Supérieures d’histoire de la Sorbonne, rien ne prédestinait en fait Ridha Hamza à être l’un des meilleurs gestionnaires qu’ait connu le secteur public en Tunisie. Il a fait ses premières armes au Ministère du Plan et des Finances. Il a été proche de feu Ahmed Ban Salah dont il a partagé et gardé une fibre sociale qui l’accompagnera toute sa carrière. Mais c’est au sein de la CNRPS, dont il a pris les commandes onze années durant, qu’il déploiera un savoir-faire managérial d’exception.
La CNRPS a été la première entreprise publique à avoir ce statut –nouvellement créé- et Ridha Hamza sera le premier PDG d’une institution publique. Il fera montre d’un esprit d’innovation unique.
Quand il créera la première Direction de l’Organisation et des Méthodes, certains diront «qu’est-ce que c’est ce machin?» ; avant que «ce machin» n’acquière le statut de norme et ne devienne une structure centrale de tout organisme public. On citera aussi le fait que la CNRPS a été aussi pionnière du secteur public dans la mise en place d’un système d’archivage par micro-films.
Il a été le premier à lancer un programme de «logement social» en faveur des cadres de l’Etat dont un très grand nombre ont profité pendant des années de cette aubaine avant d’acquérir leur propre logement.
Mon ami Hedi Dahmen était –à l’époque Hamza- jeune cadre parmi une poignée de diplômés de l’université à la CNRPS. Syndicaliste, il se rappelle de relations de type «chat et souris» avec le PDG, mais elles étaient, dit-il, empreintes de respect et d’une complicité non avouée et aussi de tentatives de «séduction». Ridha Hamza lui avouera plusieurs années après sa disparition de la scène publique : «on avait tout pour s’entendre. Dommage que les gens comme nous n’aient pas eu l’audace et l’intelligence de converger, le devenir du pays en aurait été autrement plus intéressant!». Hedi Dahmen se rappelle aussi de «sa grande élégance», vestimentaire bien sûr, mais surtout l’élégance de la communication. Avec une maîtrise totale des deux langues, et un art maîtrisé du discours, Ridha Hamza avait le don, peu courant, de séduire son auditoire.
Après un passage au gouvernement en Octobre 1985 comme «Ministre de la Protection Sociale», il finira sa carrière publique comme président de la Bourse des Valeurs. A la retraite il ne réussira pas sa reconversion dans le secteur privé, où il connaîtra certains déboires.
Originaire de Ras Jebel, le fait qu’il ait vécu surtout hors de sa ville d’origine, n’a pas empêché beaucoup d’enfants de cette ville lui doivent beaucoup, et y reconnaissent un amoureux de la ville et de ses citoyens.
A un moment où les entreprises publiques sont l’objet de convoitises et de tentatives de liquidation, on ne peut qu’espérer que de nouveaux gestionnaires de sa trempe émergent, alliant l’innovation et l’audace dans la gestion à la touche sociale, sans laquelle ces entreprises ne seraient pas «publiques».
Repose en Paix, Si Ridha, le pays retrouvera sans doute le bon chemin.
Mohamed Hedi Zaiem
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Ahaha "l’un des meilleurs gestionnaires qu’ait connu le secteur public en Tunisie" on voit le résultat aujourd'hui. Merci pour les milliers qui essaie de quitter le pays au péril de leur vie
Ridha Hamza a commencé sa vie professionnele comme professeur d'histoire-géographie au Lycée de Sousse (1959...) aprés sa formation à l'Ecole Normale Supérieure de Tunis (1ère promotion 1956-59).