Pas de laïcité pour les colonisés !
Par Mohamed Habib Salamouna - "L'anticléricalisme n'est pas un article d'exportation." L'expression de Léon Gambetta résume merveilleusement bien la logique coloniale de la France avec les pays partiellement ou entièrement musulmans.
Elle se traduit, dans le Maroc du maréchal Lyautey, par un renforcement de la culture ancestrale et la création en parallèle, loin des regards indiscrets, de villes, de quartiers et de lois occidentales. A Damas et à Beyrouth, les autorités coloniales déclaraient jusqu'en 1930 travailler "pour le bien du pays, pour l'avantage de l'Eglise, pour l'honneur de la France".
Ces exemples et bien d'autres, longuement étayés dans Le Choc colonial et l'islam, dirigé par Pierre-Jean Louizard et publié en 2006 aux éditions La Découverte (livre que j'ai lu attentivement pendant le confinement), tentent de répondre, preuve à l'appui, à l'accusation islamiste selon laquelle "la laïcité est une greffe occidentale".
Il s'avère, au fond, qu'en Turquie occidentale, par exemple, ce sont de jeunes esprits libres turcs, influencés par des loges franc-maçonnes en Italie et en France, qui ont importé la laïcité à l'école et dans l'Etat. Dans d'autres pays, des élites comparables ont voulu faire de même mais le colonisateur les a rarement soutenues. Sa mission civilisatrice était aussi religieuse !
Mohamed Habib Salamouna
Prof de français
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