News - 04.01.2021

Youssef Chahed appelle à des élections législatives anticipées, après une refonte de la loi électorale et à l’élection des conseils régionaux

Youssef Chahed

La surprise du chef en ces soirées dun nouvel an? Moins de onze mois après avoir quitté la Kasbah fin février dernier, Youssef Chahed entend y revenir, sous d’autres auspices. Coup sur coup, il appelle en premier lieu à la refonte du système politique, avec un parlement réduit à 100 députés, élus en une seule circonscription nationale, sur des listes nationales, en deux tours, avec panachage. Une fois la révision de la loi électorale adoptée, il s’agit de l’appliquer en procédant à des élections parlementaires anticipées. Mais, ce n’est pas tout. Youssef Chahed plaide en faveur d’un transfert rapide des pouvoirs centraux aux régions, en hâtant l’élection des conseils régionaux, multipliant les arguments en faveur de cette décentralisation accélérée. Est-il assuré d’un changement significatif de l’équilibre des forces politiques actuellement sur la scène ? Ou tente-t-il une nouvelle chance ?

Make-up

En guise de vœux à la nation, en ce début de nouvel an, telles sont les étrennes politiques qu’a présentées l’ancien chef du gouvernement, lundi soir, choisissant de s’exprimer en direct sur sa page Facebook. Tout était soigneusement préparé et les propos avaient été testés sur des visiteurs ces derniers jours, qui les ont relayés, parfois loin… Décor choisi, un fond caramel, comme pour une causerie au coin du feu (n’était-ce le drapeau national), costume sombre et verbe haut, signes d’autorité. Et voilà un gros pavé habilement jeté dans la marre, en cette pleine cacophonie politique qui traverse tant de partis. L’initiative de Youssef Chahed intervient par surprise sur fond d’absence de leadership, à quelques jours de la célébration du dixième anniversaire du 14 janvier 2011.

Une fenêtre de tir

La proposition de l’UGTT pour un dialogue national essentiellement social et économique se trouve pulvérisée par Kais Saïed qui a décidé d’en faire une large consultation populaire, élargie aux régions et notamment aux jeunes, ouvrant la boite de Pandore. L’UTICA, quant à elle, préconise une reprise de service du quartet (avec l’UGTT, l’Ordre des Avocats et la Ligue des Droits de l’Homme) pour débattre entre soi de questions fondamentales, puis soumettre leurs convergences aux autres parties prenantes, sur le modèle de l’été 2013 qui avait montré ses preuves et mérité le Nobel de la Paix. Pour sa part, le parti Ennahdha, premier à l’ARP, fait face à des mutations internes profondes, alors que Abir Moussi caracole en tête des intentions de vote. Banni par certains, Itilaf El Karama conduit par Seif Makhlouf attise sa capacité de nuisance.

La perception, c’est important

feuille de route. D’avance, Youssef Chahed sait pertinemment que cela relève du miracle, tant les intérêts personnels et partisans des acteurs en piste sont antinomiques. Mais, rien ne l’empêche de se présenter en sage, en homme d’État et en sauveur, à la fois. C’est la perception qui compte. En avait-il prévenu Carthage? Rien ne le confirme. Mais, sa démarche ne s'oppose pas aux idées qui s'y cultivent.

En s’invitant de nouveau au débat, non sans talent développé ni maitrise de son sujet (multiples références juridiques aux dispositions du code des collectivités locales, sans pour autant faire mention du rapport de la Haute instance des finances locales, pourtant fort édifiant en la matière), Chahed veut se rappeler au bon souvenir des Tunisiens. Il veut surtout leur dire qu’il demeure à la barre. Un statut recherché de maître des horloges alors que beaucoup perdent la boussole. Mais, peut-il gommer tant de ratages accumulés durant les trois années et demie passées à la tête du gouvernement, dans un record de longévité absolue depuis 2011 ?

La force d’y croire

« Ni son échec aux présidentielle de 2019, ni le très faible score-déception enregistré par ses listes aux législatives, ni l’hibernation de Tahya Tounès, ne semblent le dissuader d’emprunter les mêmes voies au lieu de rechercher un nouveau positionnement, avec à la clef, faire amende honorable d’une gestion cahoteuse. Le legs laissé n’est guère reluisant », l’accusent sévèrement ses contradicteurs. Capitalisant sur son expérience au pouvoir, son jeune âge et son bagou, Chahed ne se résigne pas à une retraite politique anticipée.

Pugnace, ’avait-il appris de son mentor Béji Caïd Essebsi, qu’en politique tout est possible, rien n’est à jamais perdu.

 
 

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