Malek Ben Salah: Quelle stratégie proposée pour le déconfinement des terres domaniales
Par Malek Ben Salah - Contrairement à ses prédécesseurs, le chef de gouvernement, conscient du rôle que peut jouer le secteur agricole dans le pays, l’a classé à juste titre parmi ses priorités. Les anciens de ce secteur ne peuvent qu’applaudir à une vision aussi responsable, je me permets, en tant que vétéran dans ce secteur, d’émettre ces quelques recommandations à partir de la modeste contribution que j’avais apportée dans la construction de l'Etat-national de l’après-indépendance. En m’adressant pour cela au ministre des Domaines de l’Etat qui est certainement le ministre le mieux placé à l’amont du secteur aujourd’hui, en l'espèce, la mise en place d’un programme pertinent qui fera de l’Etat la locomotive de la reconstruction de l’économie du pays, et notamment de l’économie agricole et rurale.
M. le ministre des Domaines de l’Etat,
Vous savez sans doute qu’on vous a confié la gestion de la plus grosse fortune de Tunisie, et qui comprend rien que, pour l’agriculture, la gestion de plus de 500.000 ha des sols les plus fertiles de Tunisie. Ce qui constitue une véritable gageure même à l’heure du numérique ; le saut ne peut se faire sans d’importantes réformes préalables !
Tous vos prédécesseurs ont raté le coche, ne s’étant pas fixé au préalable les objectifs à atteindre, la plupart s’étant déguisé en ‘’de vieux bourgeois melleks de ces terres’’ qui se contentent d’un modeste usufruit لا يُشبع و لا يُغني من جوع. Le résultat de cette gestion anachronique et irresponsable, a fait perdre à l’Etat des sommes colossales sur son budget et un temps fou. Un véritable gâchis auquel il faut mettre un terme ! Cependant, et peut-être le plus grave, ce comportement n’a fait qu’empirer ; le statut et le rôle de ces terres restent entièrement posés : ni l’Etat ni la population… n'en ont profité.
Une agriculture aux multiples fractures qui impactent les terres domaniales
Pour l’agriculture tunisienne, les fractures forment de véritables carrefours de contradictions (fracture agricole, fracture alimentaire, fracture sociale…) entre petits, moyens et gros agriculteurs dont le plus riche est l’Etat avec ses terres domaniales. Sur les 5,3 millions d’ha de terres, et, il a été dénombré 516.000 exploitants agricoles, qui vivent pour 75% d’entre eux de moins de 10 Ha, pour 22% parmi eux d’exploitations dites moyennes de 10 à 50 ha et pour 3% de grandes exploitations de plus de 50 ha. Le niveau d’instruction est, pour notre grande honte - au pays de Bourguiba - avec 84% d’entre eux qui n’ont pas le niveau primaire ; 14% ont un niveau secondaire ou professionnel, alors que seulement 3% (16.500 exploitants) ont suivi des études supérieures.
L'analphabétisme est estimé à 46%. Cette situation est due aussi bien à des consensus, à l’origine nationaux mais qui se poursuivent suite à des pressions politiques non avoués, comme on peut les mettre sur le compte de la mondialisation ou de la rapidité des évolutions technologiques…. Autant de fractures qui laissent un profond sentiment de déclassement dont souffrent de larges franges d’agriculteurs, réellement exploités par la collectivité, par le consommateur et par une foule d’intermédiaires… ; l’Etat ayant ignoré ces fractures il doit faire face au défi le plus crucial à surmonter.
Aujourd’hui, tout concepteur et développeur chargé de travailler sur le développement régional et sur la ruralité de ‘’l’après crise sanitaire’’ doit en tenir compte.
C’est donc de l’énorme fortune détenue et gérée par notre ‘’richissime’’ Ministère des domaines de l’Etat – qu’on devrait repartir pour redonner à chacun son dû et remettre les pendules à l’heure. Ce Ministère, se devant d’occuper une position centrale dans la sortie de cette crise sanitaire et économique. Il est, à mon avis, appelé à contribuer par la conception (1) d’une restructuration de ces terres qui, s’appuie sur l’exploitant ‘’enraciné dans la terre’’ et de l’exploitation en tant ‘’qu’entreprise de base’’ à démarrer dès les débuts 2021 ; et (2) d’autre part, de débarrasser l’Etat d’une charge qui ne peut être la sienne : cette structuration qui a fait de lui, à tort, un exploitant de la terre, un patron, un ouvrier, un marchand… qu’il s’est attribué, au fil du temps, suite à l’appropriation de ces terres.
Il s’agit de lancer une restructuration qui intègre des actions qui brisent ces fractures multiples, introduisent l’esprit d’entreprise rare dans le secteur et que les régimes successifs n’ont pas encouragé. Une structuration qui permet d’innover, de contribuer à la production agricole, au développement d’une agro-industrie, de services communs et des emplois de diverses natures.…
Restructurer les terres domaniales, seule voie de sortie régionale et nationale de l’après-crise
L’existence depuis si longtemps, d’un nombre aussi lourd de fractures agricoles ne peut qu’impacter négativement les terres domaniales en plus des mauvaises méthodes de gestion adoptées à travers ces années. Ce qui ne peut, presque, plus permettre d’entrevoir une sortie de la crise économique que subit le pays, surtout quelle est doublée aujourd’hui par une crise sanitaire qui a détourné toutes les attentions et consommé les rares ressources financières mobilisables.
La situation dont on hérite aujourd’hui ne devant pas s’éterniser davantage, aussi faut-il rechercher une solution pour trouver la plus juste façon de capitaliser cette énorme fortune/manne du ciel, si malmenée et depuis si longtemps, que forment les terres domaniales. Pour cela, que vous soyez conservateur, réactionnaire ou progressiste… une seule voie est devant nous pour l’après-crise sanitaire. Il faudra abandonner cette malheureuse idée de l’Etat qui est à la fois, exploitant agricole, patron et ouvrier, marchand de légumes et fruits ou grossiste de céréales ou d’huile d’olive… ! Il faudra décider de:
(1) recourir à la cession de ces terres aux Professionnels de cette activité ; c’est-à-dire à de jeunes agriculteurs ‘’de père en fils’’ ou à des diplômés en agriculture ou en gestion à un prix acceptable, débarrassant par la même occasion, l’Etat d’une charge qu’il s’est attribué, suite à la faible expérience des gouvernants lors de l’appropriation de ces terres et durant les années qui ont suivi ;
(2) il s’agira, bien entendu, de trouver les capitaux nécessaires à une relance de l’agriculture au moindre coût, ce dont l’Etat ne dispose pas. La revente devra s’accompagner donc d’une restructuration de ces terres qui cible la création d’emplois de ‘’chefs d’exploitations’’ originaires de la région, formés, instruits et jeunes …
Les produits financiers des ventes sont reversés dans un fonds spécial, dont l’objectif est d’offrir, aux enfants d’agriculteurs et aux diplômés mentionnés plus haut, une ligne de crédit pour le financement, le subventionnement et la modernisation des nouvelles structures (exploitations moyennes de 50 à 100 ha) créées à partir du domaine de l’Etat. Ces nouvelles structures formant une véritable task-force au service d’une agriculture plus performante et d’un milieu rural plus vivable.
Une Task-force structurante pour nos régions rurales et opérationnelle dès 2021
Si le développement industriel se fait à partir des industries qui forment les structures à améliorer, à renforcer, à étendre ou à moderniser…, le développement agricole a toujours été conçu de façon globale et par secteur, d’où le flou qui entourait ses objectifs qui ne pouvaient que différer d’une région à l’autre, d’un microclimat à l’autre, d’un écosystème à l’autre… d’où un départ en rangs dispersés qui ne permet d’atteindre des objectifs déterminés. Dans l’approche proposée qui fait de l’exploitation ‘’l’entreprise de base’’ du développement du secteur agricole tout comme pour l’industrie…, notre proposition est axée sur une restructuration des fermes domaniales en exploitations moyennes dirigées par une jeune génération d’agriculteurs capables de relancer le secteur, avec une productivité et une rentabilité satisfaisantes et de solutionner ainsi une problématique qui traîne depuis longues années à la fois pour L’Etat et pour La Profession. Structuration qui permettra de dynamiser la gestion de ces exploitations grâce à un esprit d’entreprenariat qui, à l’instar d’une startup, va différencier ce type de structure (quelque peu innovante) par une meilleure orientation de son potentiel de croissance économique. Dans ces cas, l’innovation ira de pair avec l’esprit de solidarité et permettant l’adoption du travail en groupes à travers des associations d’intérêt collectifs, des coopératives, des sociétés… (De machinisme, d’approvisionnement, de commercialisation, de production et d’utilisation d’énergies renouvelables, de services ou d’études…) ; constituant de ce fait une task-force capable de rebâtir le secteur et d’imposer une vision compatible avec le XXIème siècle.
Un rôle déterminant à jouer
M. le ministre des Domaines de l’Etat,
Vous avez certainement compris que la mission dont s’était chargé l’Etat à travers le Ministère des domaines de l’Etat) n’est ni définitive ni souhaitable pour le pays. Il y a donc nécessité pour l’Etat d’y mettre fin, mais cela n’a fait que traîné depuis 1964 et que c’est à l’Etat de programmer les cessions à faire, dans l’intérêt du gouvernement et du pays. Sur un plan pratique, le passage des 500.000 ha de terres domaniales actuelles, sous forme de fermes plus ou moins bien gérées par des salariés soumis à une législation rigide inadaptée à ce secteur à une génération de jeunes exploitants ouverts au progrès, est très positif aussi bien sur le plan technologique que sociétal.
L’Etat n’ayant plus les moyens de faire face aux lourdes difficultés financières qui pèsent sur ces terres (même pour renouveler les moyens d’exploitation : matériel, réalisation d’investissements nouveaux nécessaires à l’intensification de la production…), et qui de plus, n’a pas vocation pour ces fonctions de producteur et de gestionnaire d’exploitations agricoles, a tout intérêt de se débarrasser de ces contraintes si coûteuses pour ses budgets annuels pour se limiter à ses fonctions régaliennes comme il sied à une meilleure conception de la IIème République!
Le Ministère des domaines de l’Etat qui a hérité de ces terres domaniales qui avaient été gérées, auparavant, par le Ministère de l’agriculture sans qu’il n’ait réussi à adopter la politique que justifie leur fertilité et à valoriser ce capital que l’Etat s’est approprié…, comprend bien que sa création en 1990 n’était pas dû seulement à l’échec des modes de gestion antérieurs, mais cachait mal le contexte spécial que visait le régime de Ben Ali…, celui d’en faire une chasse gardée au profit des proches du régime… Il est donc temps de réviser aujourd’hui cette vision dans l’intérêt du pays ! La gestion de la terre a toujours été l’apanage des ‘’gens de la terre’’, même si la tenue de ce rôle est pleine d’embuches, il est nécessaire aujourd’hui, de ne la confier qu’aux plus avertis parmi ceux-ci surtout que la préoccupante situation financière du pays nous fait entrevoir, par-là, une porte de sortie de crise grande ouverte qu’il faut préparer au plus vite … !
Pour ce, il urge de former des équipes, parmi le staff de fonctionnaires employés par le Ministère des domaines de l’Etat, et de les charger de réaliser au cours de cette année 2020, les études de faisabilité préalables répondant à ce double objectif…leur encadrement par 1 ou 2 experts de haut niveau pour ce genre d’études ne peut qu’accélérer les résultats ! Ces équipes chargées de préparer ces études, ainsi que les experts qui les encadreront, doivent être choisis pour leur compétence, leur impartialité, leur efficacité, et pour leur non appartenance à des partis politiques ou à des groupes d’intérêts…, ainsi que pour leur sens de l’intérêt général et de ne pas brader des terres que des générations de gouvernants n’ont pas su valoriser.
M. le Ministre des domaines de l’Etat,
En se fixant comme objectif la cession de 100.000 ha par an on peut espérer réaliser l’opération en 5 ans. Avec une moyenne de 50 à 100 ha/exploitation selon la vocation des sols, il peut être créé dans les 700 à 800 exploitations par an, soit 700 à 800 de jeunes et compétents ‘’chefs d’exploitations’’ qui peuvent faire partie de la task-force, employant à leur tour, selon les systèmes de production 5 à 6 emplois/exploitation… soit quelques 4000 emplois et la sécurisation de 4000 familles. Par ailleurs, d’autres retombées d’un pareil programme vont être induites en parallèle. Un appel certain viendra booster les nouvelles structures sous forme d’activités clés impactant ces régions par l’installation de petites agro-industries qui vont s’agrandir et s’intensifier avec le temps, avec l’installation d’autres métiers et commerces (maçons, mécaniciens, agro fournisseurs ; mais aussi des spécialistes d’informatique, du numérique, de l’intelligence artificielle… tout ce qui peut impacter la qualité les résultats attendus). Donc et même si les avis peuvent diverger encore, après 9 années pilotées par des partis politiques sans doctrines ni objectifs et qui n’ont fait qu’enliser le pays dans une crise remontant à 2011, cette proposition concrète devrait retenir votre attention, M. le Ministre des domaines de l’Etat, pour mettre vos équipes au travail. L’opportunité de créer une masse aussi importante d’emplois, tout en allégeant les charges de l’Etat, ne peut se renouveler à notre guise, et perdre celle-ci ne serait que gâcher du temps et de l’argent ; alors que je ne fais que, vous présenter, la Voie de s’en sortir au meilleur coût dès la fin de cette crise ! La transformation et l’animation d’un milieu rural trop monotone et peu attractif pour nos jeunes qui, de plus souffrent de chômage, ne peut se prolonger davantage.
Comment trouver les fonds pour financer et soutenir un programme pareil ?
La consigne maîtresse à adopter aujourd’hui, c’est de profiter de cette année de ‘’repos forcé suite au confinement’’ pour la transformer en une fourmilière productrice des études de faisabilité nécessaires aux lotissements et à la cession des terres domaniales, en vue de passer à l’exécution pour les 100.000 premiers hectares (ou peut-être 50.000 pour la première année) dès 2021.
La situation financière de l’Etat, d’une part, et de celle de notre jeunesse en chômage, d’autre part, sont bien connues et ne peut permettre de prévoir un autofinancement à demander à ces derniers. Le recours, encore une fois, à la mise au point d’un projet spécial de ‘’lotissement des terres domaniales et de promotion de l’exploitation agricole‘’ assorti d’une ligne de crédit est indispensable au profit des bénéficiaires susmentionnés. Ceux ci ayant à rembourser ce crédit aux bailleurs de fonds. Pour ce, il est souhaitable de contacter soit l’Union Européenne avec la Banque Européenne soit à la GIZ avec la KFW pour leur présenter le projet, l’Etat donnant sa garantie tout comme pour les projets de la STEG ou de la SONEDE.
On compte, bien sûr, sur les capacités de négociateur de Monsieur le Ministre des domaines de l’Etat, pour convaincre nos partenaires qui avaient toujours soutenus les efforts de développement de la Tunisie et qui comprendront certainement la nécessité d’une profonde réforme telle que celle-ci.
Le projet spécial de ‘’lotissement des terres domaniales et de promotion de l’exploitation agricole‘’ comprendra:
• Une ligne de crédit dont le montant sera reversée dans le fonds spécial, cité plus haut, tout comme les produits financiers des ventes des terres domaniales comme susmentionné. Ce fonds, qui peut bénéficier de dotations budgétaires de l’Etat, servira à financer l’acquisition de l’exploitation telle que la limiterait l’étude et à fournir les moyens financiers (crédits et subventions) pour l’équipement et la modernisation des nouvelles structures (exploitations moyennes de 50 à 100 ha) créées à partir du domaine de l’Etat. Ces nouvelles structures qui forment la task-force destinée aux progrès à réaliser par le secteur et celles du milieu rural environnant.
• Les moyens de fonctionnement, de formation et d’encadrement du projet.
Le bénéficiaire du projet, après une année de grâce et sous contrôle de l’Etat, devra rembourser annuellement au fonds spécial tous les crédits d’acquisition et d’équipement dont il aura profité, en dehors des subventions alignées aux textes existant par ailleurs.
Urgence signalée et à bon entendeur salut !
Malek Ben Salah
Ingénieur général d’agronomie, consultant indépendant,
spécialiste d’agriculture/élevage de l’ENSSAA de Paris
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Quel Gâchis! Autant de compétences délaissées , des pointures comme on n'en fait et n'en fera plus.Qui pourrait comprendre votre très juste message. Je le complète, début 1900, sous le protectorat, on estimait un lot parfaitement viable pour l'agriculteur à 80ha; Votre mesure entre 50 et 100 ha est encore dans le vrai. Démembrer est nécessaire et vous l'avez bien développé... Mais aussi, remembrer les trop petites parcelles serait tout aussi judicieux.Une partie des recettes du démembrement servirait aussi à cette vision . Quel potentiel gâché !Nous qui avons eu l'ECAT , devenue INRAT...Sauf que les élèves autrefois issus de l'ECAT étaient pour la plupart devenus de gros agriculteurs qui réformèrent l'approche agricole tout en se consacrant à des travaux de recherche appliquée..le Florence Aurore en est un legs. Puisse Si Malek Ben Salah être entendu!
Merci Cher Si Malek pour votre contribution habituelle aux multiples pb du secteur agricole dont les terres domaniales.J'adhere parfaitement à votre proposition Et permettez moi d'ajouter qq remarques: 1/Il faut insister sur la dépolitisation de ce dossier.Ces terres dont La gestion est à bout de souffle sont une richesse que La Tunisie doit permettre à ses enfants de Bien valoriser dans le cadre d'une politique ambitieuse d'encouragement à l'investissement et la production Pour Le marché local Et l'exportation.Il ne y avoir Pour ce dossier ni "ligne rouge" ni "ligne jaune" mais plutôt des "lignes vertes....." 2/La proposition,pour convaincre,plusieurs doit être appuyée par "un fort exposé De motifs". 3/À mon avis les premiers concernés sont: à/Le ministre de l'agriculture b/Le ministre du domaine de l'état Ces deux responsables doivent Bien étudier le dossier,se convaincre mutuellement pour présenter une proposition au chef du gouvernement qui En cas d'adoption lasoumettra au président de la république. 4/Engagement des études par région à soumettre aux différents partenaires sociaux 5/Le délai de grâce d'une année pour démarrer le remboursement du crédit est irréalisable compte tenu de la particularité du secteur et surtout En agriculture biologique pluviale.l'experience des lots techniciens et des Smvda (à évaluer objectivement par une expertise indépendante du Ministere de l'agriculture) est certainement riche d'enseignements. Merci Si Malek Et avec tous mes respects Ramadhan Moubarek M.Balti
De prime abord, Saha Chribtek, Si Malek, et avec mes sincères salutations, ma considération et mes respects pour cette analyse relative aux terres domaniales et à la manière de leur gestion par l'état. Toutefois, j'aurais souhaité aussi que votre analyse rapportait également les périodes et les expériences réussies dans de nombreuses exploitations agricoles durant les années 60, du siècle dernier (agro combinats, UCPA, etc.); tout en rappelant que vous étiez parmi les pionniers de cette politique agricole, et qui a contribué au développement agricole, donc économique du pays. A l'époque, c'était une autre manière de "management" totalement différente de celle pratiquée depuis plus de 30 ans. Egalement, permettez de vous signaler que votre proposition et tout à fait opposée à celle que vous avez défendue durant votre riche carrière professionnelle. Je rajoute aussi que ce "tsunami sanitaire" a bel et bien montré l'important rôle que doit jouer l'état, non pas uniquement dans le système sanitaire; mais surtout dans la contribution de l'état pour assurer une souveraineté alimentaire, qui ne peut être assurée, aujourd'hui et demain par un le modèle de financement tel que vous l'avez proposé (UE, GIZ, etc.). Il s'agit bien du mode de gestion de l'état sur ces 500 000 ha, et qui doivent être transformés en entreprises agricoles, et que l'agriculture ne soit plus un outil de production; mais plutôt définie en termes d'accès aux marchés. Toutefois, je vous réitère mes sincères salutations et mon profond respect, et avec plaisir d'échanger les idées; même si parfois, elles sont opposées.
Merci à tous pour ces commentaires et suggestions très positifs. Bien entendu dans un article de presse on ne peut que limiter son texte. J’ai voulu seulement attirer l’attention de M. Le Ministre des domaines de l’Etat et des AF sur une contribution éventuelle qu’il pourrait entreprendre en vue de contribuer à la préparation d’un démarrage rapide d’actions précises pour aider le gouvernement à atteindre ses promesses et faire face à un développement agricole qui serait, pour de bon, un fer de lance pour la sécurité alimentaire, la création d’emplois (en cascade), l’animation du milieu rural en attirant l’installation d’autres activités pour vendre du matériel agricole, de l’agrofourniture, de la collecte ou de la commercialisation des productions végétales et animales… Avec un Etat qui se limitera, au fur et à mesure, à ses fonctions régaliennes et avec des hommes politiques qui travaillent pour l’Intérêt National avant les intérêts particuliers. Souhaitons à Si Ghazi Chaouachi, Ministre des domaines de l’Etat et des AF, de mette en place tout de suite ses équipes au travail et prenne contact avec les partenaires possibles pour son démarrage rapide. Il y aurait, au bout de cet effort, la sécurisation de quelques 4000 familles en première année (et même si on se limite au traitement de 50000 ha en Année 1, ce serait la sécurisation de 2000 familles). Soit, si on s’organise bien, la sécurisation de 50000 à 60000 familles en 5 ans en dehors des autres retombées bénéfiques d’un pareil projet. Aucun autre département ne ferait mieux !
Je trouve cette proposition très intéressante. Cependant je pense, comme l'a bien souligne Si Moncef Balti, qu'il faudra passer par une évaluation sérieuse et approfondie: - de l'expérience des SMVDAs et Lots techniciens, - du système de financement de l'agriculture (FOSDA et autres textes/code des investissements); - de la viabilité économique des exploitations selon les zones agroécologiques. A côté de cela il faudra étudier: - la question relative à la cession/concession des terres: quelle forme? - la question des partages successoraux et d'héritage; Cela dit, je pense que cet exercice dépasse largement les compétences du Ministère des domaines. A cet effet il faudra penser à une organe commun entre le Ministère des domaines et celui de l'Agriculture ou, pourquoi pas à l'APIA dont il faudra élargir ou adapter les attributions et les compétences!?. Pour finir, il faudra conduire en parallèle une étude de faisabilité pour la création de Parcs ou de Plateformes agro-industriels dans les zones potentielles concernées par les terres domaniales disponibles, qui tiendrait compte des tous les projets agricoles en cours relevant de la DGF (PGIP), DGACTA (PACTE), DGEDA (PAD), etc., qui traitent - entre autres - des filières agricoles, ainsi que des nombreuses etudes en cours de préparation sur les politiques agricoles, les SMCA, etc. Pour le financement, il faudra penser à sortir des sentiers battus des bailleurs traditionnels pour chercher d'autres paradigmes et d'autres bailleurs.
De prime abord, Saha Chribtek, Si Malek, et avec mes sincères salutations, ma considération et mes respects pour cette analyse relative aux terres domaniales et à la manière de leur gestion par l'état. Toutefois, j'aurais souhaité aussi que votre analyse rapportait également les périodes et les expériences réussies dans de nombreuses exploitations agricoles durant les années 60, du siècle dernier (agro combinats, UCPA, etc.); tout en rappelant que vous étiez parmi les pionniers de cette politique agricole, et qui a contribué au développement agricole, donc économique du pays. A l'époque, c'était une autre manière de "management" totalement différente de celle pratiquée depuis plus de 30 ans. Egalement, permettez de vous signaler que votre proposition et tout à fait opposée à celle que vous avez défendue durant votre riche carrière professionnelle. Je rajoute aussi que ce "tsunami sanitaire" a bel et bien montré l'important rôle que doit jouer l'état, non pas uniquement dans le système sanitaire; mais surtout dans la contribution de l'état pour assurer une souveraineté alimentaire, qui ne peut être assurée, aujourd'hui et demain par un le modèle de financement tel que vous l'avez proposé (UE, GIZ, etc.). Il s'agit bien du mode de gestion de l'état sur ces 500 000 ha, et qui doivent être transformés en entreprises agricoles, et que l'agriculture ne soit plus un outil de production; mais plutôt définie en termes d'accès aux marchés. Toutefois, je vous réitère mes sincères salutations et mon profond respect, et avec plaisir d'échanger les idées; même si parfois, elles sont opposées.
Que de propositions et suggestions intéressantes, mais là n’est pas la question ! L’approche que je propose sou tend une autre vision pour qu’au lieu de tous les anciens faux-fuyants utilisés et les résultats subis…on les remplace par une responsabilisation de nos acteurs pour, au moins, ‘’MENER UNE ACTION D’ENVERGURE’’ à fond et la réussir. On propose, en fait, ici à notre Ministre du Domaine de l’Etat de «débarrasser l’Etat de sa mission de propriétaire terrien et de se faire remplacer par de jeunes chefs d’exploitations instruits, formés et bien encadrés… » soit une task force réactive, innovante et armée de volonté et de moyens lui permettant de s’en sortir et de sortir des sentiers battus suivis jusqu’ici ! Face à l’actuelle stagnation et à la perspective de ne pouvoir parvenir à un consensus et à une véritable stratégie qu’au bout de plusieurs années … ; à vous les amis, de proposer aux autres départements, contributeurs potentiels, comment se jeter dans l’eau et comment utiliser les têtes et les bras de leur riche fonctionnariat pour réactiver une machine qu’ils ont mis en panne…! Enfin pour ce qui du modèle de financement, j’espère voir fleurir vos propositions concrètes et justifiées. Pour moi, j’ai espoir que les démarches convaincantes que ferait de M. Le Ministre du Domaine de l’Etat ont toutes les chances de succès. Quant au rôle des vieux vétérans du siècle dernier que nous sommes, c’est de mettre sur la table notre expérience pour proposer des actions et des solutions et d’insister, même si personne ne la demande ou si elle est imparfaite, afin d’oser affirmer que ‘’l’intelligentia technique’’ de ce pays prend position face à l’absence de la volonté politique, que réclament les uns et les autres, depuis si longtemps. Ahmed Ben Salah avait une volonté politique, Hédi Nouira avait une volonté politique… Mais depuis plus rien et après 2011 encore plus, nous récoltons simplement les résultats de l’inconscience et de l’abandon du pays entre les mains d’incompétences notoires, pour ne dire que cela ! ! Aujourd’hui, il faut ‘’voir autrement ces secteurs à l’abandon’’, l’appel à l’expérience de nos vétérans n’a rien d’humiliant, notre jeunesse toute ambitieuse qu’elle soit, en a besoin malgré qu’on soit à l’heure du numérique, de la digitalisation… mais on ne peut oublier l’existant, tout ce dont on hérite, et le pain quotidien du Tunisien ''و لاَ يُكَلَّفُ الله نَفْسا إِلاَّ وُسْعَهَا'' . J’oublie mon ‘’à bon entendeur salut’’ pour terminer avec cette autre réplique coranique : ''أَمْ عَلَى قُلُوبٍ أَقْفَالُهَا''
Le 12/05/2020 En réponse à ces propositions et suggestions intéressantes, j’attire l’attention des amis que là n’est pas la question ! L’approche que je propose sou tend une autre vision pour qu’au lieu de tous les anciens faux-fuyants utilisés et les résultats subis…on les remplace par une responsabilisation de nos acteurs pour, au moins, ‘’MENER UNE ACTION D’ENVERGURE’’ à fond et la réussir. On propose ici à notre Ministre du Domaine de l’Etat de «débarrasser l’Etat de cette charge, aussi nocive pour lui qu’un bouton mal placé, de propriétaire terrien et de se faire remplacer par de jeunes chefs d’exploitations instruits, formés et bien encadrés… » soit une task force réactive, innovante et armée de volonté et de moyens lui permettant de s’en sortir et de sortir des sentiers battus suivis jusqu’ici ! Face à l’actuelle stagnation et à la perspective, qu’avec la foire qui règne sur le plan politique, on ne parviendrait jamais, ou presque, à définir un consensus et établir une véritable stratégie, d’où ma proposition au Ministère du Domaine de l’Etat d’agir pendant cette trêve forcée imposée par le covid 19 pour entrer en action …. A vous les amis, de proposer aux autres Départements, contributeurs potentiels, comment se jeter dans l’eau et utiliser les têtes et les bras de leur fonctionnariat pléthorique pour réactiver une machine qu’eux-même ont mis en panne…! Quant au modèle de financement, j’espère voir fleurir de votre part toutes autres propositions concrètes et justifiées qui profiterait au pays. Pour moi, j’ai grand espoir que les démarches convaincantes que ferait de M. Le Ministre du Domaine de l’Etat ont toutes les chances de succès. Quant au rôle des vieux vétérans du siècle dernier que nous sommes, ce serait de mettre sur la table notre expérience pour suggérer les solutions qu’ils voient pour une sortie de crise, même si personne ne la demande ou si elle est imparfaite, afin de confirmer que notre ‘’Intelligentia scientifique’’ de ce pays n’est pas là pour la galerie et prend position face à l’absence de la volonté politique, que réclament les uns et les autres, depuis si longtemps. Ahmed Ben Salah avait bien une volonté politique, Hédi Nouira avait bien une volonté politique…, alors que depuis plus rien. Et après 2011 encore plus, on a abandonné le pays entre les mains d’incompétences notoires, pour ne dire que cela, et nous récoltons aujourd’hui les résultats ! ! Aujourd’hui, il faut ‘’voir autrement ces secteurs à l’abandon’’, l’appel à l’expérience de nos vétérans n’a rien d’humiliant pour la reconstruction de ces secteurs. Notre jeunesse, toute ambitieuse qu’elle soit, en a besoin malgré qu’on soit à l’heure du numérique, de la digitalisation… et qu’on ne peut oublier l’existant ni l’héritage de 10 ans d’errements et surtout pas la sécurité alimentaire du Tunisien et la patience dont il a fait preuve : ''و لاَ يُكَلَّفُ الله نَفْسا إِلاَّ وُسْعَهَا'' . J’oublie mon ‘’à bon entendeur salut’’ et termine par cette forte réplique coranique : ''أَمْ عَلَى قُلُوبٍ أَقْفَالُهَا''
Cher MR. Votre projet proposé pour la restructuration des terres domaniales , soit 500 milles ha de terres agricoles.a complètement oublié ou écarté les 12000 å 15000 ouvriers et cadres exerçant actuellement å l'OTD et les SMVDA. Cordialement.
Cher Si Younès, Vous avez relevé certainement un problème d’une certaine importance, mais on ne doit pas s’arrêter à la première difficulté possible. Je ne sais pas si vous avez vécu nos premières années de l’Indépendance, sinon vous aurez écouté le leader Bourguiba convaincre la population de la nécessaire différenciation entre ‘’ الأهم ‘’ و ‘’ المهم ‘’ en matière de décision politique. Dans le cas évoqué ‘’ الأهم ‘’ vise de débarrasser l’Etat de fonctions qui ne sont les siennes et à installer sur place des jeunes formés et bien encadrés à la tête d’exploitations mieux structurées capables d’appliquer, dans les règles de l’art les pratiques agricoles qui leur sont recommandées, de mieux assimiler l’intérêt pour eux de se grouper pour moderniser et intensifier leurs exploitations, de tenir tête à une classe d’intermédiaires et margoulins habitués à minoriser l’intérêt de l’agriculteur grâce à leur meilleure situation financière….. Autant d’actions qui vont introduire dans nos régions délaissées une nouvelle dynamique qui va changer ces régions du tout au tout…. Alors que ‘’ المهم ‘’ ici, c’est, bien entendu de maintenir l’emploi d’un certain nombre d’ouvriers et de celui, peut-être de quelques cadres actuellement en place… ; l’ensemble ayant été recrutés dans des conditions, peut être justifiées ou non, mais qui grèvent le budget de l’Etat ! Cela ne voulant pas dire qu’il n’y a pas là un problème social à résoudre simultanément. Les solutions sont à apporter par les études, au cas par cas, à mener préalablement par notre Ministère des domaines de l’Etat. Elles vont pouvoir distinguer et proposer ceux parmi les fonctionnaires qui peuvent prétendre à la retraite, ceux parmi les ouvriers que les nouveaux chefs d’exploitation/bénéficiaires pourraient reprendre à leur compte ou qui pourraient être recrutés par les nouvelles sociétés, coopératives… à créer, ou encore s’installer dans le village voisin comme maçons, mécaniciens… aussi indispensables à la vie sociétale d’avenir, enfin ceux qui pourraient bénéficier de primes de ‘’ منحة الشيخوخة ‘’…etc , etc… . Voici, donc mon cher ami, un aspect des réformes préalables auxquelles devra songer en urgence notre Ministère des domaines de l’Etat, et où apparaissent bien les avantages de ‘’ الأهم ‘’ و ‘’ المهم ‘’. L’année 2020, comme l’écrit la banque mondiale, qui s'annonçait comme une année marquant le point de départ d’une révision à la hausse des ambitions des pays en matière de lutte contre les changements climatiques…, c’est à nous de proposer pour notre pays, aux prises avec la crise sanitaire et financière, comment se concentrer sur les mesures de relance nécessaires pour endiguer les impacts économiques….Voici donc, à mon humble avis, comment gagner du temps pour introduire une réforme fondamentale aussi bien pour l’agriculture que pour le milieu rural et les mettre progressivement au diapason d’un 21ème siècle, pendant qu’il est encore temps ! Je pense, qu’il est de notre rôle, jeunes ou anciens, de réfléchir pour proposer ! A Dieu de disposer ! Mais, surtout qu’on ne doit pas poursuivre à l’infini une expectative qui saborde le pays !