Abdellatif Mekki, en ministre chef d’état-major de la Santé (Album photos)
Comment a-t-il pu se rendre immédiatement opérationnel et en chef d’état-major ? Est-ce son premier passage à la tête du ministère de la Santé (2011 – 2013) ou sa présidence de la Commission de la Sécurité et de la Défense au Parlement (2014 – 2019) qui lui ont donné tous ces ressorts ? Dr Abdellatif Mekki séduit les Tunisiens, même ceux qui ne portent pas son parti Ennahdha dans le cœur. Sauf s'il ne retombe pas dans des prises de positions idéologiques, partisanes et claniques.
A 57 ans, cet enfant d’El Ksour (Le Kef), médecin de formation, ancien militant de l’UGTE et du MTI qui a purgé plus de 10 ans de prison, a beaucoup gagné en maturité dans la gestion des affaires de l’Etat. De ses deux années passées à la tête du ministère de la Santé sous la Troïka, il laissé le souvenir d’un fonceur qui voulait tout changer. En quittant ses fonctions, avec l’arrivée du gouvernement Mehdi Jomaa en 2104, il avait commencé à réaliser tout ce qu’il n’avait pas eu le temps d’accomplir. Ces frustrations lui resteront à la gorge.
Mais, c’est sous la coupole de l’ARP au Bardo qu’il aura d’observer le plus le fonctionnement de l’Etat et de comprendre mieux ses rouages. Auditeur à l’Institut de Défense nationale, Dr Abdellatif Mekki s’initiera à la stratégie militaire et au commandement opérationnel. Président de la Commission de la Sécurité et de la Défense au Parlement, il fera connaissance avec les forces de sécurité intérieure et celles armées, mais aussi de la Protection civile, de la Douane et des Services pénitenciers, leurs institutions, leur fonctionnement et leurs dirigeants. Auditions au Bardo, visites aux quartiers généraux comme aux casernes, participation aux opérations sur le terrain : Abdellatif Mekki, comme ses co-équipiers parlementaires auront ainsi l’occasion de mieux connaître la réalité, de mieux la comprendre.
En parallèle, le Mekki dirigeant d’Ennahdha redoublait de vigueur et de férocité, se rangeant parmi les intransigeants. Investi en troisième position à Tunis et non tête de liste au Kef, il gagnera son siège et rempilera au Bardo. Pas pour longtemps. Non désigné par son parti dans le gouvernement avorté de Habib Jemli, le voilà faire partie de celui de Fakhfakh et reprendre de nouveau la Santé. Opérationnel au quart de tour, il avait trouvé en héritage toxique la pandémie du Covidus-19 ? Et c’est là qu’il aura à démontrer ses nouvelles qualifications acquises.
S’il connaît bien le ministère de la Santé, malgré les nombreux changements intervenus à divers postes, Abdellatif Mekki n’avait jamais eu l’occasion d’affronter tout de go une catastrophe sanitaire d’une pareille ampleur. Il aura alors le mérite de faire confiance aux équipes en place, notamment celles de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE), conduite par le Pr Nissaf Ben Alaya, des directions générales de la Santé (DGS) et des soins de santé de base (DSSB), de l’Institut Pasteur et des autres établissements de santé. Abdellatif Mekki fera fonctionner également les bons réflexes : vérifier les stocks stratégiques, la capacité de prise en charge, le potentiel additionnel pouvant être mobilisé auprès des cliniques privées et autres partenaires, recenser les besoins, établir les priorités et assurer le reporting approprié au sommet de l’Etat. Présidence de la République, Gouvernement et Parlement, mais aussi organisations nationales, société civile et médias seront tous tenus informés et constamment à jour.
Dans une initiative inédite, le ministre de la Santé réunira ses prédécesseurs pour leur demander avis et recommandations. La photo de cette rencontre fera date.
Sur le plan personnel, Abdellatif Mekki voulait donner le premier l’exemple de l’annulation de grandes rencontres familiales, fiallançailles et mariage. C’est ainsi qu’il annulera, dès le début du mois, sans attendre les premières hypothèses de confinement, le mariage de son fils aîné, Taïeb, celui dont il avait été privé pendant ses 10 ans d’emprisonnement et qui devait convoler en justes noces, en ce mois de mars.
Le Mekki nouveau se déploie tous azimuts. En fait-il un peu trop, en exalté ? Jamais assez en ces temps fort critiques. Cherche-t-il à plaire aux médias et gagner en popularité? La séduction ne durera que par l’action accomplie. Alors que d’autres s’agitent, lui agit. Alors que d’autres, pris de peur, perdent clairvoyance et sérénité, et ajoutent à la confusion, panique et désarroi, lui rassure, tout en restant franc quant à la dangerosité d’une situation que personne ne saurait prédire, encore moins maitriser.
En temps de guerre, la qualité du chef est essentielle pour gagner la bataille. Loin de toute idéologie, de tout reniement du passé de la nation, de toute attaque à ses symboles et remise en question de ses leaders. Etre chef, c'est être rassembleur, mobilisateur, responsable et protecteur.
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