Ennahdha, «un parti normal»
Il fut un temps où Ennahdha détonnait dans le paysage politique tunisien grâce à la fidélité de ses électeurs, l'entente entre ses dirigeants, la discipline de ses militants alors que les autres partis étaient sans cesse en proie à des luttes intestines. On l’enviait. mais que de reproches à son encontre: son inféodation à des forces extérieures, essentiellement les frères musulmans, sa volonté réelle ou supposée de changer le mode de vie des Tunisiens en voulant imposer à notre société un islam rigoriste, ses connivences avec les terroristes. Avec le temps, et pour ne plus donner prise à ces accusations, Ennahdha s'est résolue à se couler dans le moule politique par tactique disent certains, par conviction, répondent ses dirigeants, la main sur le cœur. Elle s’est même tunisifiée au prix d’une révision déchirante de son idéologie. Un signe qui ne trompe pas. Ses députés ont appris l’hymne national par cœur alors qu’ils l’ânonnaient au début de la révolution. Malheureusement, Comme il arrive souvent aux nouveaux convertis, dans sa précipitation à ressembler aux autres, Ennahdha a fini par leur ressembler même dans leurs travers. Les claquements de portes, les démissions en cascade (la dernière, celle de Ziad Laadhari promis pourtant, à un destin national, est très significative) les polémiques sur les journaux et surtout les critiques contre le président du parti, naguère intouchable qui est attaqué de toutes parts, nous rappellent Nidaa Tounès. Bref, Ennahdha est devenue un parti normal. Elle fait désormais partie du système. Et c'est tant mieux pour la jeune démocratie tunisienne.
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