Cet Aïd absolument exceptionnel pour nos 47 médecins tunisiens et leurs familles en Afrique du Sud (Photos)
Pretoria – Correspondance particulière pour Leaders. Encore un succès, discret, pour la diplomatie tunisienne aux quatre coins du monde. Jamais ils n’auront célébré avec pareille joie une fête d’Aïd depuis de longues années. Les 47 médecins tunisiens et leurs familles installés en Afrique du Sud depuis plus de 12 ans, vivaient dans l’incertitude du renouvellement de l’accord de coopération de coopération technique conclu entre les deux pays en mai 2007. Arrivant à expiration, les autorités sud-africaines ont prévenu leurs homologues tunisiennes de sa non-reconduction, malgré la haute appréciation, maintes fois soulignée, de la mission médicale tunisienne. Motif invoqué de cette décision qui s’étend à d’autres missions (Cuba, Iran, …), des contraintes budgétaires.
Le blocage était total
« Notre désarroi est total, confie à Leaders, Dr Adnene Fhima, arrivé en septembre et installé actuellement à Tzaneen, à 400 km de Johannesburg. Père de trois enfants, qui poursuivent leurs études en anglais et afrikaner, comment vais-je faire pour les convertir à l’enseignement tunisien ? » C’est ce qui taraude tous ses confrères, surtout qu’ils doivent quitter l’Afrique du Sud. S’ils peuvent obtenir des postes dans la santé publique et celle privée, ils ne pourront continuer à résider dans leur pays d’accueil, faute d’un permis de séjour permanent et d’une inscription au Conseil de l’Ordre des Médecins, sans oublier les frais de scolarité très élevés pour les étrangers. Au total, avec les membres de leurs familles, ils sont pas moins de 120 personnes concernées (sur les 400 Tunisiens dans la région, immatriculés sur le registre consulaires). Le blocage est total.
A cœur vaillant…
Sauf que pour la diplomatie tunisienne, rien d’impossible, ou presque. Saisie de cette pressante questions, l’ambassadeur de Tunisie à Pretoria, Narjess Dridi, instruite par le Ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, prendra le dossier à bras le corps, s’ingéniant à lui trouver l’heureuse issue escomptée. Multipliant les démarches auprès des autorités sud-africaines, à tous les niveaux, enchainant entretiens et séances de travail, elle s’emploiera à trouver le fil d’Ariane, guère facile. Il s’agit en effet de parvenir à un arrangement particulier à travers le ministère des Affaires étrangères, avec les ministères de la Santé et de l’Intérieur, ainsi que le Conseil de l’Ordre des Médecins. Au départ, le verrouillage était hermétique, mais l’ambassadeur saura se frayer le bon chemin, n’hésitant pas à solliciter et obtenir l’appui les hautes autorités, jusqu’au président de la République, Cyril Ramaphosa.
Tout finira par se conclure heureusement. Tous les médecins tunisiens dépêchés en Afrique du Sud obtiennent ainsi que leurs familles des titres de résidence permanente, l’inscription au Conseil de l’Ordre, la possibilité pour eux d’exercer dans le secteur de la santé, publique et privée et pour leurs conjointes de travailler. Leurs enfants seront scolarisés aux mêmes frais que ceux sud-africains, et non aux tarifs très élevés pour les étrangers. Bref la totale.
Une célébration en grande fête
Joignant l’acte à la parole, l’ambassade de Tunisie à Pretoria et les autorités sud-africaines ont procédé à la mise en œuvre de cet accord, inédit dans le pays. C’est ainsi que les 47 médecins et leurs familles ont été reçus le 11 avril dernier pour obtenir leurs titres de séjour et inscription au Conseil de l’Ordre. Formalités accomplies, ils étaient réunis à l’ambassade de Tunisie pour célébrer en grande fête ce brillant succès diplomatique. Au nom des autorités sud-africaines, le vice-ministre de la Santé, Joe Phaala, s’est vivement félicité de l’aboutissement de cet accord, rendant un vibrant hommage aux médecins Tunisiens. « Acceptant de servir dans des localités très éloignées, faisant montre de compétence et de dévouement, ils ont apporté au système de santé un appui substantiel et honoré la Tunisie », dira-t-il. « L’Afrique du Sud est heureuse de pouvoir continuer à compter sur eux, qu’ils y soient les bienvenus, au-même titre que leurs confères locaux », ajoutera-t-il.
De son côté, la présidente du Conseil de l’Ordre des Médecins a souhaité la bienvenue à ses nouveaux membres les assurant du plein appui de l’Ordre et leur souhaitant plein succès. »
Pour l’ambassadeur Narjess Dridi, c’est un moment de pur bonheur. Recevant les félicitations des autorités sud-africaines, les compliments de ses pairs concernés par la même question, et la gratitude de la communauté tunisienne, elle parvenait mal à cacher son émotion. Pour cette diplomate de carrière qui aligne plus de 28 ans d’expérience et en poste en Afrique du Sud depuis le 1er décembre 2016, ce dénouement heureux restera un souvenir indélébile. « Elle sait que la Tunisie peut compter désormais sur un noyau dur d’une communauté permanente dans la région, souligne Dr Fehima, et que cet accord peut ouvrir la voie à de nouvelles vagues de médecins tunisiens qui s’installeront en Afrique du Sud. En bonne diplomate, elle a sur servir les relations bilatérales entre les deux pays. »
Aïd Mabrouk, depuis l'Afrique du Sud.
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Un exemple d'abnégation qui perturbe un présent morose. Bravo Excellence.