1800 bourses Erasmus, 60 millions d’euros pour les jeunes, l’Aleca et la Libye : une interview exclusive de Jhinaoui en visite à Bruxelles (Vidéo)
Augmenter de 300 le nombre de bourses d’études et de formation Erasmus qui passeront ainsi de 1500 à 1800 bourses, déployer un nouveau programme de l’Union européenne d’un montant de 60 millions d’euros en faveur de la jeunesse, relancer le partenariat de la Tunisie avec l’Europe et échanger utilement sur la situation en Libye: Khemaies Jhinaoui fixe des objectifs prometteurs à son déplacement ce jeudi à Bruxelles. Le chef de la diplomatie tunisienne aura à cette occasion une série d’entretiens de haut niveau et mettra à profit son passage dans la capitale belge pour s’entretenir avec le secrétaire général de l’OTAN
Dans un entretien accordé à Leaders avant son départ de Tunis, le ministre Jhinaoui expose les grandes lignes de sa mission, soulignant les grandes questions qui seront examinées à cette occasion. Au sujet de l’Aleca, il reconnaît ‘’qu'il s'agit d'un sujet complexe, qui n’est pas diplomatique, la diplomatie balise le terrain, ouvre les portes, mais il appartient aux autres acteurs, aussi bien publics que les acteurs de la société civile de remplir cette mission-là. Donc l’ALECA est un projet sociétal et national. »
« Rien ne fait peur à la Tunisie, si on sait exactement ce qu’on est en train de faire, et si on sait négocier ce qu’on veut faire, si on sait comment protéger nos secteurs les plus vulnérables », affirme Jhinaoui. Et d’ajouter : « Si on sait comment demander des mesures d’accompagnement pour aider notre économie et être en mesure de faire face à la compétition. Il ne faut pas que l’on soit fébrile vis-à-vis de ce projet. C’est un projet important et il faut savoir le négocier. (...) Il faut savoir définir les priorités nationales, être conscient de l’importance de ce projet. Effectivement, si l’on ne sait pas comment le négocier et comment défendre des secteurs qui restent encore vulnérables comme les services ou l’agriculture, cela ne pourrait qu’avoir un impact négatif sur notre économie. L’Europe ne cherche pas à imposer quoi que ce soit à la Tunisie et il faut que les Tunisiens sachent comment formuler leurs priorités et les défendre dans leur négociation avec l’Union européenne. »
Interview
Jeudi 16 et vendredi 17 mai, vous serez reçu à Bruxelles par votre homologue européenne Federica Mogherini.
Cette réunion serait peut-être la dernière réunion officielle du Conseil d’Association entre la Tunisie et l’Union Européenne où elle sera en fonction. Quel est l’enjeu de cette réunion ?
D’abord, je ne peux pas prédire quelle sera la dernière réunion avec Mme Mogherini. Mais ce sera le conseil de l’association entre la Tunisie et l’Union européenne. C’est une échéance annuelle, où se rencontrent les deux principaux responsables de la politique étrangère de l’Union européenne, bien sûr présidée par Mme Mogherini, en présence du commissaire Hahn, ainsi que certains ministres ou certains ambassadeurs des autres membres de l’Union européenne. Du côté tunisien, il y aura une délégation tunisienne présidée par le ministre des Affaires étrangères. Cela va nous offrir l’occasion de passer en revue tous les dossiers de coopération entre les deux pays. L’agenda est très riche, nous allons discuter de plusieurs questions d’intérêt commun.
Y compris L’ALECA ?
Surtout et d’abord la jeunesse. La jeunesse est un thème primordial pour le président de la République dans sa visite du 1er décembre 2016 à Bruxelles au sommet.
1500 en bourses Erasmus ont déjà été obtenues ?
Nous sommes maintenant à 1800. Nous allons signer un accord, et je vous donne la primeur de l’information, d’un montant de 60 millions € dédié à la jeunesse pour mobiliser les cycles de formation, créer des opportunités d’emploi, développer la mobilité entre les jeunes Tunisiens et les jeunes Européens.
60 millions d’euros, sur une période de 3 ans ?
Pour le moment, je ne sais pas quelle est cette période. De toute façon, c’est le premier accord important qui couvre ce secteur prioritaire pour la Tunisie. Nous allons également discuter d’autres questions importantes comme en ce qui concerne l’ALECA.
Est-ce que la Tunisie a une autre vision nouvelles de ses relations avec l'Europe ?
C’est ce que nous sommes en train d’entreprendre. L’Union européenne est le premier partenaire de la Tunisie. C’est presque 80 % de nos importations et de nos exportations. C’est le premier pourvoyeur de fonds pour la Tunisie. C’est le premier émetteur de touristes. C’est l’espace économique le plus prospère au monde. La Tunisie ne peut que développer sa coopération avec ce partenaire.
L’autarcie n’est plus une alternative. Malheureusement, notre région connaît des difficultés. On aurait espéré voir le Maghreb se développer, l’intégration maghrébine et le monde arabe se développer pour nous déployer sur notre région naturelle. C’est ce qu’on essaie de faire avec l’Afrique. Mais l’Union européenne est notre premier partenaire. Nous sommes en négociation avec eux sur plusieurs projets. Notre objectif est d’arrimer au maximum notre économie dans l’espace économique européen. Il s’agit aussi de donner accès à nos chercheurs pour travailler avec les grands centres de recherche européenne. C’est ce que l’on appelle l’horizon 20 20. C’est un projet que j’ai entamé il y a 2 ans dans le cadre d’un conseil d’institutions. Il y a également d’autres projets de coopération au niveau culturel, comme à travers le projet Europe créative, initié aussi il y a 2 ans.
Nous pouvons dire que ces projets ont été lancés depuis que vous étiez directeur général Europe
Oui, c’est un dossier que je connais bien puisque je l’ai pratiqué pendant presque 20 ans, avec certaines parenthèses.
Nous avons une nouvelle vision pour l’ALECA ?
L’ALECA est un sujet complexe. Ce n’est pas un sujet diplomatique. La diplomatie balise le terrain, ouvre les portes, mais il appartient aux autres acteurs, aussi bien publics que les acteurs de la société civile de remplir cette mission-là. Donc l’ALECA est un projet sociétal et national. Il faut que tous les acteurs travaillent ensemble en symbiose dans une stratégie synchronisée. Rien ne fait peur à la Tunisie, si on sait exactement ce qu’on est en train de faire, et si on sait négocier ce qu’on veut faire, si on sait comment protéger nos secteurs les plus vulnérables, si on sait comment demander des mesures d’accompagnement pour aider notre économie et être en mesure de faire face à la compétition. Il ne faut pas que l’on soit fébrile vis-à-vis de ce projet. C’est un projet important et il faut savoir le négocier.
La fébrilité n’est pas admise, il faut être exigeant !
Il faut savoir définir les priorités nationales, être conscient de l’importance de ce projet. Effectivement, si l’on ne sait pas comment le négocier et comment défendre des secteurs qui restent encore vulnérables comme les services ou l’agriculture, cela ne pourrait qu’avoir un impact négatif sur notre économie. L’Europe ne cherche pas à imposer quoi que ce soit à la Tunisie et il faut que les Tunisiens sachent comment formuler leurs priorités et les défendre dans leur négociation avec l’Union européenne.
À Bruxelles vous serez également reçu par le secrétaire général de l’OTAN. C’est une reprise de contact après à la dernière mission ?
Ce n’est pas une reprise de contact, le contact n’a jamais été interrompu. Nous faisons partie d’un dialogue qui est le dialogue méditerranéen où la Tunisie a tout un programme scientifique et technologique de coopération avec l’OTAN. L’OTAN offre aussi un cadre de dialogue pour des questions qui concernent la sécurité dans notre région. C’est une organisation puissante et importante qui dispose de beaucoup de moyens et de beaucoup d’informations. Pour la Tunisie, c’est extrêmement utile d’être en interaction avec cette organisation.
Surtout avec ce qui se passe actuellement en Libye et dans la région
En Libye, ce n’est pas l’OTAN. L’OTAN ce n’est qu’une organisation parmi d’autres. Mais la Libye fera l’objet aussi de nos discussions politiques avec Madame Mogherini et les autres ministres européens que je vais rencontrer.
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