Mohamed Derbel - Banque centrale de Tunisie : La politique monétaire, à elle seule, peut-elle juguler l’inflation ?
Personne ne sait quel aurait été le taux d’inflation si la banque centrale de Tunisie (BCT) n’avait pas révisé son taux directeur depuis 2016 pour le ramener progressivement de 4.25% à 6.75% en 2018.
Personne ne peut retrouver dans le communiqué de la BCT ou ailleurs, les vertus chiffrées de telles décisions auxquelles plusieurs économistes font l’éloge mais oublient de souligner les conséquences néfastes!
- La première, est sur l’adossement exclusif de la baisse du taux d’inflation en janvier 2019 à la politique monétaire conduite par la BCT, comme si seule la BCT est entrain de lutter contre l’inflation. Une position d’appropriation exclusive de tous les efforts éventuellement fournis à cet effet (Economique, fiscal, législatif…etc.) ; et
- La deuxième, est sur l’effet extrêmement faible de cette politique monétaire sur le taux d’inflation à savoir 0.2% seulement en passant d’une moyenne annuelle en 2018 de 7.3% à 7.1% en janvier 2019 mais passant aussi d’une moyenne annuelle nettement faible à savoir 5.3% en 2017.
- Les intérêts sur tous les crédits bancaires vont augmenter ce qui va se répercuter sur le pouvoir d’achat des particuliers, sur les coûts de production des entreprises endettées et par conséquent sur leurs compétitivités ;
- L’accès au financement des projets personnels et/ou d’investissements se compliquera davantage avec un coût qui dépassera pour un TMM+2 points au moins les 10% ;
- Ceux qui ont déjà un capital financier vont se dire « Pourquoi investir et prendre le risque de l’entreprenariat alors qu’en plaçant mon argent j’aurai un rendement sans aucun risque qui pourrait atteindre 14% ». Une économie de rente financière va s’installer tuant l’initiative d’investissement ;
- Les coûts de production notamment agricoles qui vont augmenter mettront plus de tensions sur le budget de l’Etat pour la préservation des filières comme par exemple la filière laitière ; L’agriculteur petit ou grand qui verra ses coûts augmenter va demander naturellement soit un soutien institutionnel soit répercuter l’augmentation sur le consommateur final ;
- Le rendement très élevé des placements bancaires va au détriment de la dynamique boursière souhaitée qui sera asséchée de ses liquidités avec un désintérêt des investisseurs même amateurs du risque; Avec un taux de placement élevé qui prendra le risque de miser sur des actions en bourse qui peine à retrouver ses souffles depuis le 28/08/2018 ?
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Article percutant et significatif.Espérons qu'il ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd.
L'Hirondelle ne fait pas le printemps! Le redécollage de l'économie du pays nécessite un travail collectif bien emballé par une conscience nationale du bien vouloir faire pour l'intérêt général. Alors préparons les nouvelles générations au fait de penser a la communauté nationale avant de penser a soi même. Abou Akram Mohamed khemakhem
شكرا على هذه الإيضاحات