News - 19.03.2018
Meriem Bourguiba Laouiti : Bourguiba - Mandela, la communion de deux illustres leaders (Album Photos)
Représentante de la Famille Bourguiba (et présidente de la Fondation qui lui est dédiée) lors de la remise, lundi 19 mars 2018, du Prix Neslon Mandela décerné au président Habib Bourguiba, Mériem Bourguiba Laouiti a souligné la convergence du combat mené par chacun des grands leaders africains et la similitude des nobles idéaux qui les avaient animés. Extraits.
Depuis les années 1980, alors que j’étais jeune étudiante à Londres, j’étais sensible à la cause défendue par l’illustre Nelson Mandela. Par ailleurs, j’ai participé aux sit-ins dénonçant l’apartheid et manifestations organisées pour la libération de Madiba, entre 1986 et 1990. J’ai toujours été frappée par le parallélisme des visions, du modus operandi et du parcours des deux grands hommes. Le titre du prix ‘combattant suprême’ en témoigne. Un titre attribué au président Habib Bourguiba, depuis fin 1938, sur le journal Tounes al Fatet.
La rencontre des deux combattants suprêmes, lors de la visite du militant Mandela à Tunis, le 5 mars 1962, aura été une des causes de son incarcération, à son retour en Afrique du Sud. Incarcération à laquelle il était préparé, après son entrevue avec Bourguiba. Ayant constaté leur communauté d’idées et le sérieux dévouement à la cause de son peuple et de son pays, Bourguiba lui avait accordé son soutien inconditionnel. Ses mémoires expriment bien son inspiration émanant de l’expérience tunisienne et de Bourguiba :
*“Real leaders must be ready to sacrifice all for the freedom of their people.” Les vrais leaders doivent être prêts à tout sacrifier pour la liberté de leur peuple.
“Free yourself, free others, serve everyday”
“Libérez-vous, libérez les autres, servez chaque jour (soyez au service des autres, tous les jours” qui rejoint “vivre pour autrui”. À mon humble avis, ces 2 devises de Madiba résument les deux personnages, tout en sous-entendant l’ampleur de leur vision et de leur héritage, car ils ne se sont pas contentés de palabrer, ils se sont plutôt caractérisés et distingués par leurs actions efficaces, ce qui leur a permis d’inscrire leur nom dans le Panthéon des grands hommes du 20eme siècle.
Dans le cadre des actions menées par la Fondation Habib Bourguiba, notre rôle ne consiste pas encenser les hommes, ni à minimiser leur travail, mais à mettre l’accent sur leur action, afin qu’on prenne des leçons et qu’on agisse en conséquence, dans deux volets :
- Le premier volet : contribuer à préserver la mémoire collective, sans pour autant se substituer aux institutions ni aux professionnels des archives et des recherches académiques, mais à les encourager et soutenir.
- Les deuxièmes volets : Les membres de la famille, pourtant connus pour leur discrétion et leur intégrité ont été approchés par un nombre croissant de citoyens qui veulent ajouter une pierre à l’édifice en fournissant des photos personnelles et familiales. C’est pourquoi ils tiennent à mériter cette confiance, à fournir un effort supplémentaire pour être à la hauteur de leurs attentes.
- Le 2e projet qui m’est particulièrement cher consiste à identifier, encourager, soutenir et récompenser tout Tunisien qui se distingue par l’excellence, en tout domaine. Non seulement pour rendre hommage à mon grand-père mais aussi, humblement, perpétuer son héritage et appliquer l’enseignement qu’il avait résumé ainsi : faire pour que le citoyen devienne l’instrument de sa propre émancipation…
Je dis humblement parce que l’on m’a inculqué cette qualité si rare de nos jours, mais également parce que Bourguiba nous demandait toujours de ne pas ignorer les petites actions, de procéder par étapes, de préférer une petite avancée à un miracle ou une action grandiloquente qui pourrait saboter l’objectif final ! Humblement parce que servir autrui devrait suffire.
Je voudrais, au nom de la famille que je représente ici aujourd’hui, au nom de la Fondation Habib Bourguiba (là, j’ouvre une parenthèse pour rendre hommage au premier président de notre Fondation, Mr Mohammed Sayah qui vient de nous quitter : paix à son âme)que je préside remercier l’institut Mandela, son jury et le Dr Kananura pour cet hommage en reconnaissance du président Habib Bourguiba, si Amor Chadli, représentant sa famille idéologique, pour l’initiative de la présentation de sa candidature, et SEM Ghazi Gherairi - représentant l’état tunisien, fruit de sa labeur et de son legs.
Je voudrais finir avec les paroles de mon père, parti trop tôt, pour la fille dont il était, et il est le héros. Des paroles qui, bien que dites, il y a plus de 10 ans, et publiées voici plus de 4 ans, n’ont pas perdu de leur verve ni de leur acuité, et sont d’une actualité cruelle, en ce moment :
- « Si la question porte précisément sur l’action de mon père à la tête du pays, je ne pense pas que le terme “bilan” soit le plus approprié. Ce n’est ni à moi, ni à vous de le faire. Ça se réalisera, peut-être, dans cinquante ans. C’est à l’Histoire d’en décider. Contentons-nous, pour l’instant, d’apprécier que c’est un homme qui en trente ans de règne - dont plus de la moitié (1970-1987) au cours de laquelle il était réellement diminué par la maladie - a bouleversé et secoué plusieurs siècles de l’histoire tunisienne. Contentons-nous aussi de noter que même les historiens à venir ne pourront contester qu’ils sont eux-mêmes le produit d’une certaine histoire de la Tunisie telle qu’elle a été lue, conçue, revue et transformée par Bourguiba. D’une certain façon, on ne pourra pas écrire sur Bourguiba sans Bourguiba.” …
- “Le droit au bilan transitoire que vous proposez appartient aux historiens actuels et non pas aux acteurs de la période bourguibienne. Les acteurs ou témoins ne rédigent pas l’histoire, encore moins les réquisitoires, ne sont jamais les juges et ne peuvent que, modestement, se restreindre à témoigner. Le travers actuel qui confine au “bilanisme” à propos de mon père ne doit pas faire oublier l’intérêt qu’ont certaines personnes à livrer des témoignages tronqués et truqués, embellis ou altérés” in ‘’Habib Bourguiba Jr Notre histoire’’, Cérès éditions 2013.
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