L’intrépide Hamma Hammami : La hardiesse d’un éternel militant politique
Lors de son dernier passage télévisé dans l’émission de Myriem Belkadhi, le lundi 9 octobre, qui correspond, hasard du calendrier, au 50ème anniversaire de la mort du Che Guevara, Hamma Hammami, outre ses critiques sans concession à l’égard du gouvernement, s’est attardé un court instant sur les idéaux qui animaient ce révolutionnaire hors pair, qui reste pour beaucoup une icône.
Notre Che national s’est rappelé, non sans douleur, les années de plomb de la fin des années 60 et début des années 70 : « C’était une période terriblement sombre pour la Gauche tunisienne ; dehors, on était pourchassé et dans les prisons torturé» disait-il, avant d’ajouter : « Après une journée entière de torture et de supplice, mon bourreau me traina, tard l’après-midi, devant une tombe fraîchement creusée ; il me demanda, en ayant son révolver pointé sur ma tête du côté pariétal, "le Che Guevara fut assassiné où ?" je répondis -en pensant que j’allais y rester cette fois-ci pour de bon- dans les montagnes, à la Higuera en Bolivie, en Amérique du sud ; il rétorqua "tu vas crever ici, comme lui". En fait, c’était une tombe pour faire peur, pour faire parler les détenus. »
Cette histoire, toute aussi singulière que poignante, bouleversante, montre l’intrépidité de l’homme, la hardiesse de cet éternel militant. A ma surprise, cet épisode, ce fait, de la mémoire de Hamma -qui est aussi notre mémoire collective- n’a nullement été relevé, commenté, épilogué, par les commentateurs ; au contraire, les journalistes se sont focalisés, loin sans ironie dédaigneuse, sur son exemple du
Swak et de Harkous pour réduire le déficit de la balance commerciale
Par cet exemple Hamma a voulu montrer simplement la futilité, la frivolité et la puérilité de certaines importations. Par cette métaphore, le leaders de la Gauche a laissé surgir, manifester, sa sincérité, son authenticité, sa "tunisianité".
Lors de sa prestation Hamma a proposé certaines pistes de réflexion, pour ne pas dire des solutions de bon sens, par exemple :
- La lutte ferme contre l’économie informelle : « Celle-ci cause à l'Etat tunisien un manque de recettes fiscales et cotisations sociales de près de 13 milliards de dinars, ce qui représente presque 43% du budget de l'Etat. » a-t-il rappelé avant d’ajouter « Notre déficit budgétaire pour 2018 va être aux alentours de 7 milliards ; un déficit qui va être comblé par des emprunts à des conditions très contraignantes. Si la lutte contre l’économie parallèle était sérieusement menée on aurait pu éviter de tomber sous l’égide des organisations internationales et des puissances occidentales. L’endettement est une véritable épée de Damoclès qui menace notre souveraineté. »
La lutte contre ce fléau doit donc être impitoyable car avec de telles recettes supplémentaires nous n'aurons plus besoin, selon toute logique, d'emprunter de l'extérieur et, mieux encore, la sécurité sociale comblera son déficit. La question est donc éminemment politique. 13 milliards, comme l’a souligné Hamma, c'est près de 43% du budget de l'Etat.
- Le leader de la Gauche a aussi mis l’accent sur la nécessité de la suspension du remboursement de la dette extérieure dont le loyer de la dette (les intérêts) dépasse aujourd’hui le remboursement du principal. Il a précisé que cette suspension est limitée dans le temps : « L’enveloppe initialement prévue pour le remboursement de la dette et ses intérêts serait consacrée à des investissements productifs ; une manière de créer des emplois et limiter aussi l’importation de produits qu’on pourrait produire sur notre territoire nationale. » a-t-il dit.
Ezzeddine Ben Hamida
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Oui, cher auteur, Hamma Hammami, bien qu'on (les médias et les détracteurs du camps adverse) ne rate aucune occasion pour le tourner au ridicule, n'a pas tort du tout. Au moins, il a le mérite de rester fidèle à son discours (certains le taxent de populisme; mais qui ne l'est pas; la politique est par définition populiste). Le seul inconvénient (inconvénient majeur) chez notre Che Givara national, c'est de ne pas avoir pris courage à deux mains et entamé une révision de ses stratégies communicationnelles...