Caïd Essebsi au G20 – Africa à Berlin : Ferme volonté d’assainir le climat de l’investissement et de lutter contre la corruption
« Malgré les défis et les difficultés liés à la transition démocratique et à un contexte régional instable, l’expérience tunisienne a prouvé qu’elle mérite le soutien et la confiance de la communauté internationale, pour parachever l’édification démocratique et le développement social et économique. » En une phrase, le président Béji Caïd Essebsi ne pouvait mieux mettre en valeur la construction de la démocratie et la relance économique en Tunisie. Invité d’honneur à la Conférence de haut niveau sur le Partenariat G20-Afrique, ouverte lundi après-midi à Berlin, le chef de l’Etat s’adressait en ces termes (cette fois en langue française) à la Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, aux chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi qu’au directeur général du FMI et les présidents de la Banque mondiale et de la BAD.
« La délégation qui m’accompagne à Berlin est venue non seulement pour exposer les atouts et l’attractivité de la Tunisie en tant que site favorable aux investissements étrangers, mais aussi pour présenter des projets concrets à mettre à la disposition des partenaires et des investisseurs », devait-il ajouter. Evoquant l’action en profondeur initiée pour le redressement des finances publiques, la bonne gouvernance et la lutte contre la malversation, il souligné que « cet élan de réformes vient de prendre une nouvelle impulsion avec la ferme volonté du gouvernement d’œuvrer à assainir le climat de l’investissement en imposant plus de transparence aux opérations économiques et en réaffirmant sa détermination à lutter contre la corruption. »
Sur ce registre précis, très suivi par la communauté internationale, Béji Caïd Essebsi ne parle pas de vœux pieux. Les récents coups de filet opérés contre des contrebandiers et autres suspectés de malversation ainsi que la confiscation de leurs biens viennent illustrer cette volonté. Prise à témoin, la communauté internationale sera attentive à la persévérance sur cette voie. BCE qui mesure bien la sensibilité de la question, n’hésite pas à y faire mention.
Extraits
L’organisation de cette importante conférence nous offre l’occasion de réfléchir ensemble sur des questions importantes telles que la stabilité, la croissance économique et les opportunités d’investissement en Afrique.
Je me félicite, tout particulièrement, du lancement par la présidence allemande du G20 de l’initiative « Compact with Africa » et du choix de la Tunisie dans le groupe initial des pays retenus pour bénéficier de cette initiative.
Fermement convaincue que « Compact with Africa » constitue une tribune appropriée pour promouvoir auprès des investisseurs son attractivité et faciliter la mobilisation des ressources financières requises à l’exécution de projets dans des secteurs prioritaires, la Tunisie y a d’emblée souscrit.
La présence de plusieurs dirigeants africains, ici à Berlin, que je salue, confirme l’intérêt porté à cette initiative, les grandes attentes qu’elle suscite et les promesses dont elle augure.
Je tiens également à saluer la décision de retenir la Tunisie parmi les cinq pays africains devant bénéficier de « Skills for Africa », une initiative financée par l’Allemagne dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) visant à renforcer les perspectives d’emplois pour la jeunesse africaine.
Qu’il me soit permis, Madame la Chancelière, de vous remercier et d’apprécier à sa juste valeur le soutien constant et substantiel apporté par votre pays à la Tunisie, et plus particulièrement depuis 2011 pour l’aboutissement du processus de transition démocratique.
C’est également l’occasion pour moi de rendre un hommage à tous les partenaires du G20 et aux institutions financières régionales et internationales pour leur intérêt et engagement en faveur du développement en Afrique.
La prospérité de l’Afrique
La Tunisie, fortement attachée à sa dimension africaine, accorde une importance particulière à la consolidation de sa coopération avec les pays africains frères et a toujours plaidé pour une coopération sud/sud renforcée et complémentaire basée sur un partenariat gagnant-gagnant au service du progrès et du bien-être des populations africaines.
En effet, l’Afrique est un continent qui dispose de potentialités énormes et qui connait une croissance soutenue depuis plus de dix ans. Notre continent réalise des avancées significatives et peut encore mieux faire dans le cadre de rapports justes et équilibrés et dans la perspective d’une coopération solidaire mutuellement bénéfique.
Notre responsabilité, en tant qu’Africains, est primordiale. Nous devons croire en la capacité de nos peuples et nous atteler à notre tâche première, celle d’investir davantage dans notre jeunesse et dans la femme africaine, en faisant preuve d’ouverture, de transparence et de bonne gouvernance.
Les principes et les objectifs de l’Agenda 2063 de développement promus par l’Union Africaine ainsi que les objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies, doivent guider notre action et servir de référence pour nos stratégies de développement nationales.
Un processus de grande envergure
Le peuple tunisien a amorcé depuis 2011 un processus de grande envergure de démocratisation et de réformes. Les avancées réalisées sur la voie de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de Droit sont indéniables.
Il faut reconnaître, cependant, que la relance économique de la Tunisie se fait encore attendre. Non seulement les causes socio-économiques de la Révolution du 14-Janvier sont toujours là, mais aux inégalités sociales et régionales, s’ajoute également la préoccupation sécuritaire qui ne concerne pas que la Tunisie mais toute la région.
L’Etat tunisien agit sur plusieurs fronts pour s’attaquer aux causes du déséquilibre social et régional du pays et fournir de manière urgente des réponses aux attentes et aspirations légitimes de la jeunesse tunisienne, au premier rang desquelles le droit à l’emploi. La Tunisie dispose, en effet, d’importants atouts pour réaliser son essor économique et améliorer de manière significative le bien-être et les conditions de vie de sa population.
Plusieurs réformes ont été entreprises pour relancer l’économie nationale et redresser les finances publiques, notamment en matière de gouvernance, de décentralisation, de Partenariat Public Privé, et de restructuration du secteur bancaire.
Cet élan de réformes vient de prendre une nouvelle impulsion avec la ferme volonté du gouvernement d’œuvrer à assainir le climat de l’investissement en imposant plus de transparence aux opérations économiques et en réaffirmant sa détermination à lutter contre la corruption.
Des signes encourageants de reprise de la croissance économique ont été enregistrés au cours de ces derniers mois, qu’il convient de consolider en réunissant les conditions d’un véritable redressement économique.
Stimuler l’investissement, favoriser la croissance
Nous aspirons à travers l’amélioration effective de l’environnement des affaires à augmenter le volume des investissements étrangers de 80% dans le cadre du Plan de développement quinquennal 2016-2020 par rapport à celui de 2011-2015.
L’organisation d’une grande Conférence internationale sur l’investissement « Tunisia 2020 » au mois de novembre dernier, conjuguée à la promulgation d’un nouveau code des investissements, reflètent les efforts soutenus du gouvernement pour stimuler l’investissement et favoriser la croissance.
La priorité est particulièrement accordée aux projets structurants ayant un impact sur l’employabilité des jeunes et le développement des régions rurales et intérieures.
La délégation qui m’accompagne à Berlin est venue non seulement pour exposer les atouts et l’attractivité de la Tunisie en tant que site favorable aux investissements étrangers, mais aussi pour présenter des projets concrets à mettre à la disposition des partenaires et des investisseurs.
Malgré les défis et les difficultés liés à la transition démocratique et à un contexte régional instable, l’expérience tunisienne a prouvé qu’elle mérite le soutien et la confiance de la communauté internationale, pour parachever l’édification démocratique et le développement social et économique.
L’Afrique toute entière mérite un engagement résolu pour redonner de l’espoir à sa jeunesse. Donnons ensemble à nos ambitions l’élan et la substance nécessaires. Il y va de notre intérêt à tous."
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