Non M. le Chef du Gouvernement, "on n’avait pas une Armée pour défiler le 20 mars seulement" !
Mes respects M. le Chef du Gouvernement. Comme l’écrasante majorité des tunisiens je souscrits totalement à votre choix "pour l’Etat et pour la Tunisie et non pour la corruption" ainsi qu’à vos dernières actions de lutte contre la corruption, bon courage et bonne chance. Comme simple citoyen donc, je suis de près l’évolution de cette noble et inévitable guerre. Ainsi, j’ai lu attentivement votre interview parue dimanche 3 juin courant et ce fut ma grande stupéfaction de vous lire « on avait une Armée pour défiler le 20 mars seulement… » ; et ce dans le cadre de la réponse à la question « Si vous aviez à choisir où vous seriez en 2020 à… ». M. le Chef du Gouvernement, comme officier retraité de L’Armée Nationale après plus de 41 ans de service, je me sens dans l’obligation de vous faire part ainsi qu’à mes chers concitoyens de ce qui suit:
Malgré les contraintes de toute nature qui lui ont été imposées, l’Armée Nationale s’est toujours honorablement, professionnellement et surtout dignement acquittée de sa mission institutionnelle soit, la défense de l’intégrité territoriale du pays et de son indépendance. Même plus, elle a aussi largement contribué à l’effort de développement national par la réalisation de très nombreux projets d’infrastructure et à rehausser la place de la Tunisie parmi les nations, du Congo au Cambodge et dans tous les coins du monde, à travers les multiples missions onusiennes de maintien de la paix ; et ce sans jamais faillir à ses missions opérationnelles, y compris la lutte antiterroriste qui fut engagée bien avant 2011. La première des actions terroristes fût conduite contre le poste frontalier de Sondes (région de Tameghza/Tozeur) déjà en 1995, bien avant celle d’Errouhia de 2011. Et depuis cette opération, de Sondes, l’Armée faisait face, il est vrai en silence, à la nébuleuse terroriste. Et cela a été par des sacrifices et par le sang mais certainement pas par des défilés ! Il semble qu’on commence déjà à oublier !
Si par hasard, l’Armée se trouvait impliquée là où elle ne le devrait pas, il est clair que cela incombait aux politiques et nullement aux militaires ! C’est la règle du jeu et c’est ainsi que cela continue et se perpétue d’ailleurs. Que chaque partie, donc, assume ses responsabilités et ne pas tout mettre, quand il y a des défaillances, sur le dos de cette muette et s’attribuer les réussites !
Vous convenez bien M. le Chef du Gouvernement, que les accomplissements et le comportement très digne de l’Armée Nationale depuis 2011, et je vous laisse le soin de les apprécier à leur juste valeur, ne peuvent pas être le fruit de l’action des gouvernements qui se sont succédés depuis lors, ni de l’actuel d’ailleurs. Au contraire, c’est bien le résultat des choix, des efforts et des sacrifices de très nombreux braves soldats durant de très longues années, efforts relayés entre des générations.
Certes, l’Armée Nationale n’est pas au-dessus des critiques, mais on n’a pas le droit de bafouer son honneur et celui de ses martyrs par une hâtive déclaration de circonstance.
M. le Chef du Gouvernement, j’aurais préféré vous écrire pour vous exprimer, en tant que simple citoyen, tout mon soutien personnel à cette guerre contre la corruption, malheureusement cette déclaration a chamboulé l’ordre de mes priorités, c’est une question d’honneur de soldat. Une question qui dépasse ma très modeste personne, et qui, je suis presque certain, touche l’honneur et la dignité des centaines de milliers de soldats qui ont servi ce pays sous les couleurs nationales et des centaines qui se sont tout simplement sacrifiés, au vrai sens du terme, pour cette patrie.
Encore une fois, M. le Chef du Gouvernement, l’Armée de la Tunisie indépendante, malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, n’a jamais été "une armée pour défiler le 20 mars seulement". C’est vrai, elle était et elle est toujours une Armée un peu trop réservée, peu connue et négligée par l’élite de cette nation. A cette élite, je ne peux pas, ne pas lui rappeler à cette occasion, qu’elle est bien redevable à ce pays entre autres d’une année de Service National, devoir constitutionnel "sacré" stipule la Constitution du 27 janvier 2014 (Art. 9), d’ailleurs celle de 1959 aussi (Art. 15).
Quand on est patriote et à fortiori quand on assume de hautes responsabilités, ses déclarations comptent beaucoup et doivent être bien pesées !
Avec tous mes respects, M. le Chef du Gouvernement.
Que Dieu garde la Tunisie.
Gl (r) Mohamed Meddeb
Armée Nationale
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Mon Général Frère d'arme , bien que je n'ai pas lu la déclaration en question ,j'étais très désagréablent surpris et étonné d'une telle déclaration .Elle est choquante et démoralisante .De ce fait je partage pleinement votre réaction qui m'a en quelques sortes soulagé mais je reste perplexe et figé en mettant en question le sacrifice de quarante et un ans de sacrifice
Mon general je pense que notre honorable chef du gouvernement n'a pas fait le service militaire. Il n'est jamais tard s'il veut se rattraper. Notre armée est une école de patriotisme et de sacrifices.
Bravo Mr. Mohamed Meddeb C'est malheureusement ce qui arrive quand on met des gens sans expérience ni coffre.
Mon Général. Merci pour votre article qui honore l'armée nationale. Cependant, j'ai plusieurs réserves. La première concerne le rôle de l'armée sur les monts Chaambi, Scemmama et Mghila. Le Mont Chaambi par exemple, fait 1km de large sur 25 de long, une surface qui pourrait être ratissée par quelques centaines d'hommes en quelques jours. Or à quoi a-t-on assisté pendant des années? A des bombardements, quelques incursions catastrophiques ayant entraîné la mort de dizaines de pauvres soldats inexpérimentés, avec, à la clé, la présence toujours avérée des terroristes. Pourquoi envoyer là bas de simples appelés qui n'ont aucune expérience pour faire face à des terroristes entraînés et déterminés? Pourquoi ne pas avoir envoyé, après plusieurs opérations de renseignements humains et électronique (par satellite et par drones), des unités spéciales comme celle du GFS? Qu'une armée nationale comptant 40 000 hommes, 3 corps complets, et des officiers supérieurs formés dans les meilleures écoles militaires du monde ne soit pas arrivée à maîtriser une montagne, ça me dépasse et m'oblige à penser que ce qu'a dit M. lle Chef du Gouvernement n'est pas si loin de la vérité que vous ne l'affirmez. Mon message n'a rien d'un message critique envers votre texte, ni de soutien à la phrase du chef du gouvernement, mais de grâce, expliquez moi comment notre armée nationale peut échouer aussi lamentablement sur des surfaces aussi limitée quand son rôle est de défendre tout le territoire. Respectueusement, Abdelaziz Belkhodja
A Si Abdelaziz Belkhodja ; - l'Armée tunisienne, comme toutes les armées du monde a des points forts et des faiblesses; réussit plus ou moins bien dans ses entreprises et cela dépend d'une multitudes de facteurs; - l'efficacité de l'Armée dans ses premières opérations contre les terroristes est certainement discutable, mais ne permet en aucun cas de qualifier cette Armée, d'armée de Par... et surtout pas par un tunisien, homme de culture ou en poste de très haute responsabilité!!! Et puis le citoyen tunisien n'a pas à critiquer son armée quand il a tout fait pour fuir son service national, car il aurait du contribuer à la réformer de l'intérieur et non comme observateur étranger! Cela mérite bien une longue discussion; j'y suis prêt et vous??