Lassaad Zarrouk: Le contrat-programme du secteur des assurances sera crucial
«Un intérêt plus accru pour le secteur des assurances et une impulsion rapide du contrat-programme par les autorités publiques devraient permettre la mise en place d’un ensemble de recommandations stratégiques et opérationnelles cruciales». C’est ce qu’affirme à Leaders Lassaad Zarrouk, P.D.G. de la Star et président de la Fédération tunisienne des sociétés d’assurances (Ftusa). Il souligne qu’une dynamique de modernisation a été engagée et que le rôle d’épargnant institutionnel est de plus en plus confirmé. Tout comme la capacité de compléter, dans les meilleures conditions, l’œuvre des régimes légaux en matière de retraite et de prévoyance. Le rendez-vous de Carthage qui vient de se tenir avec la participation de plus de 500 professionnels de nombreux pays a permis de proposer un scénario de système tunisien adapté à notre contexte et axé plutôt sur la prévention. Interview.
Quels sont les grands nouveaux défis qui se posent au secteur des assurances dans la région et en Tunisie?
Le plus grand défi est celui de permettre à ce secteur de jouer pleinement son rôle dans la protection du patrimoine économique et social. Aborder la problématique du développement de l’assurance en Tunisie dépasse de loin le cadre microéconomique d’une branche ou d’entreprises d’assurances, pour poser la question de l’intérêt de promouvoir l’épargne longue sur le double aspect économique et social et même au-delà pour concerner le modèle de développement de la nouvelle Tunisie.
Les défis économiques et sociaux auxquels doit faire face notre pays font en sorte que l’épargne nationale devrait constituer un levier essentiel de croissance d’une économie en développement comme celle de la Tunisie. La promotion de cette épargne longue devient l’un des enjeux majeurs de la prochaine étape.
Sa mobilisation et son allocation vers les investissements productifs, donc vers les entreprises économiques, requièrent deux qualités fondamentales: la disponibilité et la stabilité.
Ce sont, en effet, les principales caractéristiques de l’épargne longue, communément appelée «l’épargne vertueuse».
Tout dépendra alors de la capacité des différents agents économiques et partenaires sociaux à se mobiliser pour réussir le défi d’endogénéiser les facteurs d’une croissance durable et saine. Notre métier est d’assurer les personnes et les patrimoines économiques, de vendre la sécurité et par conséquent de libérer les initiatives d’entreprendre. En jouant convenablement ce rôle nécessaire pour la société et pour les agents économiques, et par l’inversion de notre cycle de production, on mobilise l’épargne et cela nous confie le rôle d’épargnants institutionnels par excellence.
L’émergence du secteur des assurances en tant qu’épargnant institutionnel est important à plus d’un titre : une plus grande mobilisation de l’épargne à travers les provisions techniques (et particulièrement celles provenant des produits d’assurance vie) constituées favorisera un financement plus stable de l’économie par le biais des placements en représentation desdites provisions. Ensuite, il permettra au secteur des assurances de se présenter comme un pôle capable de compléter, dans les meilleures conditions, l’œuvre des régimes légaux en matière de retraite et de prévoyance.
Les assureurs tunisiens ont amorcé depuis quelques années une dynamique de modernisation dans l’objectif de remettre le client au centre de nos préoccupations, ce qui nécessite de lourds investissements en termes de systèmes d’information performants, d’innovation, d’amélioration de la qualité de nos prestations et de communication multiforme et multisupport. Les prémices de ce changement sont déjà palpables même si le chemin est encore long pour gagner la confiance de notre clientèle et changer le regard des Tunisiens sur l’assurance.
C’est l’occasion pour renouveler, au nom de la profession, notre engagement pour persévérer dans cette voie et servir au mieux les particuliers, les ménages, les entreprises et assumer le rôle d’épargnant institutionnel hautement important pour notre économie.
Où en est le contrat-programme du secteur?
Le développement d’un secteur aussi important restera tributaire d’une vision globale et multidimensionnelle. Elle doit inclure plusieurs acteurs et agents économiques et sociaux, à savoir l’Etat, les banques, les composantes du marché financier, les organisations professionnelles. C’est à ce niveau que s’inscrit le projet de contrat-programme commandité par notre autorité de régulation et la profession.
Ce projet a proposé une feuille de route perfectible à même de consolider la dynamique vertueuse recherchée et devant permettre au secteur des assurances de se hisser à un autre palier et de répondre aux différentes attentes. Sa mise en œuvre progressive, fondée sur une démarche consensuelle et participative, constitue un gage de réussite et d’adhésion à cette vision ambitieuse.
Nous sommes convaincus qu’un intérêt plus accru pour notre secteur et une impulsion rapide de ce contrat-programme par les autorités publique, devraient permettre la mise en place d’un ensemble de recommandations stratégiques et opérationnelles sur le court et le moyen terme.
Comment le RDV de Carthage y a été utile?
Ce rendez-vous bisannuel, qui vient de se dérouler du 26 au 28 mars dernier et a regroupé plus de 500 participants venant de toutes les régions du monde, s’est attelé à aborder un sujet de haute importance, pas uniquement pour le secteur des assurances, mais également pour le pays tout entier. Le thème choisi pour ce RDV a en effet été «le rôle du secteur des assurances dans la couverture des risques de catastrophes naturelles et des événements climatiques». Un sujet d’actualité au vu des changements majeurs que connaît le climat mondial et de leurs impacts socioéconomiques dévastateurs. Le rapport de la Banque mondiale et du Pnud de janvier 2014 pour la région Mena est la parfaite illustration de l’acuité de cette problématique sur les modèles de développement des pays concernés dans les années à venir.
Un échange entre des experts de renommée internationale nous a permis de proposer un scénario de système tunisien adapté à notre contexte et axé plutôt sur la prévention. Le gouvernement, les organisations professionnelles et le secteur des assurances et autres institutions financières disposeront ainsi d’une approche intégrée et proactive pour la gestion et la réduction des risques de catastrophes naturelles (inondations, sécheresse, tempêtes...) à mettre en place dans les meilleurs délais.
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