Après les résultats à l'épreuve de français au bac : quel avenir pour cette langue en Tunisie ?
7 mille candidats au baccalauréat ont eu un zéro à l’épreuve de français. Cela ne doit pas nous surprendre, car depuis l’arabisation de l’enseignement instituée dans les années 80, cette langue n’a cessé de reculer en Tunisie et même dans les autres pays maghrébins. Il s'agit certainement d'une tendance lourde, irréversible au profit de l’arabe, ce qui est logique, mais aussi de la langue anglaise qui s’impose de plus en plus comme langue internationale. Qui faut-il incriminer ? Les enseignants ? les élèves qui s'éloignent de plus en plus de cette langue qu'ils trouvent compliquée et au surplus parlée uniquement en France. S'il nous faut une ouverture sur le monde, autant choisir une baie vitrée plutôt qu'une lucarne semblent-ils dire. Une petite consolation pour les francophiles, le français conserve pour le moment son statut de langue véhiculaire, s'agissant de l'enseignement des matières scientifiques.
Bien qu'il ait perdu du terrain dans l'enseignement, le français est, paradoxalement, omniprésent dans les rues à travers les panneaux publicitaires. Pour des raisons qui tiennent probablement à la formation des annonceurs, ces derniers préfèrent s'adresser aux Tunisiens dans une langue qu'ils comprennent de moins en moins, au mépris de la loi et du bon sens. Le dialecte tunisien n’a jamais compté autant de termes français, à l'instar du dialecte algérien. On se pique de ponctuer ses phrases de mots français, même s'ils ne sont pas souvent utilisés à bon escient, rien que pour impressionner son interlocuteur, car cette langue est devenue le symbole d'appartenance à une classe cultivée, comme le latin au Haut Moyen-Age. Le résultat: un sabir incompréhensible, des résultats catastrophiques à l'épreuve de français, des...feuilletons inexportables et surtout un isolement croîssant de notre pays par rapport à son environnement.
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Que l'arabe soit la langue officielle de l'état tunisien, c'est ce qui est inscrit dans la constitution. Mais de quelle langue s'agit il? De l'arabe littéraire apanage d'une certaine classe, de l'arabe dialectal, de l'arabe tunisien? Comment arriver à enrichir cette langue avec la multitude de termes nouveaux qui enrichissent les dictionnaires des autres langues? Par l'apport d'une 2ème langue certainement. Laquelle? Le français a longtemps assuré ce rôle et je crois qu'il peut continuer à le faire . Pourquoi? Nous avons une histoire commune avec la France depuis Henti IV, faite de haut et de bas (la France a été puissance colonisatrice), on connait tout ça. Mais que constate t'on en 2016? La France est notre 1er partenaire économique tant pour les exportations que pour les importations et par conséquent une porte d'entrée vers le marché européen; l'Afrique francophone, le Canada, la Suisse, la Roumanie constituent un espace intéressant pour le investisseurs tunisiens; enfin près d'un million de tunisiens vivent en France dont une bonne partie possèdent la citoyenneté française. Autant d'éléments à prendre en considération avant de jeter la langue française aux oubliettes et considérer ses défenseurs comme des nostalgiques d'une époque révolue. On ne va pas changer un impérialisme par un autre! La langue anglaise occupe un place importante du fait de sa large diffusion au sein de certains milieux (scientifique, financiers essentiellement). Mais combien de médecins tunisiens, hors universitaires, et encore, , maitrisent parfaitement la langue anglaise. Dans les milieux financiers , le rôle de la langue anglaise est primordial, mais combien de tunisiens gravitent autour des hautes sphères de la finance internationale. Je pense qu'il y a une place pour l'apprentissage de 2 langues étrangères en Tunisie et des générations de Tunisiens l'ont prouvé par le passé et je le constate encore autour de moi.. Je crains que les 7000 candidats qui ont eu des zéros en français aient obtenu des notes brillantes en arabe et en anglais. Bonne journée et merci pour vos contributions futures.
Chers amis de Leaders, votre hargne anti française vous fait commettre des erreurs ; sachez chers amis que le français n'est pas uniquement parlé en France mais aussi dans de nombreux pays d'Afrique qui n'ont pas l'air de s'en plaindre.....
Pour être ouvert sur le monde il faut comprendre les autres. Et pour comprendre les autres il faut se donner les moyens. Un des moyens est de parler la même langue. Comment pouvoir accueillir des touristes chez nous sans parler correctement leur langue? comment pratiquer les échanges culturels sans se comprendre? comment élargir ses possibilités de trouver du travail sans parler d'autres langues? Apprendre d'autres langues est une richesse inouïe et ça vous ouvre beaucoup de portes pour vous épanouir dans votre vie, autant professionnelle que culturelle. Les pays industrialisés l'ont compris et se sont investis dans cette direction en encourageant l'apprentissage des langues étrangères. Quel bonheur de participer à une discussion de groupe en étant capable de se comprendre malgré la diversité des origines et surtout la fierté de s'exprimer avec justesse. Mon grand père parlait français et il était très fier de le faire savoir parce que c'était un plus et cela ne l'a pas empêché de rester Tunisien!!! La Tunisie a tout à perdre en négligeant l'enseignement des langues étrangères comme avant 1980.