News - 19.06.2015
Décès : Abdallah Zouari, le militant d’Ennahdha, resté toujours militant
Abdallah Zouari qui vient de nous quitter suite à un accident de voiture survenu mercredi soir sur l’autoroute Sousse –Tunis, fait partie, par son endurance sous la torture et l’isolement en prison, des figures légendaires du mouvement Ennahdha. Ce soir-là, Abdallah Zouari rentrait de Sousse avec l’ancien magistrat et figure de proue du MTI Salah Ben Abdallah, où ils étaient partis rencontrer Hamadi Jebali. Jusqu’à tard dans la soirée, ils avaient longuement discuté avec lui de la situation du parti et des enjeux qui se posent au pays et, surtout, évoqué son retour au sein d’Ennahdha.
Près du péage d’Hergla, la voiture de Zouari percutera des débris de chantier. L’accident est tragique. Si Ben Abdallah s’en sortira miraculeusement, Zouari décèdera sur le champ. Ses compagnons de lutte lui rendront au siège d’Ennahdha un vibrant hommage ponctué par une oraison funèbre émouvante prononcée par Abdelfettah Mourou. Ses funérailles à Zarzis, seront-elles aussi des moments chargés d'émotions.
Jeune instituteur affecté au Kef, à l’opposé de sa ville d’origine Zarzis et de s ville natale, Touza au Sahel, il se fera rapidement de nombreux amis, rejoindra le Mouvement de la Tendance Islamique (MTI) et en deviendra le représentant dans la région. Il ne faisait alors qu’inaugurer un long voyage à travers les sinistres geôles de la DST et celles de Bordj Erroumi et autres prisons.
Au total, il purgera 11 ans de prison (dont 9 en isolement absolu) et 7 ans de résidence surveillée à Zarzis. En irréductible. Le récit de ses années de braise et le témoignage de ses codétenus inscrivent de sombres pages de traitements inhumains subis. L’un des plus marquants est celui de lui enduire le corps d’eau et de sucre et de le livrer seul, le corps nu, aux insectes, au fond d’une geôle la prison de Jerboub, en plein désert, sous une chaleur suffocante. Abdellah Zouari fera toujours montre d’une rare capacité d’endurance et ne se lassera guère de revendiquer pour tous ses codétenus, le respect des droits humains. Les rares moments de répit dont il bénéficia, il les consacrera à la traduction du livre du Mahatma Gandhi prônant la non-violence.
Un militant de sa trempe était promis à de hautes charges au sein d’Ennahdha après la révolution, voire même faire partie du gouvernement Jebali ou celui de Laarayedh. Zouari, très centriste dans ses positions, comme le souligne son condisciple, Kamel Ben Younès, il n'occupera que dans des fonctions de deuxième ligne. Il sera chargé, un moment, de la direction du bureau de communication, mais, c’est surtout la direction de l’hebdomadaire Al-Fajr, organe du mouvement, qui lui sera confiée. Inlassable, il s’emploiera à tenir le cap, dans ce tumulte d’expressions multiples.
« Patron de presse » à sa manière militante, Abdallah Zouari rejoindra la fédération des directeurs de journaux dont il deviendra trésorier et nouera alors des rapports cordiaux avec tous ses pairs. Sa grande qualité était en effet ce contact fluide et chaleureux, ce grand sens de la conciliation et du rapprochement, tant entre les personnes qu'entre les positions. D'ailleurs, le soir de son décès, il s'y exerçait.
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