News - 09.12.2014

Marzouki deviendra-t-il un personnage incontournable de la scène politique?

Avec ses 1,1 million d’électeurs au premier tour de l’élection présidentielle, un «phénomène qui s’appelle Mohamed Moncef Marzouki est en train d’émerger et il sera incontournable». Les paroles sont du directeur de campagne du candidat-président, Adnène Mansar,  mais le sentiment est partagé par beaucoup dans son camp et ailleurs. Vainqueur au second tour  ou vaincu, le président provisoire s’il arrive à rassembler autant de monde sinon plus, ce qui était inespéré pour lui,  deviendra dans les faits un personnage-clé de la 2e République tunisienne. Dans un cas comme dans l’autre,  il sera le leader de l’opposition à Nidaa Tounés et à son chef Béji Caïd Essebsi. C’est lui qui représentera l’autre versant de la bipolarisation de la scène politique.

En lui prêtant les voix de ses électeurs, ce qui est maintenant avéré et que les dirigeants du parti islamiste reconnaissent,  Ennahdha a-t-il conscience qu’il est en voie de  créer le «monstre» qui se retournerait  contre lui. Les discussions fort animées du Majlis Choura, la plus haute instance entre deux congrès ont certainement porté sur cette question qui doit tarauder plein de cadres du mouvement islamiste. Ceux-là savent que le personnage est capable de tout. Après avoir fait les yeux doux au «peuple d’Ennahdha», selon ses termes ce qui a été passablement apprécié par la direction de ce parti, Marzouki est capable de «phagocyter» les cadres nahdhaouis en recourant à la surenchère lui qui se veut le porteur de la révolution  par opposition à la « contre-révolution» et le «défenseur des libertés et des droits de l’Homme» contre les représentants de la «dictature et de l’ancien régime».

Pour sortir de ce dilemme, Ennahdha n’a de choix que de proclamer sa totale neutralité entre les deux candidats au second tour. Le communiqué de la réunion de Majlis Choura convoqué en fin de semaine à cette fin le laisse entendre même si la porte reste ouverte à une position plus précise au cours des prochains jours. Mais il semble peu probable que la direction du parti islamiste appelle à voter pour l’un ou l’autre des deux candidats.
Après le geste de Nidaa Tounés qui a permis de hisser le représentant d’Ennahdha à la première vice présidence de l’Assemblée des Représentants du Peuple, le parti de Rached Ghannouchi attend d’autres pas positifs de Béji Caïd Essebsi, notamment  un discours plus favorable à l’unité nationale d’où il n’est pas exclu, pour qu’il aille au-delà de la neutralité vers des instructions claires en vue de la mettre effectivement  en pratique.
Il est clair pour beaucoup que si Ennahdha décide de lever l’équivoque du vote favorable à Moncef Marzouki tout en proclamant sa neutralité dans le discours, le président-candidat retrouvera son poids réel sur la scène politique soit l’électorat du CpR son parti d’origine et des partis «courant démocratique» de Mohamed Abbou et «Wafa» de Abderraouf Ayadi issus tous les deux du premier, soit pas plus de 200.000 suffrages. Ennahdha en tant que grand parti politique candidat à l’alternance aux échéances fixées a lui aussi grand besoin d’une telle clarification. C’est aussi son intérêt.

R.B.R.

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2 Commentaires
Les Commentaires
Mansour Lahyani - 09-12-2014 17:31

Mais non, ne soyez pas pessimiste à ce point ! Le peuple tunisien lui aura à peine adressé un congé, avec prière d'aller se faire voir ailleurs, au Qatar, par exemple, où on est friand de ses vertus... Nous n'aurons, bien heureusement, que de mauvais souvenirs à partager avec cet énergumène tombé dana la marmite de potion magique par la volonté de quelques djinns ! Adieuuuu...

A.Gaaya - 10-12-2014 10:30

Je ne pense pas que le Président sortant puisse "faire le poids" et faire basculer l'électorat en sa faveur. En effet, son mandat (très)mitigé pour les uns, voire "catastrophique" pour les autres, ajouté au fait qu'il "flirte" avec Ennahdha et son aile la plus radicale (y compris les "Ansars"), éloigne de lui bon nombre d'électeurs démocrates, même ceux qui sont "hostiles" au retour des RCDistes! Voyez les hésitations de "Jabha Chaabia". Ne dit on pas "entre 2 maux, on choisit le moindre"? Peut être que beaucoup ne choisiront ni l'un, ni l'autre, même si le "Bulletin Blanc" n'est pas comptabilisé en Tunisie...

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