Tara en Tunisie et dans les océans: 150.000 km et trois ans d'explorations
Un mélange d'étonnement et d'incrédulité: c'est la première impression qu'on ressent à la vue de cette goélette accostée à l'un des quais du port de Bizerte. Car le bâteau qui a entamé depuis un mois et demi une expédition océanographique internationale de trois ans, qualifiée par ses organisateurs de "révolutionnaire", et incluant la Tunisie, ne paie vraiment pas de mine avec ses 36 mètres de long, ses 10 mètres de large et sa coque grise émergeant à peine de l'eau.Comment vont-ils y parvenir ? La question brûle les lèvres de la quinzaine de journalistes et scientifiques invités à discuter avec l'équipe de l'expédition.
Evidemment, personne ne se risque à la poser pour ne pas véxer nos hôtes. Nous sommes conviés à monter à bord, puis à descendre dans la cabine qui se trouve dans la cale du bâteau. Un espace d'une dizaine de mètres carrés équipé de banquettes et qu'éclaire une lumière tamisée.
Un confort spartiate qui confirme nos premières impressions. Le débat s'engage aussitôt : les buts de l'expédition, les moyens engagés. Le bâteau en est à sa sixième escale. Le capitaine, Hervé Bourmand, 36 ans dont 11 en tant que patron de pêche, le teint halé d'un loup de mer, devine notre étonnement. Il prend les devants: " ne vous fiez pas aux apparences ". Les dimensions du bateau sont un atout plus qu'un handicap". Il est plus maniable. Ce qui est important dans ce genre d'expédition. Il est vrai qu'en cas de houle, la navigation devient très physique. En tout cas, le bateau subi des travaux à Lorient pendant un an.
Il s'agissait de l'adapter aux grandes expéditions, le rendre vivable sous des températures élevées S’agissant des équipements, nous avons installé un laboratoire sec avec des appareils pour enregistrer les données sur le plancton, un laboratoire humide pour le prélèvement et la filtration des échantillons, un frigo à moins de 80 degrés pour la conservation des échantillons et une salle de montage." Voilà qui doit rassurer les plus sceptiques.
Il faut dire que les scènes de la traversée agitée entre la Corse et la Tunisie que les téléspectateurs ont pu suivre vendredi grâce aux caméras de Talassa, est édifiante quant à la solidité du Tara et la la dextérité de son équipage. Tara a de fortes chances de boucler les 150.000 km de cette expédition. Une expédition qui renoue aux dires des organisateurs "avec l'esprit pionnier des grandes explorations qui ont permis à Darwin de rédiger son maître livre: De l'origine des espèces".
De quoi s'agit-il en fait? Selon le directeur des recherches, Christian Saudet, Tara explorera toutes les mers du globe et notamment les zones de haute importance écologique, les écosystèmes et les phénomènes singuliers, où la vie a démontré parfois des signes d’adaptation inattendus aux dérèglements environnementaux. Les récifs coralliens, fragiles et menacés, feront l’objet d’une attention particulière. En tout, il y aura 12 domaines de recherche. Toutes les données recueillies seront mises à la disposition des chercheurs. Une banque d’archives unique composées d’organismes et de cellules conservées et classifiées.
Ce programme auquel prendront part 200 chercheurs viendra compléter les différentes initiatives entreprises sur l'étude de la biodiversité marine. Il permettra également de mieux comprendre l'organisation spatiale des écosystèmes planctoniques et d'appréhender leurs au réaction aux variations atmosphériques. A noter qu'une telle étude globale de l'environnement marin avec les moyens existants aujourd'hui n'a jamais été réalisée n'a jamais été réalisée.
En parallèle, un programme de sensibilisation a été mis au point: il comportera la diffusion de programmes tv, des expositions ainsi que des actions d’animation scolaires et extrascolaires.
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